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Isolés par l’insécurité, les déplacés de Jowhar n’ont plus rien à manger

A boy sits in sheihk Omar IDP camp in Jowhar,Somalia,September 2007.Tens of thousands of Somalis who fled the violence in the capital are facing yet another humanitarian crisis, a debilitating food shortage after poor rains

Manoocher Deghati/IRIN
Deux mois après l’arrêt des distributions de nourriture dans la ville de Jowhar, dans le centre-sud de la Somalie, plusieurs milliers de personnes déplacées sont confrontées à une crise alimentaire, d’après des sources informées.

« Le peu de nourriture qu’on nous a donné en juin est terminé ; nous n’avons rien reçu depuis deux mois », a dit à IRIN, le 27 août, Asiyo Jilibey, leader communautaire de Jowhar. « Je ne sais pas ce qui va se passer, mais si l’aide n’arrive pas rapidement, on peut s’attendre au pire. »

On estime à 9 000 le nombre de familles déplacées (49 000 personnes) à Jowhar, ville située à 90 kilomètres au nord de la capitale, Mogadiscio. Ces déplacés vivent pour la plupart dans sept camps : Dayah, Kalagoye, Bada Cas, Baryare, Bulo Matuuni, Biyafo et Sheikh Omar.

Mme Jilibey a indiqué que la majorité d’entre eux étaient arrivés dans les camps début 2007, lorsque des affrontements particulièrement violents à Mogadiscio avaient forcé des centaines de milliers d’habitants à fuir, « mais il y a eu un nouvel afflux de déplacés entre mai et début juillet [2009] ».

Les distributions de nourriture à Jowhar ont été interrompues fin juin pour des raisons d’insécurité, d’après le Programme alimentaire mondial des Nations-Unies (PAM).

« Lors de notre dernière intervention à Jowhar, en juin, nous avons distribué 124,46 tonnes métriques d’aide alimentaire diverse à 8 190 personnes déplacées », a indiqué Mahamud Hassan « Guled », porte-parole du PAM pour la Somalie. « Mais l’insécurité a empêché notre partenaire local de distribuer les rations de nourriture prévues pour juillet, et la situation n’a pas évolué depuis le mois dernier. »

Al-Shabab contrôle Jowhar depuis mai 2009. Le groupe islamiste a mené des raids et des pillages dans des bureaux locaux des Nations-Unies. Jowhar était la base principale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour les régions du sud et du centre de la Somalie.

A girl cooking outside Sheikh Omar IDP camp in Jowhar, Somalia, September 2007.Hundreds of thousands of people are on the verge of starvation
Photo: Manoocher Deghati/IRIN
 Une petite fille prépare à manger, à l’extérieur du camp de déplacés de Sheikh Omar, à Jowhar (photo d'archives)
« Certains jours rien du tout »

Mumino Ibrahim, mère de sept enfants, a raconté qu’elle n’avait plus de nourriture et qu’elle partait à la ville chercher du travail.

« Peut-être que je gagnerai assez pour acheter de quoi manger ce soir », a-t-elle dit, ajoutant qu’elle avait confié ses enfants à l’aînée, âgée de 10 ans. « Certains jours je gagne assez pour préparer un repas, et certains jours rien du tout. »

Mme Ibrahim, qui vit dans le camp de Dayah comme 451 autres familles déplacées [2 706 personnes], a expliqué que si elle ne laissait pas ses enfants au camp pour chercher du travail, « ils n’auraient rien à manger. Il n’y a personne d’autre. »

Fartun Salah, mère de quatre enfants, a dit qu’elle était arrivée dans le camp de Dayah il y a deux mois, après avoir fui les violences de Mogadiscio. « Je suis revenue [à la ville] quand les Éthiopiens sont partis, mais j’ai dû m’enfuir à nouveau. »

Elle a déclaré que les affrontements étaient encore plus violents maintenant qu’en 2007. « Je pensais qu’après le départ des Éthiopiens nous aurions la paix, mais c’est pire qu’avant. »

« Je fais des petits boulots quand j’en trouve, comme tout le monde, mais parfois, cela ne suffit même pas à payer un repas. Mes enfants ont faim, et à présent, nous ne pouvons compter que sur l’aide de Dieu », a dit Mme Salah.

Mme Jilibey a raconté qu’il n’était pas rare de voir les familles mettre « une casserole pleine d’eau sur le feu pour que les enfants croient qu’ils vont avoir à manger, et s’endorment ».

La situation va en s’empirant car les emplois temporaires qui font vivre beaucoup de déplacés ont en grande partie disparu. « Il n’y a pratiquement aucune activité économique dans la région, donc pas d’employeurs », a-t-elle expliqué.
Mme Jilibey a déclaré que la situation était « extrêmement critique, et [que] les habitants [allaient] certainement mourir si on ne les [aidait] pas rapidement ».

ah/mw/il

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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