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Le ‘‘Who’s who’’ des groupes armés

[Central African Republic (CAR)] Military escort with WHO convoy on the road between Bossangoa and Bangui. Date taken: 26 February 2005. IRIN
La sécurité durable reste hors d’atteinte dans le nord et le nord-est de la République centrafricaine (RCA), malgré les trêves conclues avec les groupes armés et la conférence nationale tenue à la fin de l’année 2008 pour tenter de sortir le pays du cycle de violences destructeur dans lequel il se trouve piégé plus ou moins depuis l’indépendance, en 1960.

Ces deux ou trois dernières années, différents cessez-le-feu ont été signés par le gouvernement et divers mouvements rebelles, et un Accord de paix global a été finalisé en juin 2008. En décembre de la même année, un Dialogue politique inclusif a été tenu, qui réunissait les représentants du gouvernement, de plusieurs groupes rebelles et de la communauté internationale. En janvier 2009, un « gouvernement d’union nationale » a été formé, dont certains postes ont été attribués à des chefs rebelles.

Mais le conflit se poursuit en 2009, en partie parce que certains groupes armés estiment que le gouvernement a manqué à ses engagements, pris au cours du dialogue.

Voici un aperçu des différents groupes politico-militaires armés, gangs de criminels, forces de sécurité gouvernementales et missions militaires internationales qui opèrent dans le pays.

Les forces de sécurité étatiques

Les Forces armées centrafricaines - FACA
 
L’armée nationale compte quelque 5 000 hommes, mais moins de la moitié seraient disponibles en même temps pour servir dans l’armée. Presque toute l’armée est basée à Bangui, la capitale.

Les organismes internationaux de défense des droits humains ont accusé les FACA d’avoir attaqué des centaines de villages pendant leurs opérations contre les groupes rebelles entre la mi-2005 et la mi-2007. Au cours de diverses crises, survenues depuis l’indépendance, selon un rapport publié en mai 2009 par Philip Alston, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, « des meurtres fréquents ont été commis par les forces de sécurité, dont les abus restent souvent impunis. Les forces de sécurité ne sont capables ni de protéger les droits humains, ni de les respecter, et le gouvernement est tour à tour peu disposé à sanctionner ces violations, ou incapable de le faire ».

Ces violations ont provoqué de vastes déplacements de population internes en RCA, où plus de 100 000 personnes vivent encore dans la brousse, dans des constructions rudimentaires.

En plus d’être en sous-effectifs, l’armée ne dispose pas d’assez de ressources, ni d’assez d’armes, elle est mal formée et sa structure de commandement et de contrôle est faible. Mais elle doit subir une réorganisation de grande envergure dans le cadre d’un vaste programme de réforme du secteur de la sécurité.

An abandoned burnt-out village near the town of Paoua in northwest Central African Republic. Residents fled into the bush in 2006 after government forces conducted a counter-insurgency operation. February 2009
Photo: Anthony Morland/IRIN
Un village incendié, abandonné, près de la ville de Paoua, dans le nord-ouest de la RCA
La garde présidentielle – GP
 
Connu sous l’appellation officielle de Bataillon de protection et sécurité des institutions, ce service spécial chargé d’assurer la sécurité présidentielle compte parmi ses membres des officiers de police et des gendarmes, mais il est majoritairement composé de soldats des FACA. Certaines de ces unités opèreraient de manière plus ou moins autonome, indépendamment de la hiérarchie de commandement des FACA.

La garde présidentielle a été montrée du doigt par les organismes de défense des droits humains et M. Alston pour sa violence et son manque de discipline. M. Alston a accusé un lieutenant du nom d’Eugène Ngaïkossé d’avoir « commandé les soldats responsables des cas les plus extrêmes de villages incendiés, [d’exactions] ciblant les civils, et du meurtre de rebelles présumés ». Bien que la garde présidentielle ait par la suite amélioré sa réputation sous les instructions directes du président François Bozizé, des atrocités ont été signalées en 2009, qui ont incité de nombreux civils à fuir.

Les groupes politico-militaires

L’Armée populaire pour la restauration de la république et la démocratie – APRD

L’Armée populaire pour la restauration de la république et la démocratie est apparue à la suite des élections de mai 2005, qui ont légitimé la présidence de François Bozizé, après que celui-ci eut renversé Ange-Félix Patassé à la suite d’un coup d’Etat, deux ans auparavant. Un grand nombre des quelques centaines de membres de l’APRD avaient servi dans la garde présidentielle de M. Patassé et étaient consternés par son exclusion du scrutin.

Les membres des groupes d’auto-défense villageois formés aux quatre coins du nord de la RCA pour protéger les populations des bandits (cf ci-après) et autres menaces font partie de l’APRD. L’APRD est majoritairement composée de membres de l’ethnie des Sara-Kaba.

L’APRD dispose de peu d’armes, de véhicules et autres équipements. Nombre de ses armes à feu sont des fusils artisanaux.

Des affrontements entre l’APRD et l’armée ont éclaté en juin 2005. En janvier 2006, l’APRD a attaqué la ville de Paoua (nord-ouest), dans la préfecture d’Ouham-Pendé, dont une bonne partie est aujourd’hui encore sous son autorité ; dans cette zone, les activités du mouvement et les représailles du gouvernement ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers d’habitants. Le groupe est également actif dans les préfectures d’Ouham et de Nanagrebizi.

Le dirigeant politique de l’APRD est Jean-Jacques Demafouth, avocat qui a occupé les fonctions de ministre de la Défense sous le régime d’Ange-Félix Patassé et candidat potentiel aux élections de 2010, bien qu’on ignore dans quelle mesure M. Demafouth contrôle les opérations des forces de l’APRD sur le terrain.

Les dirigeants du groupe affirment que son objectif principal est de protéger les civils des bandits, des forces du gouvernement et des soldats alliés du Tchad voisin, dans les zones sous son autorité, et d’assurer une meilleure représentation de la région au gouvernement, et non de renverser le gouvernement de M. Bozizé.

Toutefois, M. Alston a cité des cas d’exécutions extrajudiciaires menées par l’APRD, et les organismes de plaidoyer en faveur des droits humains ont accusé le mouvement de se livrer à des violences, et notamment de se rendre coupable d’enlèvements, d’extorsion et de taxation illégale.

L’APRD participe au processus de paix en cours en RCA, et les combattants mineurs qu’elle compte dans ses rangs sont en cours de démobilisation et de réinsertion.

Si aucun affrontement n’a éclaté récemment entre l’APRD et les forces du gouvernement, des échauffourées ont eu lieu avec des bandits et des éleveurs peulhs, qui ont sapé les efforts déployés en vue de rétablir la sécurité.

A group of armed rebels on the road north of Kaga Bandouro,  Central African Republic, 14 December 2006. The rebel movement was formed  in  response to the army’s attacks on villages in the region.
Photo: Nicholas Reader/IRIN
Des rebelles au bord d’une route, à Kaga Bandouro, dans le nord de la RCA (photo d’archives)
L’Union des forces démocratiques pour le rassemblement – UFDR
 

L’Union des forces démocratiques pour le rassemblement a été formée en septembre 2006. Composée en grande partie de membres des Gula, une ethnie essentiellement musulmane, elle opère dans les préfectures arabophones de Vakaga et Haute Kotto (nord-est). Son commandement opérationnel est assuré par Damane Zacharia, également connu sous le nom de Capitaine Yao, bien que d’autres commandants contestent son autorité.

On retrouve, dans les rangs de l’Union, des hommes qui ont aidé le président Bozizé à renverser Ange-Félix Patassé en 2003, mais que le manque de récompense a ensuite mécontentés. Les dirigeants du groupe affirment chercher à inverser le sous-développement chronique et la marginalisation politique de la région.

Peu de progrès ont été accomplis en vue de mettre en œuvre les dispositions de l’accord de paix de 2007, le gouvernement ayant prévu la pleine réintégration des combattants de l’UFDR au sein de l’armée nationale. Ses forces travaillent néanmoins aux côtés de l’armée. Mais des dissensions internes entre ses dirigeants politiques et militaires ont donné lieu à une hostilité ouverte entre factions rivales.

Les combattants de l’UFDR (au nombre de 1 200 environ, selon les dires du mouvement) sont mieux entraînés et mieux armés que les autres groupes politico-militaires du pays.

Le Front démocratique du peuple centrafricain - FDPC
 
Le Front démocratique du peuple centrafricain est dirigé par Martin Koumtamadji (plus connu sous le nom d’Abdoulaye Miskine), un proche d’Ange-Félix Patassé. D’abord composé d’un petit nombre de combattants, il ne contrôlait initialement qu’une zone exiguë, située près de la frontière tchadienne.

Abdoulaye Miskine a signé un cessez-le-feu en décembre 2006, mais il a depuis lors réduit sa participation au processus de paix.

Le FDPC s’est développé à la fin de l’année 2008, à l’approche du dialogue national, lançant des attaques contre l’armée. En février 2009, le FDPC, soutenu par le MLCJ (cf ci-après), a menacé de déclarer la reprise de la guerre ouverte, accusant François Bozizé de revenir sur les engagements pris dans le cadre du processus de paix et de faire preuve de mauvaise foi. Plus tard, le même mois, le FDPC et le MLCJ ont fomenté deux attaques contre les forces du gouvernement. Au cours de l’attaque menée dans la ville de Batangafo, le groupe a fait main basse sur les armes de l’armée et les vivres stockés dans les entrepôts des organisations humanitaires. De nouveaux affrontements ont eu lieu en avril et en mai.

La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP)
 
La Convention des patriotes pour la justice et la paix a été formée à la fin de l’année 2008 et opère dans le nord-est du pays. Son aile politique est dirigée par Charles Massi, ministre sous le régime d’Ange-Félix Patassé. Le groupe a fomenté au moins deux attaques au début de l’année 2009. L’attaque menée par les forces du gouvernement contre une base de la CPJP à Akoursoulbak, un village situé à 75 kilomètres au nord de N'délé, dans la province de Bamingui-Bangoran (en représailles, à la suite d’une attaque lancée par les rebelles dans un commissariat de police, le mois précédent), a incité 5 000 civils à fuir, essentiellement au Tchad, et nombre d’organisations humanitaires à évacuer temporairement N’délé.

Des affrontements entre le groupe et l’armée ont eu lieu en mars 2009 et de nouveau, à N’délé, à la mi-juin. M. Massi a été arrêté au Tchad au début du mois de juin 2009 alors qu’il tentait de franchir la frontière pour se rendre en RCA. Il doit être jugé pour « tentative de déstabilisation d’un pays voisin ».

Le lien entre les dirigeants politiques de la CPCJ (à l’étranger ou à Bangui) et leurs combattants sur le terrain est minime, et on ignore les effectifs du mouvement.

Le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ)
 
Mené par Abakor Sabone, le Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice s’est désolidarisé de l’UFDR en août 2008. Il a signé l’accord de paix global en décembre 2008, mais a annoncé, aux côtés du FDPC, en février 2009, qu’il reprenait les armes. M. Sabone a en effet accusé M. Bozizé d’avoir fait preuve de mauvaise foi, et s’est plaint que ses hommes avaient été exclus du processus de DDR.

L’Armée de résistance du Seigneur (LRA)
 
La LRA, mouvement rebelle ougandais formé au milieu des années 1980, dans le but déclaré de renverser le gouvernement du président ougandais Yoweri Museveni, a un long passé de violations sanglantes des droits humains. Depuis quatre ans, le mouvement est principalement basé dans le parc national de la Garamba, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), et sa présence a été signalée pour la première fois en RCA au début de l’année 2008, lorsque le mouvement a lancé des incursions dans l’extrême sud-est du pays, sans doute pour se ravitailler en vivres et autres équipements, et recruter des civils de force.

Ses forces en RDC ont été dispersées au cours de l’opération Lightning Thunder, menée par l’Ouganda, la RDC et le Sud-Soudan.

Kidnapping highwaymen known as Zaraguina currently spread terror across much of northern CAR.
Photo: Peter Sampson/Centre for Humanitarian Dialogue
Les « Zaraguinas » sèment la terreur dans une bonne partie du nord de la RCA
Les bandits

Connus à la fois sous le nom de coupeurs de route, de Zaraguinas, ou simplement de bandits, ce sont essentiellement des gangs de criminels bien organisés et bien armés qui tuent, enlèvent contre rançon, pillent et incendient les habitations. En l’absence de forces de sécurité nationales efficaces, ils agissent en toute impunité. Les éleveurs peulhs sont leurs principales cibles, en raison de la valeur de leur bétail.

Leurs attaques ont incité des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs villages pour mener une vie précaire dans la brousse ; l’accès aux champs et aux marchés s’en trouve entravé ; les importations acheminées par les principaux itinéraires commerciaux ont été réduites, en particulier en provenance du Cameroun, et le rapatriement des Centrafricains réfugiés au Tchad est retardé. Les Zaraguinas ne sont représentés dans aucun accord de paix.

Les braconniers
 

Des braconniers soudanais lourdement armés opèrent également en RCA. On estime qu’en 2007 seulement, ces braconniers ont été responsables du massacre de 2 000 éléphants dans l’est. S’ils ciblent rarement les civils, ils sont un symptôme du manque de sécurité général et de l’absence d’Etat de droit.

Les forces internationales

La Mission des Nations Unies en RCA et au Tchad (MINURCAT)
 
La MINURCAT est une force des Nations Unies dont le rôle est d’entraîner la police et d’améliorer les infrastructures judiciaires. Elle est composée de 350 policiers et militaires et a pris le contrôle des opérations de l’EUFOR, une force de l’Union européenne, autorisée par le Conseil de sécurité des Nations Unies à opérer à la fois dans l’est du Tchad et dans le nord-est de la RCA, où elle a pour mandat de protéger les civils, de faciliter les opérations d’aide humanitaire et d’assurer la sécurité du personnel des Nations Unies.

La Mission de consolidation de la paix en Centrafrique – MICOPAX
 
La Mission de consolidation de la paix en Centrafrique est une force multinationale qui a pour mandat de contribuer à l’instauration durable de la paix et de la sécurité en RCA, et de faciliter le dialogue politique.

Elle est composée de 500 soldats et civils originaires de République du Congo, du Gabon, du Tchad et du Cameroun. Elle opère sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale.

Sources : UNICEF, HCR, IPIS, archives d'IRIN, Groupes armés transnationaux et non-étatiques

am/mw/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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