Ces produits, qui peuvent être utilisés pour fabriquer ou raffiner des drogues, ont été trouvés dans des bâtiments situés à proximité de maisons d’habitation ; ils sont inflammables et représentent une menace pour la santé publique. L’instabilité consécutive à une répression militaire contre des manifestants a empêché des experts des Nations Unies pour les drogues et le crime de se rendre sur ces sites depuis août.
« Outre le fait que ce sont des matières chimiques pour la production des stupéfiants, ce sont également des produits qui représentent un très haut taux de toxicité vis-à-vis de la population », a dit Alexandre Schmidt, représentant régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), aux journalistes le 16 novembre à Dakar, la capitale sénégalaise. « Il y a donc un problème de santé publique. Ça peut polluer ; c’est inflammable ; ça peut exploser ».
A la mi-octobre, l’ONUDC a soumis au gouvernement militaire de la Guinée une proposition de plan pour détruire les substances et attend toujours une réponse, selon des officiels de l’ONUDC. La junte a demandé l’assistance de la communauté internationale pour détruire les produits chimiques, disant qu’elle n’en avait pas les moyens.
L’ONUDC et Interpol ont réalisé une mission d’évaluation conjointe fin août mais les troubles récents en Guinée ont forcé les Nations Unies à suspendre leurs missions de suivi ; les officiels ne savent pas ce que sont devenus ces produits, qui incluent des précurseurs pour des substances réglementées comme l’ecstasy (MDMA) ainsi que des solvants souvent utilisés dans la fabrication de cocaïne et d’héroïne. Parmi les produits trouvés figurent : méthylate de sodium, méthanol, méthyl éthyl cétone et acide sulfurique.
«Jusqu’à la fin août, nous connaissions les spécifications de ces produits, le nombre de kilos ou de litres, [sur] quels sites ils [étaient] », a dit M. Schmidt. Il a dit qu’en raison du manque d’accès, les officiels ne savaient pas si les produits chimiques étaient toujours regroupés sur les sites ou s’ils étaient utilisés pour fabriquer des drogues.
Sur place
Cyriaque Sobtafo, le représentant régional adjoint de l’ONUDC a dit à IRIN qu’étant donné la complexité du transport des substances, le plan de l’agence prévoyait de s’en débarrasser ou de les détruire en Guinée. Des experts environnementaux participeront à l’opération, a-t-il dit, afin de s’assurer qu’il n’y ait aucun risque pour la santé ou l’environnement.
Dans leur évaluation en août, l’ONUDC et Interpol ont découvert huit sites stockant des produits chimiques – sept ayant la capacité de faire ou de raffiner des stupéfiants, et un équipé pour fabriquer de faux antibiotiques.
« Ce qui est beaucoup plus inquiétant, c’est le fait [qu’il y ait] la capacité de produire de l’ecstasy – des produits synthétiques », a dit M. Schmidt de l’ONUDC. Si les produits trouvés à Conakry étaient transformés en ecstasy, a-t-il dit, la valeur marchande serait de 125 millions d’euros (186 millions de dollars).
Les responsables du gouvernement militaire n’étaient pas disponibles pour faire des commentaires sur la situation des produits chimiques, ou donner une éventuelle réponse à la proposition de plan de l’ONUDC.
M. Schmidt de l’ONUDC a dit que si le gouvernement répondait favorablement à leur proposition, l’agence obtiendrait probablement des Nations Unies « une autorisation exceptionnelle » pour la mission dans la mesure où il s’agirait d’une « intervention humanitaire ».
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