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Les aborigènes d’Australie détiennent-ils la réponse à la déforestation au Sahel ?

Farmers gather for a workshop on growing acacia trees (file photo) World Vision
Farmers gather for a workshop on growing acacia trees in the Sahel (file photo)
Depuis plus de 20 ans, les scientifiques tentent d’introduire au Niger l’acacia typiquement cultivé par les aborigènes des régions sèches d’Australie. Or, malgré la capacité de l’acacia à supporter les tempêtes de vent, la chaleur et la sécheresse, les fermiers nigériens sont lents à adopter cette plante vivace et ses graines riches en protéines. Pourtant, à l’heure où la déforestation décime les arbres d’Afrique, cette importation aborigène pourrait combler un vide croissant, à en croire les experts de l’agriculture.

Bien que l’Afrique n’abrite que 16 pour cent de la surface forestière mondiale, entre 2000 et 2005, elle a perdu environ quatre millions d’hectares par an (près d’un tiers de la déforestation mondiale), selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Sur les 1 300 espèces d’acacias qui existent dans le monde, plus de 900 sont originaires d’Australie, selon le gouvernement australien.

D’après Peter Cunningham, formateur agricole chez Serving in Mission (SIM), un organisme à but non-lucratif australien, les acacias se sont avérés « robustes », au Niger, ces 20 dernières années. "Les gens commencent enfin à voir les avantages que présente cet arbre, au taux de survie élevé."

Alimentation

Au Niger, près de deux millions de personnes souffraient de malnutrition modérée en décembre 2008, selon les statistiques du gouvernement. Si dans l’ensemble du pays, d’après une étude menée par le gouvernement en décembre, les foyers souffrant de malnutrition sévère (sept pour cent) étaient deux fois moins nombreux en 2008 que l’année précédente, dans certaines zones de production agricole telles que Tchintabaraden, à 800 kilomètres au nord de Niamey, la capitale, un tiers de la population est encore atteint de malnutrition grave.

Le gouvernement recherche le soutien des bailleurs pour fournir des semences et des engrais à 250 000 familles.

Selon M. Cunningham, les acacias (qui ont coûté à SIM environ cinq centimes de dollar l’un et sont distribués gratuitement aux fermiers) peuvent contribuer à améliorer la situation alimentaire souvent précaire qui prévaut dans le pays.

Sol

Dans un rapport rédigé en 2008 pour le compte de l’organisme à but non-lucratif World Vision sur la viabilité des acacias et leur capacité à améliorer la sécurité alimentaire et le rendement des cultures, M. Cunningham explique que les techniques agricoles inadaptées employées au Niger pendant plusieurs décennies ont épuisé les nutriments du sol. Les acacias peuvent augmenter le rendement des cultures, a-t-il indiqué à IRIN, mais seulement s’ils sont bien plantés.

Le rapport contient des diagrammes indiquant comment les acacias doivent être plantés en rangées à 25 mètres d’intervalle, et à cinq mètres d’intervalle sur le périmètre, et couplé à d’autres cultures telles que le millet ou le sorgo.

M. Cunningham, qui travaille dans la région semi-aride de Maradi, dans le sud du Niger, a écrit que ce "système agricole agroforestier" permettrait de diversifier les revenus des agriculteurs, de réduire les risques qu’un climat peu clément détruise l’une des cultures, et d’assurer une meilleure répartition des revenus et du travail tout au long de l’année.

"En plus de donner des graines nutritives qui peuvent servir à produire une farine riche en protéines, utilisable pour la fabrication des pâtes et du pain," a expliqué M. Cunningham à IRIN, "Ces arbres protègent également contre les tempêtes de sable qui assèchent des cultures de rente moins résistantes."

Fatalisme agricole

Depuis 2004, M. Cunningham essaie de faire renaître un intérêt pour les acacias chez les agriculteurs. Il a expliqué à IRIN qu’il travaillait avec près de 500 fermiers dans 33 villages du sud du Niger. Chaque fermier possède une centaine d’acacias, a-t-il noté.

Mais d’après le formateur agricole, l’adoption est lente. "Les agriculteurs de subsistance pratiquent le même type d’agriculture traditionnelle depuis longtemps. L’acceptation des arbres se fait progressivement." En outre, selon lui, la plupart des fermiers de la communauté essentiellement musulmane de Maradi sont fatalistes quant à leurs terres arides. "Ils se disent que c’est la volonté de Dieu. Cette mentalité fait obstacle à l’acceptation générale de ces arbres."

M. Cunningham a également expliqué à IRIN que l’intérêt suscité par les acacias avait décru lorsque les bailleurs avaient cessé d’apporter leur soutien, dans les années 1990.
"Cette plante faisait partie des programmes ["nourriture contre travail" du Programme alimentaire mondial], mais quand cela s’est terminé [à Maradi], les arbres n’ont pas survécu longtemps.» La durée de vie moyenne des acacias est de 10 ans.

D’après M. Cunningham, néanmoins, la situation est en train de changer et la recherche a montré comment son système de racines aidait l’acacia à mieux supporter la sécheresse et les pluies "inopportunes". En 2008, au Niger, les crues ont détruit des centaines de champs agricoles, selon les Nations Unies.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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