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Nourris de force, pour gagner du temps aux champs

[Ethiopia] Woman harvesting and breastfeeding in Samre, Tigray. UNDP/Doninic Harcourt-Webster
When there are not enough hours in the day (file photo)
Les femmes des régions rurales d’Afrique de l’Ouest, qui ont très peu accès aux outils et technologies modernes permettant de gagner du temps, sont obligées de limiter le temps qu’elles passent à allaiter, et forcent parfois leurs nouveau-nés à trop manger afin de les faire dormir, pour pouvoir rester plus longtemps dans les champs.

Cet article fait partie d’une série d'articles sur les conséquences de l’allaitement sur la mortalité infantile et maternelle en Afrique de l’Ouest.

Dans la communauté agricole de Chetima Wango, à 30 kilomètres de la ville de Diffa, dans l’extrême est du Niger, plus de 70 pour cent des femmes participant à une étude menée par l’ONG Helen Keller International ont déclaré ne donner que du lait maternel à leurs bébés pendant les six premiers mois. Pourtant, quand IRIN a interrogé Fadji Ousmane, une des quatre volontaires du comité médical du village, sur l’allaitement dans sa communauté, elle a répondu : « Ici, les femmes sont tout le temps dans les champs et n’allaitent pas [aussi souvent qu’elles le disent]. Elles n’ont pas le temps ».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de nourrir les bébés exclusivement au sein pendant six mois afin de renforcer leurs défenses immunitaires et combattre la malnutrition grâce aux nutriments et anticorps naturels que contient le lait maternel.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) estime que dans la région du Sahel, 600 000 enfants de moins de cinq ans meurent de malnutrition chaque année.

Omar Mamane, coordinateur d’Helen Keller International à Diffa, a indiqué à IRIN que de nombreux facteurs jouaient un rôle dans la malnutrition. « Une partie du problème commence dans les champs. »

Certaines des innovations agricoles qui ont été adoptées dans le monde entier afin de gagner du temps ont en réalité eu un impact négatif sur la vie des femmes, d’après l’ouvrage ressource Egalité des genres dans l’agriculture, publié en 2008 par la Banque mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et la nourriture (FAO) et le Fonds international de développement agricole (FIDA).

Le lait de la vie
Chaque année, plus d’un million d’enfants pourraient être sauvés si les pratiques d’allaitement étaient améliorées
L’allaitement exclusif fournit au bébé tous les nutriments dont il a besoin pendant les premiers mois de sa vie
Le lait maternel est composé à 80 pour cent d’eau et à 20 pour cent de nutriments
300 000 bébés meurent chaque année en Afrique de l’Ouest à cause de problèmes liés à l’allaitement
Sources: OMS, UNICEF
« Les tracteurs et les charrues tirées par des animaux, qui sont utilisés par les hommes, ont permis d’augmenter la surface des terrains cultivés, et la seule conséquence pour les femmes est qu’elles ont davantage de surface à désherber et moissonner, alors qu’elles continuent à n’utiliser que des outils manuels », selon l’ouvrage.

Cependant, Karki Roumatou Adamou Arowa, du point focal du ministère de la Santé pour l’allaitement, a affirmé que l’agriculture n’était pas la principale cause du faible taux d’allaitement exclusif au Niger, qui est inférieur à cinq pour cent. « Quand les femmes vont au champ, elles portent leurs bébés contre elles, dans des tissus. Elles peuvent allaiter même en travaillant ».

Mme Arowa a expliqué à IRIN que le problème principal était que les communautés tiennent à donner aux bébés de l’eau en plus du lait maternel pendant les six premiers mois, ce qui atténue les bienfaits thérapeutiques, voire vitaux, du lait maternel.

Dans le monde, les femmes assurent la moitié de la production alimentaire, et en Afrique subsaharienne, elles produisent 80 pour cent des denrées alimentaires, d’après la FAO. Cependant, la plupart du temps, ce sont elles qui utilisent le moins les équipements allégeant la charge de travail, comme les moulins mécaniques, les machines tirées par des ânes ou les houes à long manche, selon Diana Tempelman, fonctionnaire principale au service Genre et Développement de la FAO.

« Plusieurs questions se posent. Les hommes travaillant dans [l’agriculture] extensive connaissent-ils suffisamment ces technologies pour pouvoir en informer les femmes ? Ensuite, les femmes ont-elles accès à ces équipements là où elles vivent ? Et enfin, les femmes ont-elles de l’argent ? », a expliqué Mme Tempelman à IRIN.

D’après Marcel Dabo Bengaly, nutritionniste, certaines communautés du Burkina Faso, pays voisin du Niger, ont déclaré donner de la nourriture solide aux nouveau-nés pour les faire dormir, afin de pouvoir consacrer plus de temps au travail agricole. « Les femmes donnent de la bouillie de mil à leurs bébés », a raconté M. Bengaly, qui dirige une étude nationale sur l’allaitement pour l’UNICEF.

Il a expliqué à IRIN que ces mères n’avaient pas conscience que le système digestif des nourrissons n’était pas encore complètement formé, et qu’ils n’étaient donc pas capables d’assimiler de la nourriture pour adultes. « Tout ce qu’elles savent, c’est que donner des aliments solides à leurs bébés leur permet de rester quelques heures de plus dans les champs ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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