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Protéger les récoltes de la vermine et de la pourriture

Rice fields in Bong county Anna Jefferys/IRIN
Chaque année, les agriculteurs libériens perdent 60 pour cent de leur récolte à cause des oiseaux et autres nuisibles ou à cause des mauvaises conditions de stockage, ce qui contribue à l’insécurité alimentaire du pays, selon des responsables des Nations Unies, qui appellent les donateurs à investir davantage dans le stockage et la lutte contre les nuisibles.

Le ministère de l’Agriculture estime que sur 144 000 tonnes de riz produites en 2007, 52 000 tonnes ont été perdues, tandis qu’en 2008, 44 027 tonnes ont été perdues pour une récolte de 155 293 tonnes.

« Notre interaction avec les agriculteurs a montré qu’ils n’avaient pas les connaissances de base pour lutter contre les nuisibles », a dit Augustus Flomo, consultant pour l’organisation non gouvernementale (ONG) locale Agency for Economic Development and Empowerment (AEDE), qui est partenaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Liberia.

Dans les zones rurales du pays, huit habitants sur 10 sont modérément ou fortement vulnérables à l’insécurité alimentaire, d’après la dernière enquête du gouvernement sur la sécurité alimentaire.

Pendant le conflit au Liberia, qui a duré 14 ans et a pris fin en 2003, la production a chuté et les Libériens ont dû importer une part de plus en plus grande de leurs besoins en riz : cette part est passée de 30 à 60 pour cent, d’après Ahmed Ag Aboubacrine, conseiller de la FAO pour les urgences.

La production n’ayant pas connu de reprise depuis lors, le ministère de l’Agriculture a essayé de renverser la tendance en encourageant les Libériens à regagner leurs fermes. Mais lorsqu’ils voient la moitié de leur récolte perdue, les cultivateurs sont découragés, a dit Daniel Lorbah, agriculteur dans le comté de Margbi, à 40 kilomètres au nord de Monrovia.

Bandes réfléchissantes, pièges à rats

La FAO apprend aux agriculteurs comment éloigner les rats et les oiseaux dans les écoles pratiques qu’elle a mises en place avec l’AEDE et le ministère de l’Agriculture dans chacun des 15 comtés du Liberia.

Vermin, birds and bad storage facilities destroy 60 percent of Liberia's crops each year
Photo: Wikimedia Commons
Au Liberia, les oiseaux et autres nuisibles, ainsi que les mauvaises conditions de stockage, détruisent 60 pour cent des cultures chaque année
M. Lorbah, qui a repris son activité agricole en 2005 à la fin du conflit, a constaté que la plupart des années, il perdait les trois quarts du riz qu’il produisait. En 2008, il a suivi une formation, ce qui lui a permis d’appendre comment attacher des bandes réfléchissantes (des rubans métalliques qui reflètent la lumière du soleil) à ses plants pour effrayer les oiseaux, et comment fabriquer et installer des pièges à nuisibles.

« Maintenant que j’ai appris comment lutter contre les rats et les oiseaux, je n’ai plus de problèmes de nuisibles qui mangent mon riz ». Enthousiasmé par les profits, il a dit à IRIN qu’il espérait bientôt agrandir son exploitation, en passant de 2,4 hectares à quatre hectares.

Les agriculteurs qui ont suivi une formation gagnent en confiance et augmentent progressivement leurs surfaces, a dit à IRIN Joshua Juah, directeur d’une coopérative d’agriculteurs dans le district de Kokoya, dans le comté de Bong, dans le centre du Liberia. Les pertes de manioc, la principale culture de la coopérative, sont passées de 50 pour cent à environ 10 pour cent dans l’année depuis l’introduction de techniques de lutte contre les nuisibles.

Etapes suivantes

Maintenant que la lutte contre les nuisibles s’améliore, les donateurs doivent s’intéresser aux pertes post-récoltes, et accorder davantage de financements aux installations de stockage et de conservation des céréales, a dit Joseph Kpagbala, technicien à l’AEDE.

« Nous pleurons jour après jour car nous n’avons pas d’endroits où conserver notre riz, notre manioc, nos eddoes [tubercules locales] et nos ignames près la récolte », a dit à IRIN Martin Togba, directeur de la coopérative d’agriculteurs Kpatakpai, dans le comté de Bong, à 135 kilomètres au nord de Monrovia.

« Nous les conservons dans des endroits où ils s’abîment au bout de quelques semaines », a-t-il dit.

La plupart des agriculteurs stockent leur récolte dans des huttes de fortune construites en bambou et recouvertes de toits de chaume, mais qui ne protègent pas de l’humidité, d’après l’AEDE.

James Korkollie, membre de la coopérative, a dit à IRIN que la moitié de sa récolte de plantains de 2009 avait pourri seulement deux semaines après la récolte, à cause de l’humidité.

« Les routes sont mauvaises ; personne ne veut s’aventurer dans cette forêt profonde [pour acheter], et je crains que si cette situation se poursuit, je ne perde toute ma récolte d’ici la fin du mois de janvier », a dit M. Korkollie à IRIN.

Une étude de 2009 du ministère de l’Agriculture sur les pertes de récoltes a recommandé que le gouvernement renforce les programmes de prêt aux collectifs d’agriculteurs de façon à ce qu’ils puissent améliorer leurs installations de stockage.

S’ils ne le font pas, les efforts du gouvernement pour améliorer la sécurité alimentaire « échoueront », a dit à IRIN John Jukon, directeur de Farmers Against Hunger, une coopérative basée au Liberia.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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