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Pluies faibles, risques élevés

[Niger] Almost 40 percent of the animal fodder in Niger was reduced to dust after one of the worst droughts in recent years was followed by an invasion of hungry locusts. Now the animals are dying. WFP
Niger's livestock lie dead, rotting in the sun
Des pluies irrégulières et inférieures à la moyenne dans certaines régions du nord-est du Nigeria et de l’est du Niger ont entraîné une saison de croissance plus courte dans de nombreuses exploitations agricoles, suscitant parmi les organisations humanitaires et les analystes des craintes de malnutrition et d’insécurité alimentaire.

Dans certaines parties de l’est du Sahel, dont l’ouest du Tchad, le nord du Nigeria et le sud du Niger, les pluies sont arrivées tardivement – début juillet –, ont culminé en août et ont décliné en septembre. Globalement, le niveau des précipitations a été inférieur à la moyenne de la période 1998-2004, d’après Nick Novella, chargé des prévisions pour l’Afrique à la NOAA, centre américain des prévisions climatiques.

« Au Sahel, les pluies doivent être suffisantes et arriver au bon moment pour garantir les quatre mois de croissance dont certaines cultures ont besoin », a dit à IRIN Jean-Martin Bauer, responsable de l’évaluation en Afrique de l’Ouest pour le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.

Tillabéri, Maradi, Zinder et Diffa, au Niger, ainsi que des poches dans 11 Etats nigérians, ont été affectés par des niveaux de précipitations faibles et par l’échec des semis plantés tôt dans la saison, d’après les organismes météorologiques régionaux et des sources gouvernementales.

Mais selon M. Bauer, « il est trop tôt pour connaître la gravité de la situation ». Le PAM, le Réseau des systèmes d'alerte précoce contre la famine (FEWS NET), financé par l’agence américaine pour le développement international, les ministères de l’Agriculture et les représentants des ONG (organisations non gouvernementales) procèdent ces jours-ci à une évaluation de la situation des cultures et des pâturages au Tchad, au Burkina Faso, au Nigeria et au Niger, a indiqué M. Bauer.

Menaces de malnutrition

Les taux de malnutrition chronique et de mortalité infantile étant déjà élevés dans les deux pays, « tout déficit de production, même mineur, est susceptible d’aggraver une situation nutritionnelle déjà très fragile », a dit John Scicchitano, responsable de programme de FEWS NET, se référant à des rapports de FEWS NET.

D’après l’évaluation gouvernementale la plus récente, Diffa enregistre le plus fort taux de malnutrition du Niger ; d’autre part, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance(UNICEF), estime qu’au Nigeria, 38 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique.

M. Scicchitano a ajouté que le paludisme, qui constitue toujours une menace à la fin de la saison des pluies, augmentait le risque de malnutrition chez les enfants, d’après l’Organisation mondiale de la santé.

Par conséquent, de nouveaux problèmes nutritionnels pourraient voir le jour cette année.

Récoltes

Alors que dans certaines zones du Nigeria et du Niger, les récoltes pourraient atteindre les niveaux habituels, des indicateurs laissent penser que certains agriculteurs ne récolteront rien, d’après M. Scicchitano.

Dans certaines zones de la région de Diffa, dans l’extrême est du Niger, la pluie a été totalement absente pendant 60 jours, voire plus, provoquant la mort des cultures pluviales, a dit Mainema Mallam Mamadou, de l’ONG locale Sécurité alimentaire et développement économique local (SADEL).

A Zinder, dans le sud du Niger, Karimo Hamni, secrétaire général de la fédération qui regroupe les boutiques d’intrants agricoles, a dit à IRIN : « Les estimations préliminaires des récoltes ne nous laissent pas beaucoup d’espoir… Nos cultures de rente de haricots et d’arachides ont été médiocres, et cela ne touche pas seulement nos estomacs. Nous envisageons une réduction des dépenses des ménages ».

D’après ses estimations, 60 pour cent des 57 villages couverts par sa fédération, soit 4 300 cultivateurs, sont confrontés à des récoltes déficitaires cette année.

Ibrahim Nomau, agriculteur du village de Dundubus dans l’Etat de Jigawa, au Nigeria, a dit à IRIN : « Cette année, la récolte a été bonne pour les agriculteurs qui avaient planté tôt dans la saison, et pour ceux qui cultivent des variétés améliorées, qui nécessitent une période de maturation moins longue… mais ceux qui ont planté des semences traditionnelles à faible rendement, à maturation plus lente, sont bons pour les déficits ».

Le sorgho et le riz sont les cultures qui suscitent le plus d’inquiétudes dans la région, a-t-il ajouté.

Eleveurs

D’après des observations préliminaires, dans certaines zones agro-pastorales du Niger et du nord du Nigeria, l’insuffisance des pluies a été particulièrement grave et les pâturages destinés au bétail risquent d’être réduits, d’après FEWS NET.

Cela pourrait affecter gravement la situation des éleveurs, qui ont déjà vu leurs pâturages se réduire au cours des dernières années, et leur pouvoir d’achat décliner en raison des prix des aliments de base, qui restent élevés, a indiqué l’organisation.

Au début de la saison des pluies, les éleveurs du Niger ont constaté que les animaux perdaient du poids et que la production de lait était faible.

Marchés

Les pénuries alimentaires ne sont pas dues uniquement aux problèmes de précipitations, a observé le Center for Global Development (CGD) dans son rapport intitulé Comment éviter une nouvelle crise alimentaire au Niger ? (How Can We Avoid Another Food Crisis in Niger?), publié en septembre 2008. « Tandis que les sécheresses sont souvent associées aux chocs de production au Niger, la relation entre la sécheresse et les crises alimentaires n’est pas complètement élucidée… Les marchés locaux de céréales sont extrêmement sensibles aux chocs de production et de prix aux niveaux national et sous-régional ».

Il est trop tôt pour savoir dans quelle mesure une récolte inférieure à la moyenne affecterait les marchés alimentaires du Nigeria et du Niger, d’après les analystes. Un rapport publié en octobre 2009 par FEWS NET a estimé que la récolte dans l’est du Sahel pourrait conduire à une baisse des prix de certaines céréales, mais les prix devraient tout de même se maintenir à des niveaux supérieurs à la moyenne jusqu’en 2010.

Au Niger, les prix du mil, du sorgho, des haricots et du riz ont connu une baisse de six pour cent entre mi-septembre et début octobre, d’après le gouvernement.

En raison de la dépréciation du naira, la monnaie nigériane, il est devenu peu intéressant pour les agriculteurs nigériens de vendre leur production au Nigeria. Cette situation pourrait réduire l’important volume des ventes de céréales du Niger au Nigeria, qui avait aggravé la crise de 2005, selon un analyste.

En 2005, suite à des sécheresses récurrentes et à l’invasion acridienne la plus dévastatrice depuis 15 ans, des millions de Nigériens s’étaient retrouvés confrontés au spectre de la faim.

Les prix alimentaires sont restés élevés en 2008 et durant le premier semestre 2009, période pendant laquelle les producteurs de l’agro-alimentaire et de l’élevage, les commerçants et les gouvernements se sont efforcés, avec difficulté, de réapprovisionner les stocks de céréales, de niébé et d’oléagineux, qui avaient été épuisés par la mauvaise récolte de 2007, d’après le rapport de FEWS NET d’octobre 2009.

En 2008, la production céréalière du Niger a enregistré une hausse de 38 pour cent par rapport à 2007, mais cette croissance n’a pas suffi à empêcher que les pénuries alimentaires touchent un million de personnes – dont plus de 200 000 étaient en situation d’insécurité alimentaire grave – jusqu’à la période de récolte de 2009, d’après un programme gouvernemental de mars 2009.

Début octobre, le niveau des réserves nationales de céréales était bas, atteignant seulement deux pour cent des niveaux cibles au Nigeria – suite à une baisse de 28 pour cent depuis mars – et 44 pour cent au Niger, d’après FEWS NET.

Préparation

Des interventions ont contribué à améliorer la situation. Durant la saison des pluies, le gouvernement du Niger a vendu du sorgho et des céréales à des prix inférieurs à ceux du marché dans l’ouest du Niger, à Tillabéri et Tera, afin d’aider les acheteurs, a indiqué FEWS NET.

Le 15 octobre, au Niger, le gouvernement a convoqué les agences de sécurité alimentaire afin d’« harmoniser les données sur les récoltes », promettant de prendre des mesures « appropriées » après analyse de ces données.

Lors d’une présentation à un groupe de travail national sur les interventions agro-pastorales, qui a eu lieu le 7 octobre à Niamey, la capitale nigérienne, les agences internationales ont mis en avant la courte durée de la saison de croissance, remettant en question l’évaluation préliminaire du gouvernement, qui avait qualifié la récolte de 2009 de « moyenne à bonne ».

L'Agence nigériane de gestion des urgences (NEMA) a mis en garde 11 Etats du nord du pays, leur recommandant de commencer à constituer des stocks de prévoyance et à planifier des stratégies de réponse avec les partenaires, a dit à IRIN Mohammed Audu-bida, directeur de la NEMA.

Pour M. Scicchitano, en plus de renforcer les réserves publiques de céréales et de se préparer à l’insécurité alimentaire, les décideurs politiques devraient considérer la réponse à la malnutrition, qui enregistre des niveaux invariablement hauts, comme une priorité d’égale importance.

aj/pt/aa/bb/cb/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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