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Un retour difficile pour ceux qui avaient fui le Kivu

A student pokes his head through a hole in the tarpoline that acts as a wall of his classroom in an IDP camp in Minova, DRC Aubrey Graham/IRIN
A student pokes his head through a hole in the tarpoline that acts as a wall of his classroom in an IDP camp in Minova, DRC
Des milliers de personnes qui avaient été forcées de fuir les conflits des Kivus, dans l’est de la République démocratique du Congo, sont aujourd’hui rentrées dans leurs villages, où elles n’ont pas la vie facile.

« Le retour n’a pas toujours été durable, car ce qui a poussé les gens à rentrer, c’est la diminution des rations alimentaires dans les camps [de déplacés internes] et l’arrivée de la saison des plantations, plutôt qu’une amélioration de la sécurité », a dit le Centre de suivi des déplacements internes (IDMC) dans un rapport du 24 février.

« Beaucoup de gens ont trouvé leurs terres occupées lorsqu’ils sont rentrés chez eux, tandis que de nouveaux affrontements dans les zones de retour ont également forcé les habitants à fuir à nouveau peu après leur retour », a indiqué le rapport.

Dans l’est de la RDC, « l’accès aux nécessités de base… s’est détérioré au cours de l’année dernière, dans un contexte d’opérations militaires, de représailles et de violences incessantes envers la population. La grande majorité des personnes déplacées internes et des personnes retournés n’ont pas accès aux centres de santé, aux écoles, à l’eau potable, aux semences, aux outils ou aux matériaux de construction », d’après le rapport.

Durant 2009, d’après l’IDMC, environ un million de personnes sont rentrées dans leurs villages dans le Nord et le Sud-Kivu – soit l’équivalent du nombre de ceux qui avaient fui à cause d’affrontements opposant principalement les forces du gouvernement et les rebelles rwandais hutus.

Le Nord et le Sud Kivu comptent 1,36 million de déplacés, d’après le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

A Goma, la capitale du Nord-Kivu, quelque 77 000 personnes vivent dans des camps de personnes déplacées interne, contre environ deux fois plus il y a deux ans.

« Beaucoup sont rentrés sur leurs terres, et nous entendons dire que d’autres veulent rentrer », a dit à IRIN Masti Notz, chef du bureau du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) pour le Nord-Kivu.

« Un changement positif se produit progressivement dans l’est de la RDC », a écrit Alan Doss, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies, dans le journal The East African du 1er mars.

« Alors que les déplacements et les attaques isolées restent un problème dans les Kivus, un certain nombre de personnes se sentent plus en sécurité aujourd’hui qu’il y a un an », a-t-il ajouté.

Woman on the road to market. Linga, Ituri district
Photo: Nicholai Lidow/IRIN
Une femme sur la route du marché (photo d’archives)
Problèmes de statuts


Selon les travailleurs humanitaires, il se pourrait que suite à un accord tripartite entre le Rwanda, la RDC et l’UNHCR, une grande partie des 50 000 citoyens de RDC vivant dans des camps au Rwanda rentrent bientôt chez eux.

Avant l’accord, des milliers de personnes étaient déjà rentrées spontanément. « En 2009 à Masisi, plus de 6 000 personnes nous ont dit qu’elles étaient rentrées du Rwanda depuis 2000, sous les auspices de divers groupes qui contrôlaient la région », a dit Karl Steinacker, coordinateur de l’UNHCR pour l’est de la RDC. « Le défi est aujourd’hui d’identifier les véritables civils. »

D’après Refugees International, le problème du statut des personnes retournées doit encore être résolu, étant donné que certains sont rwandais. Des mécanismes de vérification renforcés sont également nécessaires pour réguler les futurs mouvements de population.

Dans un communiqué daté du 19 février, Refugees International a fait savoir que des locaux avaient parlé aux chercheurs de l’organisation d’une zone à l’intérieur du parc national des Virunga, appelée la « Colline Banyarwanda » (« la colline de ceux qui viennent du Rwanda »), où ils n’étaient pas censés être.

Un autre grand groupe de Rwandais récemment arrivés vivait illégalement à Bwiza, dans un site d’établissement formé à l’intérieur du parc national. A Matanda, une localité voisine, des gardiens de troupeaux armés auraient occupé des terres de force.

« Il est important de noter que ces tensions se font sentir dans des zones qui sont contrôlées par le CNDP [Congrès national pour la défense du peuple ], l’ancien groupe rebelle, qui protège clairement ces Rwandais », a-t-il ajouté.

Le CNDP, dirigé par Bosco Ntaganda, a théoriquement cessé d’être un mouvement rebelle depuis que ses éléments ont été intégrés dans l’armée congolaise en 2009, mais d’après des sources proches des forces de sécurité à Goma, l’organisation aurait conservé certaines de ses structures.

Pression foncière

D’après des analystes, la concurrence pour la terre, qui est exacerbée par les effets déstabilisants des migrations forcées ou spontanées, est une source de conflit plus courante qu’on ne le croit généralement.

Selon l’Overseas Development Institute (ODI), par exemple, la réaffectation des terres durant un conflit, ou le profit tiré de la vente ou de l’utilisation des terres, sont des sources de litiges susceptibles d’alimenter le conflit.

Dans les Kivus, note le Pole Institute, basé à Goma, l’économie est historiquement fondée sur l’agriculture et le commerce de longue distance, or la dimension économique du conflit actuel porte sur les droits d’accès à la terre et le contrôle des routes commerciales, et non sur les minéraux.

eo/am/mw/il

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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