« Nous avons découvert que les immigrés clandestins venus de la Corne de l’Afrique étaient engagés dans la guerre déclarée contre le gouvernement dans la province de Saada, dans le nord, par les rebelles chiites dirigés par Abdul-Malik al-Houthi, et qu’ils étaient également impliqués dans d’autres actes de violence et autres crimes », a déclaré à IRIN Abdussalam Jawhar, directeur du Service des réfugiés (SR) au ministère de l’Intérieur, le 19 janvier.
« Quand ces immigrés auront obtenu un statut juridique, cela nous permettra de connaître leurs adresses de résidence, d’observer leurs mouvements dans diverses régions du pays, et de reconnaître leurs numéros d’identification », a ajouté M. Jawhar.
Les immigrés qui n’auront pas été enregistrés après la date butoir seront expulsés, a-t-il prévenu.
Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) coordonne le processus d’enregistrement, en fournissant au gouvernement de l’équipement et des fonds, et en distribuant des formulaires dans ses centres d’accueil, mais seul le gouvernement délivre leurs cartes aux réfugiés.
Le HCR soutient le droit du gouvernement de s’assurer que chaque personne est enregistrée, à condition que le Yémen respecte les obligations qui lui incombent en vertu du droit international, a déclaré à IRIN Rocco Nuri, responsable des relations extérieures du HCR, à Aden.
L’inscription
Selon Abdussalam Jawhar, le ministère de l’Intérieur et le HCR dirigent trois centres d’enregistrement des réfugiés : deux dans les gouvernorats d’Aden et de Lahj, dans le sud (respectivement dans les camps de Basatin et Kharaz) et un à Sanaa.
« D’autres centres ouvriront dans les gouvernorats de Taïz, de Shabwa, de l’Hadramaout, de Hajja et d’Hodeïdah », a ajouté M. Jawhar. « Le coût de l’enregistrement des réfugiés est assumé par le HCR ».
« Le pays compterait un nombre total de 740 000 immigrés. Toutefois, seul un quart d’entre eux environ ont obtenu le statut [de réfugié] », a-t-il expliqué.
Photo: Adel Yahya/IRIN |
Il aura fallu trois mois à Huda Ali, une ressortissante somalienne handicapée, pour se voir accorder le statut de réfugiée, car elle ne s’est pas présentée dans un des centres d’accueil ouverts près du littoral yéménite |
« Les réfugiés peuvent s’enregistrer auprès du gouvernement, et légaliser ainsi leur situation au Yémen », a expliqué M. Knight.
Selon l’édition 2010 du profil pays – Yémen du HCR, le Yémen pratique une politique généreuse de la porte ouverte vis-à-vis des Somaliens : les nouveaux arrivants se voient accorder le statut de réfugié prima facie ; en revanche, bon nombre d’Ethiopiens sont arrêtés et placés en détention, ou expulsés. Certains immigrés craignent les forces de sécurité yéménites et entrent dans la clandestinité dès leur arrivée dans le pays, évitant ainsi l’aide et les conseils dispensés dans les centres d’accueil du HCR.
Au Yémen, le HCR a reçu 77 802 nouveaux arrivants venus de la Corne de l’Afrique en 2009, soit une augmentation de 55 pour cent par rapport à 2008, et pour la première fois, les Somaliens ne représentaient pas la nationalité majoritaire. Le nombre d’Ethiopiens qui avaient entrepris la périlleuse traversée du Golfe d’Aden en bateau avait en effet plus que doublé, pour atteindre 44 814.
Discrimination ?
A en croire certains experts, s’il est peu probable qu’un Somalien ait des difficultés à régulariser sa situation, les autres immigrés d’Afrique risquent de se heurter à davantage d’obstacles.
Ame Addu, 34 ans, vit actuellement dans la zone de Safiya, à Sanaa ; originaire de la région d’Oromia, en Ethiopie, il craint que ces nouvelles mesures n’entraînent son expulsion. « Je suis allé plusieurs fois aux bureaux du HCR à Sanaa pour obtenir une carte de réfugié, mais je n’ai pas pu. Si j’étais somalien, j’en aurais obtenu une », a-t-il dit.
« J’ai fui au Yémen pour survivre. A Oromia, il n’y a rien que la pauvreté, la sécheresse et la famine », a expliqué Ame Addu, qui a fui son pays d’origine au début de l’année 2008.
« Je gagne environ 700 à 900 rials (2,5 à 3,5 dollars) par jour en lavant des voitures dans les rues de Sanaa ; à Oromia, je pouvais passer des mois sans gagner d’argent du tout », a-t-il ajouté.
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