« La situation nutritionnelle est aussi mauvaise dans le Terai que dans les collines et les montagnes », a dit à IRIN Rajkumar Pokhrel, éminent nutritionniste et directeur du programme de nutrition du gouvernement népalais, au sein du ministère de la Santé.
Le Terai, où vivent la moitié des 28 millions d’habitants du pays, assure la plus grande partie de la production agricole nationale, fournissant notamment plus de 70 pour cent de la production de riz, l’aliment de base au Népal, d’après la Nepalese Youth Opportunity Foundation (NYOF), une ONG (organisation non gouvernementale) locale qui gère des centres de réhabilitation nutritionnelle dans le Terai.
Pour Som Paneru, expert en nutrition et directeur général de NYOF, comme pour d’autres nutritionnistes, de nombreux facteurs sont à l’origine de la malnutrition, qui ne correspond pas simplement à un déficit nutritionnel, mais est également liée aux habitudes alimentaires, au mode de vie, à l’hygiène et aux mauvaises pratiques d’assainissement.
Le Népal, où près de la moitié des enfants ont un poids insuffisant, présente l’un des taux de malnutrition les plus élevés au monde. Les enfants décharnés – un des symptômes de la malnutrition – sont aujourd’hui plus nombreux dans le Terai que dans les collines et les montagnes. Dans le Terai, 17 pour cent des enfants âgés de neuf à 11 mois sont décharnés, un chiffre supérieur à la moyenne nationale, qui est de 13 pour cent, d’après le ministère de la Santé.
Discrimination
Photo: Naresh Newar/IRIN |
L’insécurité alimentaire reste un problème crucial au Népal |
« Le mauvais état nutritionnel des femmes est souvent en grande partie dû au fait qu’elles sont discriminées au sein de leur propre famille ; leurs enfants en subissent souvent les conséquences », a déclaré Bhawana Rana, activiste des droits de l’homme et vice-présidente de Saathi, une ONG qui gère un centre de réhabilitation nutritionnelle dans le district de Kailali, dans l’ouest du Terai, et un autre à Biratnagar, une ville de l’est du Terai.
« Même lorsqu’elles sont enceintes, les belles-filles sont toujours les dernières à manger, et doivent souvent se contenter des restes », a expliqué Pinky Rana, secrétaire générale de Rural Women’s Development and Unity, une autre ONG qui mène des programmes de réhabilitation nutritionnelle dans la région.
Les femmes enceintes et les femmes qui viennent d’accoucher ont des besoins nutritionnels particulièrement importants, et pourtant, elles ont souvent une alimentation insuffisante.
Dans le Terai, le mois d’août correspond à la saison de soudure, d’après les ONG : la nourriture se fait rare et les problèmes de malnutrition ont tendance à s’amplifier. C’est également une période de fortes chaleurs, ce qui rend difficile la conservation des aliments. En outre, la situation est aggravée par l’insuffisance globale des infrastructures d’assainissement et d’approvisionnement en eau, d’après NYOF.
La réponse du gouvernement
Des stratégies nationales de lutte contre la malnutrition sont mises en œuvre depuis le début des années 1970, mais les ONG mettent en doute leur efficacité.
Pourtant, les responsables du ministère de la Santé assurent qu’ils font tout ce qui est en leur pouvoir : « La nutrition constitue la première priorité des politiques de santé, et nous avons commencé à lancer des initiatives importantes », a dit à IRIN Lila Bikram Thapa, responsable senior au sein de la direction Nutrition du département des Services de santé.
« Mais le ministère de la Santé ne peut pas tout faire tout seul. Une approche multi-secteur est indispensable, et davantage de ministères devraient être impliqués dans ces questions », a déclaré Mme Thapa.
nn/ds/cb/il
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions