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Des soins gratuits pour les femmes enceintes – est-ce suffisant ?

Female patients in ward in a hospital in Freetown, capital city of Sierra Leone. February 2008. Due to poor health facilities in Sierra Leone more than 1 in 4 women die during child birth. Manoocher Deghati/IRIN
Le gouvernement de la Sierra Leone a annoncé qu’à partir de l’anniversaire de l’indépendance (le 27 avril), il allait supprimer les frais d’utilisation pour les femmes enceintes, les mères qui allaitent et les enfants de moins de cinq ans. Mais cela suffira-t-il à améliorer leur sort ?

IRIN s’intéresse à la Sierra Leone pour le troisième volet de sa série d’articles sur la santé maternelle et infantile.

La Sierra Leone enregistre le taux de mortalité maternelle le plus élevé du monde. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), 1 800 femmes décèdent pour 100 000 naissances d’enfants vivants.

C. T. H. Bell, gynécologue à l’hôpital privé New Life de la capitale sierra-léonaise, Freetown, a dit que la rapidité de la prise de décision au domicile, une bonne infrastructure de transports et un traitement rapide lors de l’arrivée au centre de santé étaient plus importants que la gratuité des soins.

Il a suggéré que le développement de soins de santé gratuits nécessitait plus de préparation et ne devrait pas être considéré comme une panacée. « Avons-nous mis de l’ordre dans la maison avant d’accueillir les invités ? Les femmes vont aller chercher des traitements gratuits, mais où ? Vous invitez les gens chez vous, mais avez-vous les médicaments nécessaires ? Disposez-vous des solutions intraveineuses dont vous avez besoin ? Disposez-vous de sang ? Votre personnel est-il motivé » ?

Supprimer les frais d’utilisation ne va pas résoudre le problème de l’attente avant l’accès aux soins maternels, dont les délais mettent en danger la vie des patientes – même dans leur propre communauté, a-t-il dit.

« Parfois, le mari – qui doit prendre la décision – n’est pas là. Ou peut-être que la mère va dire : “non, attendons”. Ou peut-être qu’il y a une vieille femme dans la communauté qui va dire : “attendez, attendez, attendez” – jusqu’à ce qu’il soit trop tard », a dit M. Bell à IRIN.

Monir Islam, responsable du programme « Pour une grossesse à moindre risque » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a dit à IRIN qu’à cause du mauvais état des routes et du manque d’ambulances il était difficile pour les habitants de zones rurales d’aller en ville pour des soins d’urgence. « La gratuité des soins ne veut pas dire grand-chose. Si les femmes ne peuvent pas atteindre les centres de santé, à quoi sert la gratuité des soins » ?

Les embouteillages ralentissent encore plus ceux qui essayent de se rendre à l’unique hôpital de la Sierra Leone prenant en charge les urgences obstétricales et gynécologiques, à l’est de Freetown, a dit M. Bell. « Si quelqu’un a une urgence dans l’ouest, cette personne doit traverser la ville pour se rendre à l’est. Lorsque cette personne arrive à l’hôpital, [la femme ou le bébé] peuvent être morts ».

Traitement rapide

Selon M. Bell, il y a souvent des délais d’attente dans les cliniques. « La patiente [...] arrive à la clinique – pas de docteur, pas d’infirmière, pas de médicaments, pas de sang et la patiente doit attendre qu’un médecin soit appelé ».

Il a dit que les fonctionnaires mal payés – le salaire mensuel moyen d’un médecin est d’environ 100 dollars, alors qu’un sac de riz de 50 kg coûte 34 dollars – sont épuisés, car ils multiplient les emplois pour survivre.

Selon le ministère de la Santé, en juin 2008, plus de la moitié des établissements de santé du pays étaient gérés par des organisations non gouvernementales (ONG). Il y a presque autant de médecins étrangers employés par des ONG (50) que de médecins locaux (60). D’après le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), les infirmiers diplômés ne trouvent que des emplois temporaires, lorsque quelqu’un démissionne ou décède. Nombre d’entre eux émigrent à l’étranger pour chercher de meilleurs emplois.

Le manque de fonctionnaires de santé qualifiés constitue trop souvent une excuse mise en avant par les gouvernements pour retarder l’amélioration des soins de santé maternelle, a dit M. Islam, de l’OMS, à IRIN.

Outre la formation de davantage de professionnels de la santé, les gouvernements devraient fournir au personnel déjà en place les équipements et l’énergie nécessaires pour qu’ils puissent faire leur travail, a-t-il dit. « Si une femme arrive à atteindre la clinique, est-ce qu’il y aura des sages-femmes qualifiées et un générateur d’électricité » ?

« À moins d’une réforme et d’une amélioration globales des soins de santé maternelle, les personnes pauvres vont continuer à n’avoir que des options insuffisantes, qu’il y ait ou non des droits d’utilisation ».

Selon l’OMS, la gratuité des soins ne va pas avoir beaucoup d’effets sur l’amélioration de la sécurité des grossesses à moins que les centres de soins ne soient mieux équipés pour prendre en charge les femmes enceintes.

pt/np/cb/gd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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