Plus de 170 000 personnes, sur les 280 000 qui avaient fui les derniers combats entre les forces gouvernementales et les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (TLET) aujourd’hui battus, sont rentrées chez elles dans la région où s’est déroulé le conflit, connue sous le nom de Vanni.
Tandis que le gouvernement maintient que ceux qui sont toujours dans les camps ainsi que les gens rentrés au pays pourront de voter, des questions demeurent.
Rohana Hettiarchchi, directeur général du People's Action for Free and Fair Elections (PAFFREL, Action populaire pour des élections libres et justes), le plus important organisme de surveillance électorale du pays, a dit : « Le point clé, c’est [de savoir] si ceux qui viennent de rentrer peuvent voter ».
La plupart de ceux qui sont rentrés n’étaient pas inscrits auprès des autorités gouvernementales pour être inclus sur les listes électorales, a-t-il dit à IRIN, et seulement 35 000 déplacés s’étaient inscrits pour obtenir une carte d’électeur.
Keerthi Thenakoon, directeur général du Campaign for Free and Fair Elections (CaFFE, Campagne en faveur d’élections libres et justes), un autre organisme de surveillance des élections, a cité des études et des recherches conduites par le groupe qui suggèrent que même ceux qui se sont inscrits pourraient avoir des difficultés.
« C’est un problème de logistique. Ils se sont inscrits alors qu’ils vivaient dans des centres de personnes déplacées, puis ils sont rentrés dans leur village », a expliqué M. Thenakoon. « Les cartes d’électeurs arrivent au centre des personnes déplacées et l’isoloir va probablement se trouver là-bas ».
Les officiels du CaFFE ont rencontré les villageois dans les nouvelles zones de repeuplement dans le district de Mullaithivu, dans la région du Vanni, et ont découvert que la plupart des familles n’étaient pas inscrites.
« Au [village de] Kanagarayankulam nous avons interrogé 56 familles; seules neuf ont dit qu’elles s’étaient inscrites. Nous avons trouvé des chiffres similaires pour les autres régions dans lesquelles nous nous sommes rendus dans le Vanni », a dit M. Thenakoon.
« Si ces gens vont voter, alors le transport [pour aller] jusqu’aux centres de vote [et en revenir] doit leur être fourni ».
M. Thenakoon, qui a visité le 11 janvier Menik Farm, le plus grand centre de personnes déplacées, a dit que ceux qui vivaient toujours dans le camp ne savaient pas comment voter.
« Ils disent qu’ils ont rempli des formulaires, mais il n’y a pas eu de communication officielle après », a-t-il expliqué.
Selon les chiffres du gouvernement, plus de 108 000 personnes déplacées se trouvaient toujours à Menik Farm à la fin décembre.
Le 23 décembre, Dayananda Dissanayake, le président de la Commission électorale, a dit: « Les personnes déplacées qui ont peur d’aller dans leur centre de vote à cause de la situation sécuritaire dans la région peuvent demander à entreprendre des démarches pour leur permettre de voter dans un autre bureau de vote ».
Photo: Amantha Perera/IRIN |
Un véhicule de la campagne électorale au centre de Colombo |
M. Hettiarchchi du PAFFREL a dit que l’inscription des électeurs n’avait pas eu lieu correctement dans le Vanni pendant plus de deux décennies, durant le conflit civil.
« Après 1989, il n’y avait pas d’inscription correcte dans ces régions », a-t-il dit. « Les listes périmées pourraient conduire à l’incapacité électorale simplement parce que les gens ne sont pas inscrits », a-t-il averti.
Pendant ce temps, le PAFFREL et le CaFFE ont tous deux rapporté un intérêt limité des personnes déplacées et des personnes rentrées chez elle pour le scrutin, mais cela pourrait être attribué à l’absence de campagne électorale dans le Vanni.
Le Vanni est presque entièrement habité par les Tamouls, qui représentent 14 pour cent des 21 millions d’habitants du pays et M. Hettiarchchi s’est inquiété du fait que le manque d’enthousiasme puisse conduire à des problèmes durant le processus électoral.
« Dans ces régions, il y a toujours beaucoup de tensions qui pourraient conduire à des fraudes », a-t-il averti.
Le PAFFREL prévoit de déployer un grand nombre d’observateurs étrangers et locaux dans la région.
Chaque vote compte
Cependant, les deux principaux candidats, le président actuel Mahinda Rajapaksa et son ancien chef des armées le général Sarath Fonseka, espèrent tous les deux recueillir le vote du nord Tamoul, qui est considéré comme crucial pour le résultat.
Ces élections seront les premières depuis la fin de la guerre et la lutte sera serrée, chaque vote comptera.
« Il semble que la course sera serrée, et le vote de la minorité sera décisif si la majorité est divisée entre les deux principaux candidats », a dit Jehan Perera, directeur exécutif du National Peace Council (Conseil national pour la paix), un groupe national de plaidoyer.
M. Fonseka a dirigé l’armée qui a battu le TLET en mai 2009. Il s’est ensuite brouillé avec le président et a émergé comme le candidat le plus fort de l’opposition.
Ils ont tous les deux tenu de grands rassemblements politiques dans le Vanni pour recueillir des voix.
M. Fonseka a promis de démanteler les zones de haute sécurité dans le nord, de faciliter le repeuplement et d’étudier une solution politique dans le nord. Il a gagné le soutien de la majorité de l’Alliance nationale tamoule (TNA), le plus grand groupe tamoul au parlement avec 21 sièges.
M. Rajapaksa a tenu le 10 janvier un rassemblement public à Jaffna, le centre nerveux politique et culturel des Tamouls, et promis de développer et de revitaliser l’économie du nord, exsangue après des décennies de guerre.
ap/ds/ey/mw/sk/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions