Plus de 700 personnes ont été tuées à Jos, la capitale de l’Etat, au cours d'affrontements entre des communautés musulmanes et chrétiennes, les 28 et 29 novembre.
Alors que la plupart des violences intercommunautaires ont eu lieu le 28 novembre, la grande majorité des personnes tuées par les forces de sécurité l’ont été le 29 novembre, après que Jonah Jang, gouverneur de l’Etat de Plateau, a ordonné aux forces de l’ordre de « tirer à vue », selon un rapport publié par HRW le 20 juillet.
Des témoins musulmans ont affirmé que les Chrétiens ont détruit 22 mosquées, 15 écoles islamiques et des centaines de commerces tenus par des Musulmans ; d’après des témoins chrétiens, des jeunes Musulmans auraient assiégé et incendié jusqu’à 46 églises et des centaines de maisons habitées par des Chrétiens, et tué sept responsables ecclésiastiques.
HRW a appelé les autorités à enquêter sur les meurtres, à identifier quelles ont été les conséquences de l’ordre de « tirer à vue », de même qu’à arrêter et juger les personnes ayant perpétré ou organisé ces violences.
« Nos soldats ont reçu des instructions très strictes leur imposant de recourir le moins possible à la violence et de respecter les règles d’engagement », a dit à HRW Emeka Onwuamaegbu, Brigadier Général et porte-parole de l’armée.
Depuis la parution du rapport, le porte-parole de l’armée a assuré à HRW que les autorités militaires prenaient les observations de l’organisation au sérieux, et qu’elles attendaient les recommandations de la commission d’enquête.
Mohamed Lerama, porte-parole de la police de Jos, a indiqué à IRIN que l’autorité centrale de la police ferait une déclaration publique en réponse aux conclusions de la commission, quand celles-ci seraient finalisées.
Selon Eric Guttschuss, chercheur chez HRW, il est « encore trop tôt pour savoir » si le gouvernement tiendra pour responsables les auteurs des violences. D’après lui, « si le gouvernement fédéral et le gouvernement de l’Etat n’agissent pas avec détermination dans ce sens, les auteurs des violences se sentiront légitimés et encouragés à continuer à violer les droits de l’homme ».
Depuis 1999, près de 12 000 personnes ont trouvé la mort dans des affrontements intercommunautaires ethno-religieux, d’après HRW. A Jos, en septembre 2001, des affrontements sectaires ont fait un millier de morts, et à Yelwa, dans l’Etat de Kebbi, dans le nord-ouest du pays, 700 personnes ont perdu la vie en mars 2004. Il y a trois mois, des centaines de commerces et de maisons ont été incendiés au cours d’affrontements sectaires dans l’Etat de Niger.
Problèmes de fond
HRW a également appelé le gouvernement fédéral et les gouvernements des Etats à s’attaquer aux causes profondes du conflit. Selon l’organisation, l’une de ces causes est la discrimination, par les gouvernements, à l’encontre des « non-indigènes », c’est-à-dire des habitants qui ne peuvent pas retracer leur ascendance généalogique jusqu’aux populations initiales d’une région. Cette politique interdit à des millions de Nigérians de travailler pour les gouvernements, que ce soit à l’échelle locale ou à l’échelle de l’Etat, et d’étudier à l’Université.
Les violences de novembre 2008 ont eu lieu à la suite d’une élection locale très polémique, opposant principalement les « indigènes » chrétiens, qui soutenaient en majorité un candidat chrétien du parti au pouvoir, le Parti démocratique du peuple (PDP), et les « non-indigènes » musulmans, qui appuyaient pour la plupart le candidat musulman du parti d’opposition, le Parti de tous les peuples nigérians (ANPP).
D’après le rapport de HRW, « les conflits religieux, politiques et ethniques sont souvent une manifestation indirecte des graves pressions économiques que subit le pays de manière sous-jacente ».
D’après M. Guttschuss, l’organisation fait pression depuis 2001 pour l’abandon des politiques favorisant les indigènes, mais « en huit ans de violences récurrentes, nous n’avons pas observé d’action significative en ce sens de la part du gouvernement fédéral ou des gouvernements des Etats ».
Un projet de loi nationale visant à assouplir la politique de discrimination a été proposé il y a de nombreuses années, mais il n’est jamais passé en commission.
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