Mi-septembre, le gouvernement tchadien a décidé de déplacer le camp d’Ouré Cassoni, situé près de la ville de Bahai, dans le nord du pays, à sept kilomètres de la frontière avec le Soudan.
Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) s’est réjoui de cette décision, qui était attendue depuis des années. L’UNHCR craignait depuis longtemps que le site ne serve de base à des rebelles soudanais.
Le choix du nouveau site doit encore être confirmé, mais la possibilité d’installer le camp à Bir Douane, à 45 kilomètres au nord-ouest de Bahai, est actuellement examinée, d’après Annette Rehrl, porte-parole de l’UNHCR.
Une équipe de l’UNHCR, ainsi que des membres du gouvernement et des réfugiés visiteront le site proposé début octobre. Le gouvernement avait envisagé deux autres solutions en 2006, mais les ressources en eau étaient insuffisantes sur ces sites, a indiqué Mme Rehrl.
« C’est le principal problème », a-t-elle déclaré. « S’assurer qu’il y ait assez d’eau pour 28 000 personnes ».
Sécurité
La sécurité est également un enjeu important, dans une région où les travailleurs humanitaires et la population sont toujours la cible d’attaques de groupes armés. « La persistance de l’insécurité liée au banditisme, à l’est, aggravée par son caractère de plus en plus violent reste une préoccupation pour la communauté humanitaire », affirme le bulletin d'information (daté du 15 septembre) du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Tchad.
Les organisations humanitaires travaillant à Ouré Cassoni ont estimé que le choix du site et le transfert lui-même devraient être effectués en étroite collaboration avec toutes les agences impliquées.
« Le Comité international de secours (IRC) approuve la logique consistant à éloigner le camp de la frontière avec le Soudan – conformément aux normes humanitaires internationales », a annoncé Kurt Tjossem, directeur régional de l’IRC pour la Corne de l’Afrique et l’Afrique de l’Est. Il a cependant ajouté qu’il était nécessaire d’évaluer avec précision les ressources naturelles disponibles sur ce nouveau site, afin de déterminer si elles pouvaient répondre aux besoins essentiels des réfugiés.
Selon la politique de l’UNHCR, un camp de réfugiés doit être situé à au moins 50 kilomètres de la frontière. En 2004, lorsqu’Ouré Cassoni a été installé, il s’agissait d’un camp de transit pour les réfugiés du Darfour ; mais le nombre de personnes arrivant de la frontière était tellement important qu’il est finalement devenu difficile de reloger les réfugiés, a expliqué Mme Rehrl.
D’après Norik Soubrier, directeur pays de l’organisation ACTED au Tchad, la coordination est cruciale, non seulement en ce qui concerne les évaluations techniques et l’organisation, mais également pour assurer la sécurité.
« Afin d’interdire l’accès du camp aux groupes armés et de permettre aux humanitaires de se déplacer librement sur l’ensemble de la zone [pour mettre en œuvre leurs programmes], la présence permanente de la MINURCAT [Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad]… apparaît nécessaire », a-t-il dit. « Par ailleurs, les autorités locales et l’UNPol [Police des Nations Unies] ont également un rôle important à jouer dans la protection des réfugiés à travers le suivi des cas criminels et judiciaires ».
Un membre du gouvernement a dit à IRIN que les autorités avaient reconnu depuis longtemps le problème d’insécurité à Ouré Cassoni.
Photo: Celeste Hicks/IRIN |
Des hommes soudanais discutant des problèmes de sécurité au camp d’Ouré Cassoni (photo d’archives) |
« Nous tenons vraiment à transférer ce camp, car nous sommes conscients qu’il est trop proche de la frontière, et nous sommes particulièrement inquiets de la présence d’hommes armés et de la militarisation du camp », a-t-il ajouté.
Réticence ?
Pour M. Soubrier, d’ACTED, il est probable que les Soudanais vivant à Ouré Cassoni seront réticents à quitter le camp, car ils sont installés sur ce site depuis cinq ans.
« Cette appréhension est tout à fait compréhensible dans la mesure où ils quittent un environnement connu et offrant des services de base pour un nouveau site sur lequel ils n’ont encore aucune information », a-t-il dit. « Face à cette situation, il apparaît crucial de prendre le temps nécessaire pour la sensibilisation de la population réfugiée mais aussi pour mobiliser les fonds nécessaires à un tel transfert ».
Mme Rehrl, de l’UNHCR, a rappelé que la mission de l’agence était de protéger les réfugiés. « Si les réfugiés refusaient d’être transférés, nous prendrions leurs préoccupations très au sérieux, nous continuerions à discuter avec eux, et à les informer sur les meilleures conditions de vie dont ils bénéficieraient dans le nouveau site. Mais en fin de compte, ils sont sous la responsabilité et la protection du gouvernement hôte ».
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