Les affaires ont ralenti dans le plus grand marché de la capitale, Lomé, après que les commerçants, anxieux, ont fermé leurs étals. « J’attends de voir comment sera le pays après l’annonce des résultats avant de reprendre mon travail au marché », a dit à IRIN M. Da Vivi, poissonnier. « Depuis vendredi [5 mars], je ne suis pas allé au marché, car je ne sais pas ce qui va se passer. Ma vie est plus importante que l’argent ».
Les salles de classe étaient moins remplies que d’habitude au lendemain des élections. « Je n’ai pas laissé mon fils de six ans aller à l’école hier [le 5 mars], car j’ai peur qu’il y ait des affrontements après l’annonce des résultats », a dit une habitante à IRIN, en ne donnant que son nom de famille, Akakpo.
Ma vie est plus importante que l'argent |
Le 5 mars, le président de la commission a dit à IRIN que la commission ne révèlerait les résultats qu’une fois que toutes les voix auront été comptées afin de minimiser les risques de violence.
Le premier candidat de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, a dit à IRIN que son parti, l’Union des forces de changement, allait demander à ses sympathisants de s’opposer violemment à toute revendication de victoire de la part du parti sortant, le Rassemblement du peuple togolais. « Nous allons lancer la mobilisation populaire jusqu’à ce que notre victoire nous soit rendue ». Bien que le comptage ait été réalisé publiquement, cela n’a pas empêché l’opposition de proférer des accusations de fraude. «Ils [le parti sortant] veulent détourner les vrais résultats pour fabriquer de faux résultats. Et nous n’allons pas l’accepter », a dit M. Fabre à IRIN.
Le parti sortant a rejeté les allégations de fraude en les qualifiant de « l’annonce des résultats fantaisistes dans la perspective de préparer les esprits à la violence » dans le cadre de cette élection qui est la plus serrée depuis que le Togo a commencé à tenir des élections multipartites, en 1993. Plus de 3 000 observateurs électoraux nationaux et internationaux étaient présents dans près de 6 000 bureaux de vote.
Un groupe de jeunes nouvellement créé – le Mouvement citoyen pour l’Alternance – qui affirme être fort de centaines de membres formés à la « surveillance démocratique » est prêt à descendre dans les rues, selon un des ses chefs de file, Guillaume Messan. « Peuple togolais, si tu aimes vraiment ton pays et est prêt à mourir pour lui, sache que l’heure a sonné pour la bataille en vue de la libération de ton pays», a-t-il dit à IRIN, le 6 mars.
Sodokin Koffi, professeur de politique et sécurité à l’université de Lomé, a expliqué à IRIN comment les réponses des forces armées à ces menaces et à tout soulèvement éventuel allaient déterminer si des vies seraient perdues. «Les forces de sécurité ont eu des formations avant ces élections [pour mettre fins aux violences] et j’espère que s’ils utilisent les moyens conventionnels que nous voyons ailleurs pour disperser les foules, le pire ne peut pas arriver ».
Des travailleurs humanitaires ont été formés pour faire face à toutes les réactions possibles aux élections, a dit à IRIN le directeur des services de secours de la Croix-Rouge togolaise, Amah Victor Sodogas. « Nous avons effectué des exercices de simulation en janvier et nous sommes restés en état d’alerte. Étant donné les tensions, tout peut arriver et nous sommes prêts ».
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