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Désarmement partiel, mais pas de branche d’olivier en vue – analyse

A female soldier from the Sudan People's Liberation Army
(SPLA) marches during a ceremony to mark a massive demobilization programme in Southern Sudan, before surrendering her weapon and becoming a civilian Peter Martell/IRIN
Si une étape clé du processus de paix au Soudan – la reconversion des anciens rebelles en civils, dans le sud - a commencé cette semaine, les deux parties signataires de l’accord de 2005 sont toutefois loin d’avoir enterré la hache de guerre.

Soutenu par les Nations Unies, le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des membres de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), a été engagé lors d’une cérémonie, tenue à Juba, capitale du Sud-Soudan, le 10 juin. Ce processus ciblera dans un premier temps quelque 35 000 personnes désignées comme appartenant à des « groupes à besoins spéciaux » – comprenant les personnes handicapées, les vétérans et les femmes associées aux forces et groupes armés.

Le processus avait été lancé en février dans le nord. En tout, quelque 180 000 personnes devraient renoncer à la vie militaire pour retourner à la vie civile, dans l’ensemble du pays. Ces personnes recevront de l’aide dans différents domaines : agriculture et élevage, formation professionnelle, création de petits commerces et formation académique. La réussite du processus de DDR et la création de moyens de subsistance durables sont considérées comme essentielles pour assurer la sécurité dans le pays, à long terme.

Selon Ashraf Qazi, qui dirige la mission de maintien de la paix des Nations Unies au Soudan (MINUS), ce programme est « l’une des opérations de DDR les plus complexes et les plus vastes en son genre dans le monde ».

Mais de graves difficultés subsistent : les experts ont notamment expliqué que la DDR dépendait de la mise en œuvre d’autres dispositions de l’Accord de paix global (APG) de 2005, qui a mis officiellement fin à un conflit qui avait fait quelque deux millions de morts.

« La DDR est un des nombreux éléments du processus de paix : son succès dépend également de la mise en œuvre de tous les autres points stipulés dans l’APG », a expliqué Lise Grande, adjointe du Coordinateur résident et Coordinateur humanitaire des Nations Unies au Sud-Soudan, faisant remarquer que le nord et le sud n’avaient pas encore engagé le dialogue sur la réduction des effectifs de leurs forces respectives, un « processus critique ».

« Compte tenu de l’importance de la DDR pour la mise en œuvre de l’APG dans son ensemble, nous pensons qu’il est extrêmement important que ces négociations soient engagées sans plus attendre », a déclaré Mme Grande, lors de la cérémonie de lancement, à Juba.

Plus de quatre ans après la signature de l’APG, l’animosité et la méfiance caractérisent encore les relations entre les deux gouvernements, en particulier sur les questions de la répartition des pouvoirs et de l’exploitation des richesses pétrolières.

Tensions

Rares sont ceux qui excluent la possibilité de voir cette animosité – ou les tensions observées au Sud-Soudan, où des communautés rivales se sont affrontées à de nombreuses occasions, ces derniers mois - dégénérer et donner lieu à la reprise d’un conflit armé majeur.

Dans un tel contexte, des questions ont été soulevées concernant la contribution potentielle du processus de DDR, maintes fois retardé, à l’instauration d’une paix durable.

« Les décisions du gouvernement sud-soudanais dans le domaine de la sécurité continuent d’être motivées par ce qu’il considère comme un conflit non résolu avec le nord », a averti Small Arms Survey, un organisme genevois, dans un rapport publié en mai.

« La sécurité continue d’être envisagée par rapport à la nécessité de se préparer pour une prochaine guerre potentielle, et notamment à la nécessité de faire face à des forces intermédiaires perçues et à d’autres groupes et individus déstabilisants, opérant dans le sud », pouvait-on également lire dans le rapport.

Parallèlement, les Nations Unies s’efforcent de persuader les bailleurs d’accorder les fonds nécessaires pour financer le programme de DDR, qui coûtera 385 millions de dollars sur trois ans.

Les bailleurs se sont engagés à verser environ 88 millions de dollars à l’occasion de la conférence de février à Juba, et en avril, le Comité budgétaire des Nations Unies à New York a consenti à tripler les ressources de la MINUS pour financer les opérations de DDR.

Mais il reste un manque considérable de financements à combler. « Les Nations Unies sont prêtes à soutenir le processus de DDR, et sont même enthousiastes à cette idée, mais pour ce faire, nous dépendons dans une bonne mesure des contributions de la communauté internationale », a déclaré Mme Grande.

« Nous souhaitons encourager les bailleurs à continuer d’apporter leur soutien généreux ».

Southern Sudanese soldiers from the Sudan People's Liberation Army (SPLA) parade through Juba in May 2009 for celebrations to mark the 26th anniversary of the start of Sudan's civil war
Photo: Peter Martell/IRIN
Le retour des soldats à la vie civile est essentiel pour mettre en œuvre l’accord de paix (photo d’archives)
Finances internes

Le gouvernement soudanais d’union nationale doit également contribuer au processus, mais la chute vertigineuse du cours du pétrole – principale source de revenus du pays - a considérablement réduit les ressources de l’Etat.

Salva Kiir, président du Sud-Soudan, a récemment déclaré que la situation économique exposait la région à des difficultés « très graves et très profondes ».

M. Kiir a également déclaré, lors d’une conférence des dirigeants traditionnels, organisée le 17 mai, qu’une « baisse ?de revenus? de 50 pour cent » était annoncée pour 2009, selon les prévisions.

Toutefois, au lancement de la DDR, M. Kiir a annoncé l’octroi de 30 millions de dollars pour financer le programme dans le sud.

« Ces fonds seront spécifiquement consacrés à assurer aux anciens combattants des logements de bonne qualité, écologiquement viables, à faible coût », a indiqué Luka Monoja, ministre du Cabinet sud-soudanais, qui s’exprimait au nom du président Kiir.

« Cette somme permettra aux anciens combattants aptes à cette tâche d’acquérir les compétences nécessaires pour mener les travaux de construction de ces logements pour leurs collègues ».

Le premier groupe d’inscrits s’est fait l’écho d’un simple désir de paix, commun au sein de la population soudanaise, et d’un épuisement à l’idée d’une reprise du conflit.

« Il y a une grande différence entre la guerre et la paix, parce que maintenant, ça va bien », a déclaré Michael Taban, qui avait rejoint les rangs de l’armée sud-soudanaise, encore rebelle, en 1990, après avoir déserté les forces du gouvernement nordiste.

« Je veux juste devenir mécanicien, parce que c’est ça que je sais faire », a-t-il ajouté.

pm/am/mw/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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