L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a pris cette décision lors de son sommet annuel, qui s’est tenu le week-end dernier en Thaïlande.
« La question des migrants musulmans du Myanmar est une problématique régionale, qui doit être résolue à l’échelle régionale », a expliqué à IRIN le Premier ministre malaisien, Abdullah Ahmad Badawi, à l’issue du sommet de l’ASEAN, qui s’est déroulé pendant deux jours dans la ville côtière de Cha-am Hua Hin, en Thaïlande.
« Cette situation nous est défavorable ; nous avons accepté le fait que les membres de l’ASEAN ne doivent pas exporter leurs problèmes dans les autres pays », a-t-il ajouté.
« Les ministres des Affaires étrangères ont décidé qu’il serait plus approprié de discuter de la question des Rohingyas lors du processus de Bali », a indiqué aux journalistes Surin Pitsuwan, Secrétaire général de l’ASEAN. « Il s’agit d’un problème humain, un problème d’humanité au sens large ».
Lors du sommet, Hasan Wirajuda, co-président du processus de Bali aux côtés de l’Australie, a déclaré que le sujet serait abordé lors du prochain sommet annuel du groupe, qui se tiendra à Bali les 14 et 15 avril, et auquel le Myanmar a confirmé sa participation.
« Le processus de Bali constitue pour la région une occasion particulièrement attrayante et viable de se rassembler pour discuter de la question des Rohingyas », a dit à IRIN M. Pitsuwan.
« Les États membres de l’ASEAN concernés par le problème peuvent se rassembler et mettre en commun leur expertise et leurs ressources pour replacer ce problème dans un contexte adéquat et le résoudre ensemble », a-t-il poursuivi.
Le processus de Bali
Le processus de Bali, créé en 2002, réunit plus de 50 pays ayant pris l’engagement d’adopter des mesures concrètes pour contribuer à la lutte contre la contrebande et le trafic de personnes, ainsi que la criminalité transnationale qui y est liée, dans la région de l’Asie-Pacifique et au-delà.
Photo: ReliefWeb |
Carte montant la région natale du peuple rohingya dans la province Rakhine, située au nord-ouest de Myanmar, et deux destinations que les Rohingyas ont récemment gagnées à l’aide d’embarcations : les îles Andaman en Inde, et Aceh en Indonésie |
L’OIM et l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) sont membres du secrétariat et participent à l’organisation des réunions.
Un problème de longue date
Le problème des Rohingyas, également appelés Bengalais par le gouvernement de Myanmar, a refait surface il y a quelques mois, lorsque des milliers de personnes ont risqué leur vie pour aller trouver une vie meilleure en Malaisie ou en Indonésie. Durant plusieurs semaines, ils ont bravé la mer agitée dans de petites embarcations, au large de la côte est de l’Asie du Sud-Est.
Les centaines de personnes qui sont parvenues à gagner la Thaïlande ont ensuite été renvoyées en mer par les autorités thaïlandaises, avec très peu de nourriture et d’eau. Nombre d’entre elles ont débarqué à Aceh, en Indonésie, et dans les îles indiennes Andaman.
Le ministre des Affaires étrangères du Myanmar, Nyan Win, a affirmé à ses homologues de l’ASEAN que son pays était prêt à accepter tous les Rohingyas d’Arakan (province de Rakhine), située dans le nord ouest du pays, en mesure de prouver leur citoyenneté.
La tâche consistant à recenser l’ensemble des musulmans du Myanmar en Indonésie, en Inde et en Thaïlande a été confiée au secrétariat de l’ASEAN.
SI cette mesure pourrait contribuer au retour des boat people ayant d’ores et déjà tenté de fuir les persécutions dans leur pays natal, il est cependant peu probable qu’elle donne lieu à un exode massif.
« Le Myanmar doit revoir la façon dont il traite les Rohingyas. Tant que les Rohingyas seront persécutés au Myanmar, ils continueront à quitter le pays, quel que soit le statut légal qui les attend ailleurs », a affirmé l’organisation Refugees International, basée à Washington DC, dans une déclaration publiée à l’occasion du sommet de l’ASEAN.
« Les Rohingyas ne peuvent se déplacer librement d’un village à l’autre, ils sont victimes de viols et de torture, subissent le travail forcé, la confiscation des terres, les extorsions, et se voient également interdire le mariage ».
Selon l’UNHCR, on recense quelque 28 000 réfugiés rohingyas reconnus dans les deux camps de l’UNHCR au Bangladesh, et 200 000 non déclarés en dehors de ces camps.
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