Cet accord fait suite à une série de mesures visant à rétablir la paix dans les provinces troublées des Kivus, un processus dans le cadre duquel des milliers de combattants ont déjà intégré l’armée nationale.
« Dans cette déclaration, tous les groupes ont clairement annoncé qu’ils n’existaient plus », a déclaré Apollinaire Malumalu, coordinateur du comité chargé de suivre les progrès accomplis dans le cadre des différents accords de paix.
« Dorénavant, les anciens combattants qui s’intègrent à la vie civile emploieront des moyens pacifiques pour s’exprimer », a-t-il assuré.
Le porte-parole de plusieurs groupes d’auto-défense connus sous le nom de Mayi-Mayi a toutefois exprimé des réserves concernant le dernier accord.
« Nous avons signé ce document, que certains ont qualifié d’arrêt de mort pour les groupes armés, mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait plus de groupes [armés] sur le terrain, parce que chacun se justifie en invoquant le patriotisme, pour les familles, pour les villages ou pour protéger des biens. Une fois qu’ils sont menacés, ils ont tendance à prendre les armes », a expliqué Didier Bitaki.
« Mayi-Mayi est un état d’esprit qui veut dire que nous pouvons signer un accord qui marquera la fin de notre existence aujourd’hui, mais que demain, si nous sommes mécontents, frustrés ou si nous nous sentons menacés, on ne pourra pas nous empêcher, en tant que Congolais, de nous organiser pour résister », a-t-il ajouté.
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D’anciens rebelles et membres des milices Mayi-Mayi, qui ont intégré l’armée nationale, paradent après la signature, à Goma, par plusieurs groupes armés, d’un accord prévoyant leur dissolution |
Human Rights Watch (HRW), association américaine de défense des droits humains, a réservé un accueil prudent à cette déclaration.
« La signature d’un accord… est un pas en avant, mais des signatures sur un bout de papier ne feront pas disparaître par magie le problème des groupes armés dans l’est du Congo », a déclaré Anneke Van Woudenberg, chercheuse principale sur l’Afrique à HRW.
Les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), mouvement rebelle rwandais actif de longue date dans l’est de la RDC, « restent une menace et s’en prennent désormais délibérément à la population congolaise, en représailles, à la suite des opérations militaires menées contre eux », a-t-elle fait remarquer.
Selon Mme Woudenberg, l’armée nationale « semble incapable de protéger les civils et s’attaque elle-même aux communautés locales ».
« Le problème des groupes armés continuera de peser sur l’est du Congo si on ne trouve pas de solution pour désarmer les FDLR et réformer l’armée congolaise, de sorte qu’elle devienne une armée qui protège ses citoyens, au lieu de les maltraiter. Ces solutions devront être soutenues par un processus politique visant à traiter les questions sous-jacentes qui motivent le conflit dans l’est du Congo : les querelles foncières, la cohabitation ethnique, le rapatriement des réfugiés et l’exploitation des ressources naturelles », a-t-elle expliqué.
Pour M. Malumalu, coordinateur du comité de suivi, ces questions seront mieux traitées une fois que les mouvements armés se seront convertis en partis politiques, conformément aux dispositions des précédents accords.
« Après la phase de sécurité, nous entrons à présent dans la phase de réconciliation, de stabilisation communautaire, au cours de laquelle les différentes résolutions » prises lors des pourparlers de paix, en janvier 2008, seront mises à exécution.
Le processus d’intégration des membres des groupes armés au sein de l’armée régulière a été engagé en octobre 2008 ; depuis lors, quelque 11 482 combattants issus de différents groupes ont intégré l’armée.
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