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La condition des femmes irakiennes, une « urgence silencieuse » - enquête

A displaced Iraqi woman living in the Adhamiyah neighbourhood of Baghdad. Over 60 percent of internally displaced Iraqis are from Baghdad jamesdale10/Flickr
Une femme irakienne déplacée, qui vit dans le quartier d’Adhamiyah, à Bagdad. Cinquante-cinq pour cent des femmes interrogées ont déclaré avoir été déplacées au moins une fois depuis 2003
Une nouvelle enquête, publiée à l’occasion de la Journée internationale de la femme, le 8 mars, dresse un sombre tableau de la condition des femmes irakiennes, qui vivent, selon le rapport, en situation « d’urgence silencieuse », endurant l’insécurité, la pauvreté et le manque de services de base.

Intitulée « In Her Own Words: Iraqi women talk about their greatest concerns and challenges » [Avec leurs propres mots : les Irakiennes parlent de leurs principales préoccupations et de leurs plus grandes difficultés], cette enquête a été réalisée en 2008 par l’organisation humanitaire Oxfam International, en collaboration avec l’association de femmes irakiennes al-Amal. Elle a été menée auprès de 1 700 femmes originaires de cinq provinces : Bagdad, Ninevah, Bassora, Kirkuk et Najaf.

L’enquête a permis de découvrir que l’insécurité continuelle compromettait gravement le bien-être physique des femmes et limitait strictement leur quotidien.

Environ 60 pour cent des sondées ont déclaré que la sécurité était leur première préoccupation, bien qu’elle se soit améliorée depuis la mi-2007.

Environ 55 pour cent ont dit avoir été les victimes directes ou indirectes des violences, depuis l’invasion du pays, en 2003, par la coalition menée par les Etats-Unis ; invasion qui avait abouti au renversement du gouvernement de l’ancien président Saddam Hussein.

Cinquante-cinq pour cent ont également confié avoir été déplacées au moins une fois depuis 2003. Un tiers, qu’elles n’avaient reçu aucune aide humanitaire ces cinq dernières années, et 76 pour cent des veuves, qu’elles n’avaient reçu aucune aide de la part du gouvernement.

« Les revenus ont disparu, la pauvreté s’est aggravée, ?et? le gouvernement irakien n’accorde pas une aide financière suffisante aux groupes vulnérables, tels que les veuves, et les ?groupes de? femmes à risque ont besoin d’une aide humanitaire », peut-on lire dans une section de l’enquête de 19 pages.

Toujours selon l’enquête, un quart des femmes interrogées n’avaient pas quotidiennement accès à l’eau potable, et la moitié d’entre elles ont expliqué qu’elles avaient eu des difficultés à bénéficier de soins de santé de qualité en 2008, comparé à 2006 et 2007.

Nawal al-Samaraie, Iraq's former minister for women’s affairs, shakes hands with the Rt Hon Ann Clwyd MP, the British prime minister's special envoy on human rights in Iraq
Photo: UK Foreign and Commonwealth Office/Flickr
Nawal al-Samaraie (à droite), ancienne ministre irakienne de la Condition féminine
Quarante pour cent des sondées qui avaient des enfants ont déclaré que ceux-ci n’étaient pas scolarisés. Près de 36 pour cent ont dit être chef de famille, essentiellement en raison des violences.

« D’innombrables mères, épouses, veuves et filles d’Irak restent piégées dans l’étau d’une urgence silencieuse », peut-on lire dans le rapport. « Elles ont besoin d’être protégées d’urgence et ont désespérément besoin, ainsi que leurs familles, d’avoir régulièrement accès à des services de base de qualité, à des prix abordables ; elles ont également besoin de recevoir une aide financière et humanitaire améliorée, d’urgence ».

Les recommandations du rapport

A l’aune de ce rapport, Hanaa Adward, directrice de l’association al-Amal, sise à Bagdad, a appelé le gouvernement à adopter une stratégie immédiate et efficace à l’égard des femmes, pour sauver « les générations futures du pays ».

« La femme irakienne souffre encore d’une situation grave et difficile, des circonstances au quotidien et de la marginalisation au sein de sa propre société », a déclaré Mme Adward à IRIN. « Elle n’a pas le minimum vital, qu’elle vive en ville ou à la campagne ».

Mme Adward a suggéré que la stratégie prévoie de trouver des emplois aux femmes jeunes au chômage, et aux veuves, afin qu’elles puissent être des éléments productifs et actifs de la société.

Avant tout, a déclaré Mme Adward, il faudrait former une commission supérieure pour la femme, en lui assurant un soutien financier suffisant de la part de l’Etat, pour identifier et résoudre les problèmes des femmes.

« Nous sommes déterminés à faire pression en faveur de cette stratégie auprès de tous les décideurs du gouvernement », a-t-elle affirmé. « Si le gouvernement veut une société saine, il doit commencer par les femmes ».

Le 3 février, Nawal al-Samaraie a démissionné de son poste de ministre de la Condition féminine, pour protester contre un manque de ressources pour mettre en œuvre ses projets, visant à améliorer la condition des femmes.

Mme Al-Samaraie a accusé le gouvernement d’ignorer une « foule » de femmes sans instruction, de veuves, de victimes de violences domestiques et de femmes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, qui ont toutes désespérément besoin d’aide.

Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien, a accepté sa démission, mais à ce jour, le poste reste vacant.

sm/ar/ed/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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