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La malnutrition atteint un niveau « critique » dans le nord et l’ouest

Romaine Dose Chabel with her daughter at a feeding centre attached to Man health centre in western Cote d'Ivoire, funded by FAO and run by local NGO Idee Afrique Anna Jefferys/IRIN
Dans le nord et l’ouest de la Côte d’Ivoire, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë a diminué ces dernières années, mais la malnutrition chronique a augmenté, atteignant des « niveaux critiques », d’après un rapport du gouvernement et des Nations Unies.

Dans le nord, la malnutrition aiguë est en baisse – 7,2 pour cent chez les enfants de moins de cinq ans, contre 18 pour cent en 2008 –, mais la malnutrition chronique est passée de 30,6 pour cent en 2008 à 44,7 pour cent, d’après les résultats préliminaires d’une étude sur la nutrition menée en 2009 par le ministère de la Santé, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). L’étude a montré que le taux de malnutrition chronique était de 40 pour cent dans l’ouest.

« Si on ne fait rien contre ces niveaux de malnutrition, le prochain coup sera dramatique », a dit à IRIN Eric Gerard, directeur de l’ONG (organisation non gouvernementale) Merlin. « Le ministère de la Santé est bien intentionné [en ce qui concerne la nutrition] mais il est débordé, et il a du mal à s’en sortir. »

Alors qu’en 2008, une étude avait porté sur la situation nutritionnelle du nord d’un point de vue global, l’étude de cette année a analysé cinq régions du nord séparément pour avoir des informations plus précises selon les lieux, et a en outre été étendue à trois régions de l’ouest.

Causes

Les raisons qui expliquent que les taux de malnutrition chronique soient si élevés dans le nord et l’ouest sont en partie liées au développement, a dit Julie Bélanger, directrice d’OCHA en Côte d’Ivoire, qui a pointé du doigt le manque d’éducation, les mauvais régimes et pratiques alimentaires et le manque d’accès à la terre en raison du conflit.

D’après le rapport, dans cinq des huit districts étudiés, seulement 11 pour cent des femmes pratiquent l’allaitement exclusif. Et entre 5,3 pour cent et 19,2 pour cent des foyers ont accès à l’eau potable.

L’étude a montré que dans la région des 18 Montagnes, neuf pour cent des ménages donnaient régulièrement à leurs enfants des repas incluant les quatre catégories d’aliments nécessaires. Paul Kouhon, directeur de l’hôpital gouvernemental de Danané, à 80 kilomètres de Man, la capitale de la région : « Les enfants d’ici mangent peut-être trois fois par jour, mais il n’y a rien de nutritif dans ce qu’ils mangent. »

La malnutrition chronique pourrait s’aggraver si l’insécurité alimentaire se poursuit et est associée à des pluies irrégulières et un manque d’accès aux soins de santé, avertit l’étude.

L’insécurité alimentaire est en général élevée dans les régions étudiées, ce qui est largement dû au fait que les agriculteurs sont déplacés, à la vulnérabilité aux hausses des prix de 2008 et à l’irrégularité des pluies.

Réponse

Pour répondre à la malnutrition chronique, il faut lutter contre la pauvreté, améliorer les services de santé et la sécurité alimentaire, mais aussi faire évoluer les comportements, a dit Yeo Seydou, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans la région des 18 Montagnes.

C’est sur ce dernier point que la FAO travaille à Man, en collaboration avec l’ONG locale Idée Afrique, dont le nutritionniste Tanaka Noel gère un centre d’alimentation et de sensibilisation à la nutrition, à côté d’une clinique gouvernementale.

Il apprend aux mères dont les enfants souffrent de malnutrition comment préparer une poudre de céréales nutritive pour leurs bébés, discute avec elles des aliments à éviter, et les encourage à donner à leurs enfants davantage de protéines, de légumes et de fruits.

Le manioc et le riz sont utilisés comme aliments de base, et le poulet, les œufs et le poisson sont souvent réservés aux adultes, a dit M. Noel à IRIN.

Romaine Dose Chabel, 21 ans, ne donnait autrefois à Rebecca, sa fille de huit mois, que du riz à la sauce, mais aujourd’hui elle lui fait manger du manioc, des légumes et du poisson, a-t-elle dit à IRIN.

La malnutrition est encore un sujet de honte pour certaines personnes. « Je n’ai pas du tout eu honte d’amener ma fille ici, mais je connais beaucoup de mères qui ont honte. Je savais que je devais le faire, parce que c’était une question de sécurité. »

La FAO a donné à Mme Chabel un kit de jardinage de façon à ce qu’elle puisse faire pousser des légumes pour les manger ou les vendre. La FAO gère 36 centres de ce type dans les régions du nord et de l’ouest, en collaboration avec le Programme national de nutrition (PNN), l’UNICEF, le PAM et l’ONG Action contre la faim.

L’étude sur la nutrition recommande d’améliorer le suivi de la croissance des bébés et l’éducation à la nutrition dans les centres de santé, et invite les centres à davantage encourager les femmes à effectuer des bilans anténataux et post-nataux. D’après l’étude, il faudrait en outre mettre en place des enquêtes nationales de nutrition pour permettre un suivi régulier de l’évolution de la situation.

Le PNN, qui donne à la nutrition une place dans l’agenda du gouvernement, a récemment élaboré une stratégie pour la nutrition, mais ne dispose pas de suffisamment de ressources pour mobiliser un personnel adapté dans les zones vulnérables, a dit Raffaella Gentilini, coordinatrice de la nutrition pour ACF.

« La malnutrition illustre combien la situation de la santé en général est fragile ici », a-t-elle dit.

aj/np/il

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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