1. Accueil
  2. West Africa
  3. Ghana

Des pêcheurs armés d’appareils photo

Foreign trawlers scoop up even the smallest fish, decimating stocks, says the Ghana fisheries commission Wikimedia
Sur la plage de Jamestown, dans la capitale ghanéenne Accra, Ayele Okine, 38 ans et mère de six enfants, fait griller des petits poissons sur un feu de charbon de bois. Elle doit s’occuper seule de ses six enfants car son mari, un pêcheur, purge une peine de 10 ans d’emprisonnement pour vol.

Lorsqu’il a pris conscience qu’il n’était plus rentable de sortir en mer, il a abandonné la pêche pour se consacrer à des activités criminelles, a-t-elle dit.

« C’était une époque très difficile pour lui ; il était frustré et déprimé », a dit Mme Okine à IRIN. « Il a commencé à boire beaucoup et ne rentrait pas à la maison pendant plusieurs jours. Puis, un jour, on m’a dit qu’il avait été arrêté... Depuis qu’il a été condamné, c’est très difficile pour nous ».

Le mari de Mme Okine fait partie des milliers de petits pêcheurs de la côte d’Accra qui ont abandonné leur gagne-pain parce qu’il devenait trop difficile de rivaliser avec la taille et l’avantage technologique des chalutiers industriels étrangers qui opèrent au large.

« Mes collègues sont nombreux à se tourner vers le crime ou vers d’autres petits boulots. Le gouvernement nous a trahi », a dit à IRIN Ato Sartoh, chef des pêcheurs de la communauté de pêcheurs de Jamestown.

Selon le ministère de l’Agriculture, environ 1,8 million de Ghanéens dépendent de l’industrie de la pêche pour survivre.

Sur le point de s’effondrer

Selon une étude réalisée en juin 2009 par le département ghanéen des pêcheries, l’industrie de la pêche est sur le point de s’effondrer, notamment à cause de la surpêche pratiquée par les chalutiers étrangers.

Le Ghana importe 36 pour cent du poisson qu’il consomme pour 250 millions de dollars par année, selon le National Inland Canoe Fishermen’s Council (NICFC).

Sur la pêche en Afrique, lire aussi
 GUINÉE: La pêche illégale, une menace pour les pêcheurs guinéens
Les opérations de « chalutage en bœuf » - quand deux navires traînent un filet qui ramasse tout sur son passage - sont interdites depuis 2002 en vertu de la loi sur les pêcheries. Les chalutiers industriels continuent toutefois de mener ce type d’opération, selon le président de la Commission des pêcheries ghanéenne, Mike Kwabena Akyeampong.

Les pêcheurs affirment que de nombreux chalutiers continuent également de pêcher illégalement à l’intérieur de la zone de 12 miles nautiques que la loi réserve aux petits navires.

« Ils utilisent d’énormes projecteurs qui attirent les poissons autour des chalutiers... Ils peuvent ensuite facilement tout attraper, incluant les petits poissons », a dit M. Sartoh à IRIN.

Selon Mme Ayele, son mari se plaignait souvent de la présence de ces chalutiers. « Ça le rendait amer », a-t-elle ajouté. « Personnellement, je considère le gouvernement responsable [de la situation] car il a manqué à sa promesse de nous débarrasser de ces gros navires ».

Armés d’appareils photo

Le président de la Commission des pêcheries, M. Akyeampong, a dit à IRIN que le gouvernement était au courant de l’ampleur du problème mais qu’il n’avait pas les ressources pour y faire face seul.

La Commission, qui fait partie du ministère de l’Agriculture, est responsable de la réglementation et de la gestion de l’industrie de la pêche ghanéenne.

« La seule manière de mettre en œuvre les aspects pertinents de la loi qui profitent aux petits pêcheurs locaux et, surtout, empêchent les chalutiers étrangers d’utiliser des méthodes illégales est de garder les yeux fixés sur l’océan », a-t-il dit à IRIN.

« Nous aurions besoin d’un certain nombre de navires de patrouille entièrement équipés pour surveiller 24 heures sur 24 l’ensemble des activités de pêche. Malheureusement, notre gouvernement n’a pas ces ressources », a ajouté M. Akyeampong.

La Commission se tourne donc vers les pêcheurs locaux pour l’aider à lutter [contre les chalutiers étrangers]. Le gouvernement équipera les pêcheurs d’appareils photo, de magnétophones et leur offrira une formation sur la collecte de renseignements pour qu’ils puissent recueillir des preuves des opérations illégales des chalutiers et signaler leurs découvertes aux services de sécurité ghanéens.

L’initiative commence à porter ses fruits : le 17 décembre, des pêcheurs locaux ont signalé la présence illégale de deux navires étrangers. Les permis de pêche des deux navires ont par la suite été suspendus.

Le ministère de l’Agriculture cherche également à amender la loi sur la pêche afin d’imposer des pénalités plus sévères pour les contrevenants (les amendes actuelles oscillent entre 50 000 et un million de dollars) et tente de rendre le processus d’obtention d’un permis de pêche plus difficile. « Nous risquons de perdre tous ces avantages si nous n’agissons pas énergiquement dès maintenant », a dit M. Akyeampong à IRIN.

em/aj/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join