Ces observations pourraient conduire l’UE à suspendre une importante concession commerciale représentant une valeur de plus de 100 millions de dollars, d’après des sources officielles européennes.
« C’est comme l’aide étrangère. Cela servait à ce que les gens comme nous soient mieux payés », a dit Suwarna Malkanthi, 27 ans, employée d’une fabrique de vêtements dans la ville ouvrière de Katunayake, à environ 30 kilomètres au nord de Colombo, la capitale.
« Nous demandons à ceux qui prendront la décision, d’y réfléchir à deux fois avant de suspendre la concession. S’ils le font, de nombreux emplois seront supprimés et certaines familles vont perdre tous leurs revenus ».
Le 19 octobre, l’UE a publié un rapport d’enquête visant à déterminer si le Sri Lanka devait continuer à bénéficier des concessions tarifaires connues sous le nom de Système généralisé de préférences plus (SGP+).
Le rapport fait référence au manque de liberté de mouvement des civils dans les camps : « La liberté de mouvement est soumise à de graves restrictions, notamment en ce qui concerne les milliers de personnes internées dans les camps de déplacés ».
En mai, près de 300 000 personnes avaient fui les combats dans le nord-est du pays, au cours des derniers mois d’une guerre civile de 26 ans entre le gouvernement et la rébellion des Tigres tamouls. La majorité d’entre eux ont été placés dans des camps fermés dans le nord du pays, sous surveillance étroite des autorités.
D’après le rapport de l’UE, le gouvernement sri-lankais a violé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention contre la torture et la Convention relative aux droits de l'enfant, en ne les faisant pas appliquer.
Le Sri Lanka a jusqu’au 6 novembre pour faire des démarches auprès de l’UE, et une décision finale sur le renouvellement des concessions sera prise au cours des deux prochains mois, a indiqué Lutz Güllner, porte-parole de l’UE pour le commerce.
L’UE représentait le plus grand importateur d’articles vestimentaires sri-lankais en 2008, avec des échanges commerciaux atteignant une valeur de 1,6 milliard de dollars, et la concession tarifaire SGP+ a contribué à faire de l’UE le premier marché du Sri Lanka, devant les Etats-Unis, d’après le dernier rapport économique de la Banque mondiale.
Si le dispositif est suspendu, les coûts d’exportations pourraient augmenter de 10 à 12 pour cent, a indiqué un propriétaire d’usine.
Moyens de subsistance menacés
Photo: Save the Children |
Plus de cinq mois après la déclaration officielle de la fin de la guerre, la communauté internationale continue à faire pression en faveur des milliers de civils tamouls qui vivent encore aujourd’hui dans des camps |
« Je ne sais vraiment pas grand chose sur le SGP+ », a dit à IRIN Anusha Kumari, 29 ans, employée d’usine dans une des 12 zones franches du pays – celle de Katunayake – comme plus de 100 000 autres employés.
« Mais nous sommes inquiets car nous entendons ou lisons dans les journaux que la concession pourrait être supprimée, et que des usines vont fermer », a-t-elle dit.
D’après Achila Mapalagama, directrice de Stand-up, un groupe d’activistes, certains craignent que la suspension du SGP+ n’affecte 50 000 emplois.
« Nous ne disposons pas de données claires, mais ce sont certainement les petites et moyennes usines qui vont en pâtir. Les plus grandes, qui ont des clients plus importants et plus réguliers, survivront », a-t-elle dit à IRIN.
Le gouvernement sous le feu des critiques
L’UE affirme ne pas savoir précisément ce qui se passera au cours des prochaines semaines.
« Nous voulons assurément maintenir un dialogue ouvert et discuter de la manière dont nous pouvons travailler ensemble », a dit à IRIN Bernard Savage, ambassadeur de l’UE au Sri Lanka.
Pendant ce temps, le gouvernement a dit être en train d’étudier le rapport ; cependant, il a refusé de coopérer à l’enquête lorsqu’elle a été annoncée en octobre 2008.
Le rapport survient dans un contexte de fortes pressions internationales pour que le gouvernement autorise les milliers de civils tamouls détenus dans des camps fermés du nord du pays à rentrer chez eux.
Le 26 octobre, le gouvernement a déclaré dans un communiqué que le processus de réinstallation se déroulait bien, et que le nombre de déplacés était passé de 288 000 à 196 088.
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