« Il faut absolument dissocier l’aide humanitaire des compressions budgétaires. Il est important de s’assurer que les bénéficiaires ne sont pas soumis aux pressions d’une crise financière dont ils ne sont pas responsables », a-t-il dit, préoccupé par la possibilité que les bailleurs traditionnels se retrouvent à court d’argent à cause de la crise économique.
Le financement de l’aide humanitaire est demeuré important en 2009, mais la plupart des budgets des bailleurs de fonds avaient été approuvés avant que ne frappe la crise. En 2010, les mesures destinées à stimuler l’économie risquent de concurrencer les enveloppes allouées à l’aide humanitaire dans de nombreux pays.
Le processus d’appel consolidé des Nations Unies est un mécanisme dont l’objectif est de regrouper les demandes d’aide humanitaire pour un pays ou une région spécifique. Il permet de rendre la coordination plus efficace. « L’idée est de présenter un plan d’action stratégique et concerté », a dit M. Holmes.
Pour 2010, l’appel couvre 48 millions de personnes et 25 pays. Au moins 380 organisations internationales et organisations non gouvernementales (ONG) ont soumis des projets. Le montant total demandé s’élève à 7,1 milliards de dollars, soit environ 2,6 milliards de moins qu’en 2009.
En moyenne, les bailleurs de fonds fournissent un peu plus de la moitié des fonds demandés. En 2009, le CAP représentait initialement 6,3 milliards de dollars mais, suite à une série d’appels à financement liés à des crises spécifiques – notamment au Pakistan, au Sri Lanka et en Afghanistan – 9,7 milliards de dollars ont finalement été levés, établissant un nouveau record.
Les demandes les plus importantes – et de loin – concernent le Soudan et la région du Darfour, où les coûts des interventions projetées s’élèvent à 1,878 milliard de dollars, un montant semblable à celui de l’an dernier. L’Afghanistan est au deuxième rang avec 871 millions de dollars, suivi de la République démocratique du Congo (RDC), qui accueille la plus importante mission de maintien de la paix des Nations Unies et demande 828 millions de dollars.
Besoins
Selon Robert Smith, chef de la section CAP du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, « l’approche doit être holistique. Une aide incomplète ne permet pas aux populations de se relever d’une crise ».
Les populations doivent généralement satisfaire plusieurs types de besoins en même temps, a-t-il ajouté. « Il ne suffit pas d’administrer un traitement à un enfant mal nourri. La famille de l’enfant a aussi besoin d’une aide alimentaire et de soutien pour retrouver un moyen de subsistance. L’enfant doit avoir accès à une eau potable provenant d’une source d’eau protégée, sans quoi il peut développer une infection intestinale – qui le ramène à son état premier de malnutrition ».
Malgré les pressions que subit l’économie mondiale, aucun indice ne permet jusqu’à présent d’affirmer que les sommes allouées à l’aide humanitaire seront réduites, selon des analystes interrogés par IRIN. « À ce stade, il semble peu probable que la crise financière ait un impact négatif sur les niveaux de financement », a indiqué Rachel Scott, de Development Initiatives, une organisation basée au Royaume-Uni et qui suit l’évolution du financement humanitaire.
Pour de nombreux pays, le montant alloué à l’aide humanitaire représente un pourcentage fixe du Produit intérieur brut. C’est pourquoi, lorsqu’il y a contraction de l’économie, leur contribution risque aussi de reculer.
D’après Jonathan Mitchell, directeur de la réponse d’urgence auprès de l'organisation humanitaire CARE International, le financement des projets humanitaires est particulièrement difficile à prévoir, notamment en raison de l’imprévisibilité des catastrophes.
La meilleure garantie du maintien du financement humanitaire pourrait bien être fondée sur le fait qu’à long terme, celui-ci a un sens économique. « Dans les budgets de la plupart des pays riches, il s’agit d’une goutte dans un océan », a indiqué M. Mitchell.
« Ce n’est pas comme si le fait de couper dans leur budget allait les aider. Si [les bailleurs de fonds] coupent dans l’aide humanitaire, ils n’élimineront qu’une infime partie de leurs dépenses totales, et ça n’aidera pas beaucoup. La plupart des gouvernements sont conscients que les dépenses consacrées à l’aide d’urgence et l’aide au développement à l’étranger sont essentielles à la stabilité ».
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