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Le pois d’Angole, nouveau maïs ?

Pigeon peas, Cajanus cajan C.L. Ramjohn/Wikimedia
Pigeon peas are a high protein dietary staple
Confrontés à l’imprévisibilité croissante des pluies, les agriculteurs du district de Mbeere Sud, dans l’est du Kenya, commencent à remplacer le maïs traditionnel par des cultures résistantes à la sécheresse, afin de subvenir à leurs besoins alimentaires et de s’assurer un moyen de subsistance.

« Les pluies se font [rares]… C’est la quatrième année que les pluies sont insuffisantes », a dit à IRIN Harrieta Nyaga, agricultrice de la région de Rwika. « Nous nous attendions à ce qu’il pleuve en mars, et il a plu en janvier. Les gens ne savaient pas quoi faire, certains ont semé, d’autres non… la récolte a été mauvaise ».

Mme Nyaga, mère de quatre enfants, a raconté qu’elle avait semé 0,8 hectare de maïs, mais qu’elle n’était pas sûre de récolter plus de deux sacs de 90 kg. « En temps normal, ça peut aller jusqu’à 20 sacs », a-t-elle ajouté.

La baisse du rendement du maïs, due à la variabilité climatique, ainsi que les coûts élevés des fertilisants, ont provoqué une forte hausse du prix du maïs. Dans la région, un sac coûte maintenant environ 2 000 shillings (25 dollars), soit deux fois plus qu’avant.

Quatre nouvelles variétés de pois d’Angole (aussi connu sous le nom de pois cajan) résistantes à la sécheresse font actuellement l’objet d’un projet pilote à Mbeere, et les spécialistes affirment que ces plantes sont tenaces et peuvent pousser dans de nombreux types d’environnement et de systèmes de culture.

L'Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) fournit des graines gratuites aux agriculteurs.

« Les spécialistes sélectionnent les variétés et les tailles les plus adaptées », a expliqué Richard Jones, directeur adjoint de la région Afrique orientale et australe de l’ICRISAT. La sélection se fait sur des critères de temps de maturation, de hauteur des plants, d’épaisseur des tiges, de quantité de feuilles, de susceptibilité aux maladies, de temps de cuisson et de types de sols.

Des représentants de 30 groupes d’agriculteurs ont été sélectionnés pour piloter le projet. Au Kenya, les pois d’Angole sont cultivés sur environ 196 261 hectares, d’après l’ICRISAT. Le Malawi, l’Ouganda, le Mozambique et la Tanzanie en cultivent aussi des quantités importantes.

« Le rendement varie en fonction des niveaux de précipitations, mais on peut en théorie récolter 750 kg par demi-hectare », a indiqué M. Jones. Les nouvelles variétés mûrissent en environ 200 jours, tandis que les variétés traditionnelles fleurissent à la fin des longues pluies, et murissent d’octobre à août.

« Ces nouvelles variétés sont très flexibles. Comme elles mûrissent plus vite, on peut même récolter après les pluies courtes [octobre-décembre]… [et] si les pluies sont plus importantes [les longues pluies], on obtient une seconde récolte », a-t-il dit.

« Avec les anciennes variétés, on ne peut pas récolter avant la fin des longues pluies [avril-juin]. S’il n’y a pas de longues pluies, il n’y a pas de récolte ».

Selon Mme Nyaga, les nouvelles variétés seraient mieux accueillies si elles étaient distribuées pendant les premiers semis. « Les pesticides représentent une grosse dépense pour un agriculteur qui démarre une exploitation », a-t-elle expliqué.

Pigeonpea crop [Cajanus cajan (L.) Millspaugh]
Photo: ICRISAT
Environ 20 pour cent des agriculteurs de l’est du Kenya ont adopté des nouvelles variétés de pois d’Angole
Valeur nutritionnelle

Le pois d’Angole constitue un aliment de base diététique à forte teneur en protéines. Dans les régions où il est cultivé de manière extensive (Inde, Myanmar, Népal, Chine, et sud-est de l’Afrique), il assure 20 à 22 pour cent de l’apport en protéines.

En plus de cuisiner les pois fendus écossés, on utilise comme légumes les graines vertes immatures et les cosses.

« Nous avons beaucoup souffert de la faim, et la première récolte a vraiment aidé ma famille. Je n’avais plus besoin d’aller chercher des haricots et de les mélanger au maïs pour faire du githeri [un plat à base de maïs et de haricots] », a témoigné John Ngari, agriculteur dans la région de Mbita. « Maintenant, j’essaie de convaincre ma femme d’arrêter de cultiver du maïs. A la place, nous pouvons vendre une partie des pois d’Angole et acheter du maïs ».

On utilise également des pois d’Angole secs broyés pour nourrir les animaux, et les feuilles vertes de la plante constituent un fourrage de qualité. Les tiges sèches servent aussi de combustibles.

Cultures bonus

D’après M. Jones, de l’ICRISAT, le pois d’Angole est une plante bonus, qui peut être cultivée en complément de céréales à maturation précoce, et présente l’avantage d’être fixatrice d’azote.

« Je n’ai pas eu besoin d’ajouter du fumier ou des fertilisants comme j’aurais dû le faire pour le maïs », a dit Carol Maringa, agricultrice à Gachoka, précisant en outre que cette culture ne nécessite pas beaucoup de main-d’œuvre. Elle a prévu d’augmenter sa production de pois d’Angole.

« Même en additionnant les coûts liés au labourage, aux graines, au désherbage et à l’arrosage, je m’en sors toujours avec des bénéfices satisfaisants », a déclaré Samuel Mulinge Kyalo, 45 ans, agriculteur à Riakanau.

D’après Fred Njeru, responsable des cultures pour la division de Gachoka, la production de la division a chuté : « Aujourd’hui, un grand nombre d’habitants reçoivent des aides alimentaires pour pallier la famine, et ça ne peut pas continuer comme ça ».

Les populations les plus touchées, a-t-il dit, vendent leur bétail et fabriquent du charbon de bois pour subvenir à leurs besoins alimentaires.

« Nous encourageons les agriculteurs à se mettre à cultiver des plantes résistantes à la sécheresse, mais cela prendra du temps », a-t-il dit. « Les agriculteurs devraient planter des espèces résistantes à la sécheresse non seulement pour subvenir à leurs besoins alimentaires, mais aussi, à long terme, pour augmenter leurs revenus ».

D’après M. Jones, de l’ICRISAT, il est nécessaire d’augmenter la proportion de cultures résistantes à la sécheresse.

Dans l’est du Kenya, environ 20 pour cent des agriculteurs ont adopté les nouvelles variétés de pois d’Angole, qui ont été obtenues en utilisant les méthodes conventionnelles de reproduction.

Une hausse d’environ 80 pour cent a déjà été enregistrée dans le district de Makueni, dans l’est du pays. « Il arrive souvent que l’information ne circule pas bien », a fait remarquer M. Jones. « C’est comme quand on allume un feu : ça brûle, puis ça s’éteint ; dans ces cas-là, il faut continuer à allumer plein de petits feux ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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