« Des milliers de patients ont désespérément besoin de sang dans les hôpitaux du pays », a dit Ahmed Abbas à IRIN.
A quelques kilomètres, Amira Mohamed, âgée de 10 ans, se trouve à l’hôpital pour enfants d’Abulreesh, souffrant de bêta-thalassémie, une maladie génétique du sang qui réduit la production d’hémoglobines. Sa survie dépend de transfusions sanguines mensuelles, qui sont coûteuses et de plus en plus difficiles à trouver.
Huda Shoeb, sa mère, paie de 100 à 700 livres égyptiennes (18 à 127 dollars) chaque mois pour lui acheter une poche de sang. « On ne peut rien faire d’autre », dit-elle. « C’était un peu plus facile de trouver du sang avant, mais maintenant les choses sont difficiles. Vous devez beaucoup payer pour ça ».
Alors que la population égyptienne a dépassé 80 millions de personnes en 2010, le nombre de donneurs de sang a brutalement baissé durant ces dernières années, menaçant, selon des experts de la santé, la vie de centaines de milliers de patients.
« Le problème est que l’approvisionnement a baissé, mais la demande n’a pas baissé de la même façon », a dit Fatem Muftah, directeur du Centre national des transfusions, qui gère un réseau de 24 centres similaires dans le pays. « Une chute dans l’approvisionnement nuira finalement aux patients, partout ».
Pénurie
Chaque jour, les centres envoient 70 minibus entièrement équipés pour les dons du sang, mais ils reviennent avec une moyenne collective de 2 000 unités de sang (soit 900 litres), 30 pour cent de moins que ce dont les hôpitaux du pays ont besoin. S’ils pouvaient faire monter la collecte à 3 000 unités de sang par jour, ce qui équivaudrait à 1,1 million d’unités par an, la demande serait satisfaite, selon M. Muftah.
« Une grande partie de la population a arrêté de donner du sang depuis longtemps », a dit M. Muftah. « Ils pensent qu’ils seront blessés s’ils donnent leur sang ».
Des experts médicaux disent qu’il y a différentes raisons derrière cette baisse, y compris la malnutrition, qui est devenue fréquente en Egypte.
« La malnutrition est une réalité indéniable », a dit Nelly Sedki, une spécialiste du sang. « Comment une personne sous-alimentée peut-elle donner du sang ? »
Un rapport du ministère de la Santé et du Programme des Nations Unies pour le développement de 2009 a dit que presque un tiers des enfants égyptiens étaient sous-alimentés. Un autre rapport dit que 23 pour cent des Egyptiens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Les dons du sang ont commencé à attirer l’attention du public en 2007 quand une entreprise locale a été accusée de fournir du sang défectueux. Une cour criminelle du Caire rendra son verdict le 17 juillet pour clore le dossier, mais à la suite de cela, de nombreux Egyptiens de la rue n’ont plus voulu donner leur sang.
Hépatite C
Cela a rendu la vie d’Amira difficile, et chaque mois sa mère doit passer plusieurs coups de téléphone pour trouver le sang dont sa fille a besoin.
Selon les experts, la situation à laquelle font face les 150 000 patients atteints d’hépatite C ayant besoin de transfusions régulières est encore pire. Presque 10 pour cent de la population est infectée par le virus de l’hépatite C, selon le ministère de la Santé.
« Environ deux pour cent de ces gens ont besoin de transfusions sanguines sur une base régulière », a dit Wahid Doss, directeur de l’Institut des maladies hépatiques. « Ces gens souffrent énormément à cause de l’insuffisance de dons du sang ».
Le déficit et une interdiction des importations ont conduit à une augmentation sans précédent du prix du sang. Les hôpitaux font parfois pression sur les parents de patients pour donner du sang s’ils ont le même groupe sanguin.
ae/ed/mw/sk/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions