Le problème de Mme Parent était de savoir comment expliquer à ces habitants frustrés que la nourriture qui avait été livrée sous leurs yeux le 23 janvier était destinée à une communauté voisine. « Il n’y a pas assez de nourriture pour tout le monde ; cette nourriture ne nous était pas destinée. Les chauffeurs ont arrêté de décharger quand ils se sont rendus compte qu’ils avaient fait une erreur », a-t-elle dit à IRIN.
Les livreurs ont confirmé que les sacs de riz de l’USAID (l'Agence américaine pour le développement international) étaient destinés à un autre district de la ville dévastée.
D’après Mme Parent, Pétionville compte deux grands camps accueillant 30 000 sans-abri, mais n’a reçu aucune aide alimentaire organisée depuis le séisme du 12 janvier. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a souligné qu’il avait effectué une livraison à la municipalité de Pétionville, qui était autrefois un des quartiers les plus peuplés de la ville, et fait une autre tentative le 22 janvier.
Courir après les rumeurs
Weslener Moziere, un habitant du quartier âgé de 31 ans, a dit à IRIN que les gens poursuivaient désespérément toutes les rumeurs de distributions alimentaires. « Nous ne pouvons pas bénéficier des distributions alimentaires si nous n’avons pas les bonnes informations. Comme nous ne savons pas ce qui est vrai ou pas, nous courons simplement après la moindre piste de nourriture ».
Longtemps après que le maire de Pétionville eut annoncé la mauvaise nouvelle à la foule amassée devant son bureau, des habitants s’attardaient sur les marches.
Photo: Sophia Paris/UN PHOTO |
Des Haïtiens font la queue pour recevoir l’aide alimentaire du PAM, dans le vaste bidonville de Cité Soleil |
Le député-maire de Port-au-Prince, Guercy Mouscardy, qui se tenait non loin de là, dans la foule, a dit qu’il était d’accord avec M. Duvert. « Je ne peux pas nier que certains officiels ont volé, à plusieurs reprises, de la nourriture qui était destinée à leurs administrés. Cela ne se passe pas partout ainsi, mais il est vrai que cela s’est déjà produit dans notre pays ».
Nancy Exilas, qui assure le suivi des distributions alimentaires du PAM à Port-au-Prince, a dit à IRIN que l’agence préférait distribuer la nourriture directement à la population, lorsque cela était possible.
Seuil critique ?
Quand IRIN lui a demandé s’il craignait que la faim et la frustration ne mènent à la violence, M. Mouscardy a répondu qu’il croyait qu’il y avait peu de risques d’émeutes de la faim. « Les gens ont souffert, mais ils ne feront pas de bêtises ».
Les larmes aux yeux, Gerta Augustin, qui avait entendu le commentaire du député-maire, a dit : « J’ai perdu mon enfant, je n’ai rien à boire, rien à manger, ma maison est détruite et je n’ai été enregistrée sur aucune liste de déplacés. Qu’est-ce qui vous fait croire que je ne vais pas perdre la raison ? »
Le gouvernement haïtien a identifié environ 250 lieux de « rassemblement spontané » des personnes ayant perdu leur logement lors du séisme de magnitude 7.0.
David Orr, porte-parole du PAM, a dit que l’agence distribuait de la nourriture dans 20 lieux par jour. Il a ajouté que plus de quatre millions de repas avaient été fournis à 250 000 personnes depuis le tremblement de terre.
pt/oa/ed/il/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions