La mère d’Ammar est diabétique. Elle a envoyé l’adolescent chercher de l’insuline à la pharmacie centrale du programme de soutien médical aux patients pauvres [Poor Patient Medical Support Programme], au centre hospitalier universitaire public Al-Gumhouri, à Sanaa. Il en est revenu les mains vides et a trouvé sa mère inconsciente.
« Notre père est mort l’an dernier en nous laissant une pension de 15 000 rials yéménites [75 dollars] par mois », a dit Ula, la sœur d’Ammar, à IRIN.
Les familles pauvres dépendent du programme de distribution d’insuline gratuite, qui dépend à son tour du ministère de la Santé pour son approvisionnement.
Dans la capitale, de nombreux diabétiques sont inscrits au programme depuis plus de 10 ans et reçoivent des doses d’insuline gratuites. Depuis un mois, les diabétiques font la queue pendant des heures devant la pharmacie centrale, dans une chaleur étouffante, dans l’espoir de recevoir des piqûres d’insuline. Parmi les plus vieux, certains se sont évanouis à cause du soleil.
« C’est la troisième fois que le personnel du programme nous dit qu’ils n’ont plus d’insuline à donner. Je viens au centre tous les deux jours dans l’espoir de recevoir une injection, mais je retourne à la maison les mains vides », a dit Haj Saleh Al-Faqeeh, 70 ans, diabétique depuis près de 24 ans. « J’ai vendu certains de mes biens pour acheter de l’insuline dans d’autres pharmacies où l’injection coûte 2 500 rials yéménites [12,50 dollars]. Je me suis mis à vendre des fruits pour réunir l’argent nécessaire ».
Une insuline moins efficace
Dawla Mohammed, 50 ans, a raconté qu’elle achetait elle aussi son insuline ailleurs lorsque la pharmacie centrale avait épuisé ses stocks, mais que l’insuline du marché n’avait pas la même qualité. « L’insuline égyptienne ou syrienne coûte 1 500 rials yéménite [7,50 dollars] l’injection, mais elle n’est pas aussi efficace que l’insuline danoise, plus chère », a-t-elle ajouté.
Photo: Adel Yahya/IRIN |
Des diabétiques se rassemblent devant la pharmacie, même par temps chaud, dans l’espoir d’obtenir des injections d’insuline |
D’après M. Al-Qadasi, 8 670 diabétiques sont inscrits au programme et plus de 1 000 nouveaux patients s’inscrivent chaque année pour recevoir des injections d’insuline gratuites.
« Lorsque nous avons assez de stocks, nous administrons en moyenne 200 injections par jour », a-t-il indiqué. « En ce moment, nous avons des capsules d’insuline que nous donnons aux cas les moins graves – ceux qui ne sont pas éligibles aux injections– par le biais de prescriptions médicales ».
Il existe deux types de diabète : le diabète de type un est diagnostiqué chez les enfants en bas âge et le diabète de type deux se développe plus tard. Les patients qui souffrent de diabète de type un ont besoin d’insuline pour survivre, tandis que le diabète de type deux est moins chronique et représente près de 90 pour cent des cas de diabète au Yémen, selon Sharaf al-Awdi, endocrinologue.
Selon des estimations publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2000, environ 327 000 Yéménites souffrent de diabète – soit environ 1,5 pour cent des 21 millions d’habitants du pays - et 42 pour cent d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.
Toutefois, l’Association des diabétiques du Yémen [Yemeni Diabetic Association, YDA] estime que six pour cent de la population du Yémen – soit environ 1,3 million de personnes - souffre de diabète. Avec le soutien du ministère de la Santé et de la Fondation mondiale du diabète, la YDA a établi, début 2007, le premier centre pour diabétiques du pays.
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