Le 7 janvier, un haut responsable des Nations Unies a dit qu’au moins 140 personnes avaient été tuées et 90 blessées au cours d’une attaque dans la région de Wunchai, dans l’Etat de Warrap.
Les affrontements ont eu lieu en tout début d’année, mais ont été rapportés il y a trois jours seulement, lorsqu’une équipe de sécurité des Nations Unies s’est rendue, par avion, dans la région isolée.
« D’après des sources locales présentes sur le terrain, au moins 140 personnes ont été tuées et 90 blessées », a dit Lise Grande, adjointe du Coordinateur résident et Coordinateur humanitaire des Nations Unies au Sud-Soudan.
Mme Grande, qui a également indiqué que plusieurs milliers de têtes de bétail avaient été volées, a ajouté qu’une équipe de soldats de maintien de la paix des Nations Unies était partie le 7 janvier, par la route, pour constater la situation exacte sur le terrain dans l’ensemble de la région.
« Nous sommes profondément préoccupés par ces rapports », a dit Mme Grande.
« Cocktail létal »
Les informations concernant cette attaque ont été communiquées au moment même où 10 organisations humanitaires ont publié un rapport avertissant que la tenue réussie d’élections et d’un référendum, la protection des civils, ainsi qu’une augmentation des fonds alloués au développement du Sud-Soudan, étaient des élément cruciaux pour empêcher un retour à la guerre, cinq ans après la signature de l’Accord de paix global (APG).
Photo: Peter Martell/IRIN |
Au Sud-Soudan, le nombre d’attaques visant des femmes et des enfants a nettement augmenté au cours de l’année écoulée (photo d’archives) |
« Beaucoup de choses dépendent de ce qui pourra être réalisé dans les 365 prochains jours », a dit Richard Poole, directeur des programmes humanitaires du Comité international de secours (IRC) au Sud-Soudan, lors d’une conférence de presse à Nairobi. « Quand l’accord de paix expirera dans un an, nous devons nous assurer que les possibilités de paix et de développement à long terme dans la région ne meurent pas avec lui ».
Réagissant au rapport des ONG, dans les rues de Juba, la capitale du Sud-Soudan, des habitants ont dit qu’ils avaient peur pour l’avenir.
« La guerre est une possibilité – nous ne faisons pas confiance au nord », a dit Simon Akol, un petit commerçant.
Cependant, d’après des hauts responsables du Mouvement populaire de libération du Soudan (MPLS), le parti au pouvoir dans le sud, les risques sont exagérés.
« Bien sûr, nous avons des problèmes de sécurité qui demandent beaucoup d’attention, mais nous ne devrions pas toujours regarder simplement le côté négatif des choses », a dit Anne Itto, adjointe du secrétaire général du MPLS pour le sud.
« Bien sûr nous pouvons faire plus, mais nous avons parcouru un très long chemin depuis que l’accord de paix a été signé en 2005 », a ajouté Mme Itto. « Nous avons un gouvernement, ainsi que des routes, des institutions et des routes en cours de construction, ainsi qu’un espace politique qui a été créé ».
« Il y a beaucoup à faire, mais nous sommes pleins d’espoir pour l’avenir ».
Pas trop tard
Maya Mailer, conseillère en politiques auprès d’Oxfam et co-auteure du rapport des ONG, a dit dans un communiqué : « Il est encore temps d’éviter le désastre, mais les 12 prochains mois seront cruciaux pour le plus grand pays d’Afrique. L’an passé a été le témoin d’une résurgence de la violence au Sud-Soudan. Cette violence pourrait encore augmenter et devenir en 2010 l’une des plus graves situations d’urgence en Afrique ».
Photo: IRIN |
Feu John Garang, alors à la tête du MPLS, et Ali Osman Taha, vice-président du Soudan, durant les négociations qui ont mené à l’APG, au Kenya, en 2004 (photo d'archives) |
Le rapport a attiré l’attention sur plusieurs événements qui pourraient potentiellement entraîner une flambée de violence au cours des 12 prochains mois, parmi lesquels les élections présidentielles, législatives et locales en avril – les premières depuis 24 ans – et un référendum début 2011 sur une éventuelle indépendance du Sud-Soudan.
Avertissant qu’une frustration grandissante liée au retard de développement du Sud-Soudan diminuait les chances de paix, les organisations ont noté que moins de la moitié de la population avait accès à l’eau potable, et que les taux de mortalité maternelle comptaient parmi les plus alarmants du monde.
« Il existe à peine 50 kilomètres de routes goudronnées dans l’ensemble de la région, dont la superficie équivaut à celle de la France, et de nombreuses zones sont coupées du monde pendant les mois de pluies, ce qui rend l’aide humanitaire quasiment impossible », d’après le rapport. « Près de 80 pour cent des adultes ne savent ni lire ni écrire et un enfant sur sept décède avant son cinquième anniversaire ».
Francisco Roque, directeur pays de Save the Children au Sud-Soudan, a dit : « Après cinq ans de paix, le Sud-Soudan reste l’une des régions les plus pauvres du monde. Les gens s’attendaient à ce que la paix soit synonyme de bénéfices économiques et de développement. Mais la reprise économique est bien trop lente, laissant de côté certaines régions. Nous sommes très inquiets pour les enfants, qui semblent être de plus en plus souvent pris pour cible par les attaques menées sur les villages. Les bailleurs de fonds internationaux et le gouvernement doivent sans délai améliorer l’aide apportée à ces régions ».
Une reprise du conflit aurait des conséquences dévastatrices, qui s’étendraient bien au-delà du Sud-Soudan, d’après les agences. Cette crise s’est aggravée à une période où la situation au Darfour, dans l’ouest du Soudan, reste l’une des plus importantes situations d’urgence humanitaire du monde. Les organisations ont averti qu’il ne pourrait pas y avoir de paix durable au Darfour si on laissait échouer la paix entre le nord et le sud.
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