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Les migrants zimbabwéens en quête d’un statut

A Zimbabwe asylum seeker queues outside the offices of ther Musina home affairs offices Guy Oliver/IRIN
La « nature humanitaire » du mouvement de masse des Zimbabwéens vers les pays voisins du sud de l’Afrique a estompé la distinction entre « réfugié » et « migrant économique ». En effet, aucun d’eux ne correspond parfaitement à l’une de ces catégories et, selon un rapport récent, ils finissent par être laissés pour compte.

Selon le rapport Zimbabwean Migration into Southern Africa: New Trends and Responses, publié début décembre par le Forced Migration Studies Programme (FMSP) de l’université de Witwatersrand, « les mesures officielles adoptées pour faire face à l’arrivée de Zimbabwéens au Botswana, au Malawi, en Zambie et au Mozambique sont toujours fondées sur cette distinction et, par conséquent, elles ne protègent ni les Zimbabwéens ni leurs [propres] citoyens ».

Les pays voisins ont servi de bouées de sauvetage pour des milliers de Zimbabwéens pauvres, a indiqué Monica Kiwanuka, chercheure principale pour l’étude. Ceux qui traversent la frontière ne sont pas des réfugiés – la plupart ne demandent même pas leur statut de réfugié – et, étant donné l’ampleur de la crise économique dans leur pays, ils pourraient difficilement être considérés comme des migrants économiques « volontaires ».

« De nombreux Zimbabwéens qui satisfont aux critères pour obtenir le statut de réfugié... ne demande pas l’asile parce qu’ils doivent faire des allers-retours pour venir en aide à leur famille qu’ils ont laissé derrière eux. Ils rejettent le statut de réfugié, qui sous-entend une certaine dépendance, et insistent sur leur capacité à travailler », a dit Mme Kiwanuka à IRIN.

« Dans la région en général et dans les pays en particulier, il n’existe pourtant aucun recours légal pour répondre aux besoins de ces migrants forcés et d’origines diverses qui cherchent un moyen de subsistance », a-t-elle ajouté. Seuls les réfugiés reconnus et les demandeurs d’asile peuvent obtenir de l’aide humanitaire et une protection légale dans le pays hôte.

« Ainsi, de nombreux Zimbabwéens ne sont pas protégés par la loi et ne reçoivent aucune aide humanitaire parce qu’ils ne relèvent pas de la responsabilité de ces structures de soutien », a indiqué Mme Kiwanuka.

À l’exception de l’Afrique du Sud, la plupart des pays de la région n’offrent la protection et l’accès aux services qu’à ceux qui détiennent le statut de réfugié. Les demandeurs d’asile doivent rester dans des camps isolés, sans pouvoir se déplacer ou travailler pour envoyer de l’argent à leur famille.

L’Afrique du Sud étudie la possibilité de créer un permis spécial pour les Zimbabwéens, mais cette politique est toujours en cours de révision.

« Ces [conditions] ne sont pas adaptées à [leurs] besoins », a ajouté Mme Kiwanuka, et elles écartent la possibilité de retraverser la frontière, c’est pourquoi la plupart des Zimbabwéens ne demandent pas l’asile. Ils doivent se débrouiller tous seuls mais peuvent faire des allers-retours entre les deux pays en travaillant comme acheteurs, travailleurs manuels ou commerçants.

En dépit des déportations continuelles, des attaques xénophobes et d’autres mesures d’exclusion, les Zimbabwéens pauvres sont prêts à tout pour gagner de l’argent dans un pays hôte.

''Accepter de retourner chez moi après avoir été abandonné suite à une déportationà Plumtree signifie que je me résigne à laisser mourir les miens''
« Accepter de retourner chez moi après avoir été abandonné [suite à une déportation] à Plumtree [sur la frontière entre le Zimbabwe et le Botswana] signifie que je me résigne à laisser mourir les miens... je préfère mourir en essayant de pénétrer à nouveau [au Botswana] et de trouver de l’argent pour qu’ils survivent », a expliqué un Zimbabwéen interviewé au Botswana.

Selon Mme Kiwanuka, la réponse des autorités des quatre pays face à l’arrivée de migrants Zimbabwéens n’est pas harmonisée. « Au Botswana, en Zambie et au Malawi, les Zimbabwéens peuvent demander l’asile. Au Mozambique, les rares personnes qui ont demandé l’asile ne l’ont pas obtenu suite à la décision de l’État de considérer les Zimbabwéens comme des migrants « économiques » plutôt que des migrants forcés humanitaires ».

Obtenir un passeport zimbabwéen est non seulement très difficile, mais aussi extrêmement onéreux, ce qui vient ajouter au problème. « Nous voulons tous être en règle, mais où trouver les passeports que ces gens nous réclament ? », s’est lamenté un autre migrant au Botswana.

« Comme les migrants qui n’ont pas de papiers d’identité officiels ne relèvent pas de la responsabilité des deux principales structures de soutien humanitaire – les institutions gouvernementales et non gouvernementales – », les besoins des Zimbabwéens sans papier demeurent « invisibles et insatisfaits ». Les migrants vivent dans la précarité « et gagnent, dans les pays hôtes, des salaires à peine suffisants pour couvrir leurs besoins essentiels et leur permettre de se loger et de se nourrir », ont découvert les chercheurs.

Au-delà des termes

« L’absence de protection des migrants dans la région est fondée sur une fausse distinction entre migrant économique et migrant forcé. On devrait plutôt se concentrer sur les besoins réels et urgents de certains de ces migrants », a indiqué Mme Kiwanuka.

Le rapport suggère que le terme « migrants forcés humanitaires » serait plus adapté pour exprimer l’idée que ces gens se sont déplacés pour assurer leur survie et celle des personnes à leur charge.

Afin de souligner l’importance d’une position humanitaire commune face à l’afflux de Zimbabwéens dans la région et le défi auquel sont confrontées plusieurs organisations humanitaires pour adapter leurs interventions aux besoins réels sur le terrain, le bureau régional pour l’Afrique du Sud du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a choisi, en 2008, d’utiliser le terme « migrants humanitaire » [migrants of humanitarian concern].

« Nous considérons généralement ces populations migrantes du Zimbabwe comme des populations ‘mobiles et vulnérables’ », a dit à IRIN Nde Ndifonka, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

« Les réfugiés ont des besoins, des droits et des responsabilités spécifiques qui relèvent du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Ils ont aussi d’autres besoins, droits et responsabilités plus généraux au sein de la catégorie plus large des migrants – et c’est là qu’intervient l’OIM », a-t-il ajouté.

En général, les « migrants, comme n’importe qui dans ce pays, relèvent de la responsabilité du gouvernement. En tant qu’organisation intergouvernementale dotée d’une expertise dans la gestion des migrations, l’OIM, comme le HCR, travaille en collaboration avec le gouvernement pour faire face, avec les ressources disponibles, aux défis que posent les migrations et les migrants (incluant les réfugiés) », a commenté M. Ndifonka.

Mais la vérité, selon Mme Kiwanuka, du FMSP, c’est que les interventions « devraient reconnaître la nature humanitaire de la migration en provenance du Zimbabwe », et que les politiques devraient se concentrer sur l’adoption de mesures de soutien humanitaire aux plus vulnérables, à l’emploi et au travail indépendant, et de permettre la mobilité transfrontalière ».

tdm/he/gd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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