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Une augmentation de capital qui n’aidera pas les pauvres – ONG

Villagers struggling with waterlogged fields in parts of southern Bangladesh have been growing food on floating islands of paddy straw, water hyacinths and other aquatic plants called bairas IUCN Bangladesh
Villagers struggling with waterlogged fields in parts of southern Bangladesh have been growing food on floating islands or bairas of paddy straw, water hyacinths and other aquatic plants
Les organisations non-gouvernementales (ONG) ont critiqué la décision prise par la Banque asiatique de développement (BAD) de tripler son capital, affirmant que les projets financés par l’organisme avaient fait plus de mal que de bien aux communautés qu’ils visaient à aider.

Le 30 avril, les actionnaires de la BAD ont convenu d’augmenter la base de capital de la banque, la portant de 55 milliards à 165 milliards de dollars, pour permettre à l’organisme d’intervenir face à la crise économique mondiale et d’aider les pays les plus pauvres d’Asie à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, et notamment à réduire de moitié le nombre d’habitants vivant dans la pauvreté, d’ici à 2015.

La BAD a indiqué, dans un rapport publié dernièrement, que la crise économique était plus vaste et plus profonde que la crise financière asiatique de 1997-1998.

Selon le rapport, une étude menée par la BAD a révélé que quelque 60 millions de personnes, qui auraient pu se sortir d’une extrême pauvreté, resteraient extrêmement pauvres cette année, et qu’elles pourraient être 100 millions d’ici à la fin de l’année 2010.

Haruhiko Kuroda, président de la BAD, a déclaré le 2 mai que « l’immense déficit infrastructurel » de l’Asie était un obstacle majeur aux investissements, à la croissance économique et aux mesures de réduction de la pauvreté.

Mais le NGO Forum on ADB ?Forum des ONG sur la BAD?, un réseau de 250 associations d’activistes qui suit les activités de la banque depuis 1992, a qualifié cette mesure « d’irresponsable et dangereuse », affirmant que les projets financés par la BAD avaient provoqué des déplacements de population forcés et nuit à l’environnement, dans la région.

Selon le NGO Forum, cette augmentation de capital devrait bénéficier, en bonne partie, aux clients du secteur privé et aux grandes infrastructures, et de nombreuses études ont montré que ce type de financement ne profitait pas aux populations les plus pauvres.

« Si elle n’est pas bien gérée, cette augmentation générale du capital de 200 pour cent pourrait facilement se traduire par une augmentation des dommages sociaux et environnementaux de plus de 200 pour cent », a déclaré Red Constantino, directeur exécutif du NGO Forum, dans un communiqué.

Déplacement
A good harvest this year, does not necessarily mean that the same next year.
Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN
Selon une étude menée par la BAD, quelque 60 millions de personnes, qui auraient pu se sortir d’une extrême pauvreté, resteront extrêmement pauvres cette année (photo d’archives)

Selon l’International Accountability Project, un organisme de surveillance du développement dans le monde, à l’heure actuelle, environ 15 millions de personnes dans le monde sont forcées, chaque année, de quitter leur région, leur communauté et leurs terres pour faire place à de grands projets de développement (mines, barrages, centrales électriques, infrastructures et plantations).

Au Népal, 20 000 habitants seront contraints de quitter leurs terres pour laisser place au projet d’énergie hydraulique financé par la BAD, qui doit être lancé dans l’ouest de la zone de Seti, dans le nord-ouest du pays, selon Ratan Bandari, dont la famille sera parmi les ménages réinstallés ailleurs si le projet est lancé.

« Nous ne recevons aucune information sur le projet, à part des rapports », a expliqué M. Bandari à IRIN, lors du sommet annuel de la BAD, organisé sur l’île indonésienne de Bali entre les 2 et 5 mai.

« Il n’y a pas d’investissements internes dans ce projet. Il y a tellement de problèmes. ?On n’a? pas d’informations, et les populations locales ne sont pas vraiment consultées », a-t-il expliqué.

M. Kuroda a déclaré que la banque avait fait tout son possible pour veiller à la viabilité environnementale de ses projets.

« Nous avons des systèmes de responsabilité adéquats, permettant de répondre de manière adaptée à toute plainte relative aux mesures de protection de l’environnement, et aux questions de réinstallation », a déclaré M. Kuroda lors d’une conférence de presse, qui s’est tenue le 2 mai, à Bali.

« Je pense que la BAD a beaucoup appris de ses expériences passées et nous avons accompli d’importants progrès, et je dois dire qu’au contraire, la plupart de nos projets infrastructurels sont bons pour l’environnement », a-t-il déclaré.

IDPs want more humanitarian aid than just transportation costs to return their places of origin. Almost two years since the end of a decade-long conflict, thousands have yet to go home.
Photo: Naresh Newar/IRIN
Au Népal, 20 000 personnes devraient être forcées de quitter leurs terres pour laisser place au projet d’énergie hydraulique financé par la BAD, qui doit être lancé dans l’ouest de la zone de Seti, dans le nord-ouest (photo d’archives)
Repenser la finance du développement

Mais selon Stephanie Fried de l’Environmental Defense Fund, un organisme new-yorkais de plaidoyer en faveur de l’environnement, les problèmes posés par le projet prévu dans l’ouest de la zone de Seti, au Népal, ne sont pas uniques : dans l’ensemble de la région Asie Pacifique, les communautés concernées par les projets de la BAD en ont signalé de semblables.

« Globalement, il y a là une vraie occasion de repenser la finance du développement. La BAD utilisera-t-elle son augmentation de capital de manière responsable ou continuera-t-elle comme avant, au détriment des populations locales et de l’environnement ? », s’interroge Mme Fried.

Dans un rapport publié le 3 mai, ActionAid International a déclaré que, d’après les conclusions de plusieurs études de cas menées au Vietnam, au Népal, au Bangladesh et au Cambodge, les projets financés par la BAD n’avaient pas permis de réduire la pauvreté et la vulnérabilité des populations aux crises climatiques, alimentaires et économiques.

Au Bangladesh, plus de 60 000 petits paysans, pêcheurs et foyers, qui dépendent des zones humides du pays, risquent de perdre leurs moyens de subsistance, leurs terres et leurs cultures, en raison d’un projet de gestion des ressources en eau financé par la BAD dans le sud-ouest, d’après ActionAid.

Au Laos, 30 000 personnes ont été plongées dans la misère par le projet d’énergie hydraulique de Theun-Hinboun, qui les a privées des ressources naturelles dont elles avaient besoin pour gagner leur vie, a indiqué l’organisme.

Plus de 1 500 familles ont également été déplacées par le projet Autoroute 1 financé par la BAD au Cambodge, selon Leak Kay de Conservation and Development Cambodia, une ONG.

« La BAD ne fait que mettre de la pommade sur les crises alimentaires, économiques et climatiques ; elle ne guérit pas. Et sa propre version du développement n’a fait qu’ajouter à la crise qui touche les populations pauvres d’Asie », a déclaré, dans un communiqué, Rashed al Mahmud Titumir, directeur des politiques d’ActionAid pour l’Asie.

Selon ActionAid, la banque devrait créer un système de financement sans condition, en plus des programmes actuels, et investir davantage dans l’agriculture en veillant à protéger les petits paysans.

atp/ds/mw/nh

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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