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D’autres organisations humanitaires dans le collimateur

[Sudan] Girl caught in Janjaweed crossfire, Junaynah hospital, western Darfur. December 2003. IRIN
The removal of key agencies would be a severe blow to the poorest, especially in Darfur where violence continues to affect many civilians (file photo)
Après avoir expulsé du pays 13 organisations humanitaires internationales travaillant au Darfour, des responsables soudanais ont prévenu que des menaces similaires planaient sur d’autres organisations, tandis que des « enquêtes » sur les activités de celles soupçonnées de collaboration avec la Cour pénale internationale (CPI) se poursuivent.

« Le processus continue », a dit Hassabo Mohammed Abdel Rahman, en charge de la Commission gouvernementale des affaires humanitaires. « D’autres ONG sont ciblées et font l’objet d’enquêtes. Si nous trouvons des preuves [contre elles], nous les expulserons ».

Le Soudan a déjà donné l’ordre à 13 ONG de quitter le pays, affirmant qu’elles fournissaient des informations à la CPI avant que cette dernière lance un mandat d’arrêt contre le président Omar el-Bashir, sur des accusations de crimes de guerre.

« La décision du gouvernement soudanais d’expulser 13 ONG engagées dans des opérations humanitaires au Darfour causera, si elle est mise en œuvre, des dommages irréparables aux opérations humanitaires [dans cette région] », a prévenu Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies.

Selon les Nations Unies, ces opérations sont cruciales pour la survie de 4,7 millions de personnes dans cette région du Darfour, dans l’ouest du pays. Quelque 300 000 personnes y sont mortes au cours des cinq dernières années, des suites directes des combats, mais aussi de maladies, de malnutrition ou en raison de la baisse de l’espérance de vie.

M. Bashir a rejeté les accusations de la CPI, les décrivant comme un complot du « néo-colonialisme » occidental. Ses partisans sont sortis en nombre le 5 mars dans les rues de Khartoum, la capitale, pour manifester.

Situation in Sudan - Map
Photo: ReliefWeb
M. Rahman n’a mentionné aucune ONG en particulier, mais a dit que les organisations faisant l’objet de ces enquêtes travaillaient non seulement au Darfour mais aussi « partout au Soudan ».

Ces nouvelles menaces d’expulsion interviennent malgré une pression croissante de la communauté internationale sur le Soudan – y compris de la part de la Commission européenne et des Etats-Unis – pour autoriser les organisations expulsées à revenir.

Des populations en danger

L’organisation de défense des droits humains Amnesty international a prévenu que 2,2 millions de vies étaient en jeu. Les populations de la région du Darfour sont « punies par leur propre gouvernement en réponse au mandat d’arrêt », a-t-elle dit.

Le départ de ces agences importantes serait un coup sévère porté aux plus pauvres, particulièrement au Darfour où un grand nombre de civils continuent à souffrir des violences, ont dit des observateurs.

« Les autorités soudanaises doivent immédiatement revenir sur leur décision », a estimé Tawanda Hondora, directeur adjoint d’Amnesty pour l’Afrique. « Il n’y a tout simplement pas d’alternative envisageable ».

Dix ONG ont été expulsées le 4 mars et trois autres le jour suivant, entre autres Oxfam, CARE, MSF, Mercy corps, Save the children, Norwegian refugee council, International rescue committee, Action contre la faim, Solidarités et CHF international.

Certaines d’entre elles ont dû fournir une liste de leurs biens et de leurs coordonnées bancaires, tandis que d’autres se sont vu confisquer leurs ordinateurs, équipements de communication et véhicules, selon Catherine Bragg, coordinatrice adjointe des secours d’urgence des Nations Unies.

A UNAMID convoy patrols through Dali village in North Darfur. September 2008.
Photo: Heba Aly/IRIN
Les opérations humanitaires et de maintien de la paix des Nations Unies au Soudan continueront, a dit Ban Ki-moon (photo d'archives)
Certains personnels internationaux ont reçu l’ordre de quitter le pays sous 24 heures, tandis que d’autres ont été détenus quelques heures, avant d’être relâchés.

« Ils ont coopéré avec la CPI – certains ont envoyé des [informations] montées de toutes pièces à la CPI sur un génocide », a dit M. Rahman.

Les organisations expulsées ont rejeté les accusations. Dans un communiqué, Oxfam a dit qu’elle n’avait « aucune opinion sur les activités [de la CPI] ; notre seul but consiste à répondre aux besoins humanitaires et de développement au Soudan ».

Des groupes rebelles du Darfour ont fait part de leur colère face à ces expulsions et ont demandé qu’elles soient annulées.

« Les populations du Darfour sont déjà affamées – et maintenant le gouvernement veut leur prendre leur nourriture », a déploré Maghoub Hussein, un porte-parole de la faction Unité de l’Armée de libération du Soudan. « C’est un gouvernement qui veut faire souffrir son peuple toujours plus, et qui doit en être empêché ».

Entre 200 et 300 employés internationaux employés par ces organisations auraient reçu l’ordre de partir. Au total, environ 16 000 travailleurs humanitaires travaillent au Darfour, 95 pour cent d’entre eux étant soudanais.

Ban Ki-moon s’est engagé à ce que les opérations humanitaires et de maintien de la paix des Nations Unies au Soudan se poursuivent.

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pm/eo/mw/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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