Israël a largué un grand nombre de bombes à dispersion sur le sud du Liban pendant la guerre de juillet 2006 contre le Hezbollah, groupe rebelle chiite et mouvement politique. Chaque bombe peut libérer des centaines de sous-munitions, dont environ un quart n’ont pas explosé au moment de l’impact, devenant ainsi des mines terrestres susceptibles de tuer ou de mutiler les populations.
« Presque toutes les organisations doivent lutter sans cesse pour susciter assez d’intérêt et obtenir les financements nécessaires pour permettre aux équipes de continuer à travailler sur le terrain, ce qui influe de toute évidence sur la quantité de bombes à dispersion ?sous-munitions? qu’elles peuvent retirer », a expliqué Tekimiti Gilbert, responsable de programme par intérim du Centre de Coordination de la lutte anti-mines des Nations Unies (UNMACC).
Au début de cette année, 33 équipes travaillaient sur le terrain, contre 44 l’année dernière, a-t-il indiqué. Mais six de ces équipes, engagées par le Mines Advisory Group (MAG), une organisation non-gouvernementale (ONG) britannique, et DanChurchAid, un organisme danois, ont cessé leurs activités depuis lors.
Photo: Dina Debbas/UNICEF |
Blessée par une sous-munition, avec laquelle ses cousines et elle-même étaient en train de jouer, à Aita Shaab, au Liban, Skina, 9 ans, reçoit des soins (photo d’archives) |
La réduction des opérations de déminage ralentira le déminage des quelque 12 millions de mètres carrés de terres contaminées restants, soit un quart de la zone de frappe initialement estimée.
Au cours de l’année 2008, 44 équipes ont déminé un peu plus de 10 millions de mètres carrés, a expliqué M. Gilbert. L’ensemble des 12 millions de mètres carrés restants est considéré comme « hautement prioritaire » : il s’agit soit de terres agraires dont dépendent les populations pour vivre, soit de zones situées à proximité de régions peuplées, qui présentent un risque de sécurité.
Revoir les chiffres
A la suite de la guerre de 2006, les Nations Unies ont estimé qu’environ un million de sous-munitions n’avaient pas explosé. A ce jour, les démineurs du Liban-Sud en ont retiré environ 155 000, et le rythme des nouvelles découvertes ralentit.
En janvier 2008, les démineurs en avaient retiré 137 000 : environ 18 000 sous-munitions seulement ont donc été neutralisées cette dernière année.
Même s’il semble aujourd’hui que le nombre initial de sous-munitions non-explosées avait été surestimé par les Nations Unies, ce qui est certain, selon M. Gilbert, c’est qu’il y avait des « centaines de milliers » de sous-munitions non-explosées au Liban-Sud après la guerre et qu’aujourd’hui encore, il en reste plusieurs milliers.
« Nous ne savons pas exactement ce qui reste pour la simple raison que les Israéliens ne nous l’ont pas dit », a-t-il expliqué.
Photo: Serene Assir/IRIN |
Le Mines Advisory Group fait exploser 47 sous-munitions à Al-Malkiyye, au Liban-Sud (photo d’archives) |
Interdiction internationale
Les bombardements israéliens au Liban-Sud, l’un des cas les plus graves d’utilisation des bombes à dispersion de l’histoire, ont donné lieu à l’élaboration d’un traité international interdisant l’usage, la production et la vente de ces armes.
Au total, 95 pays ont signé la Convention d’Oslo sur les armes à sous-munitions, en Norvège, en décembre dernier. Le traité, l’avancée la plus importante dans le domaine du désarmement depuis l’interdiction des mines antipersonnel (1997), entrera en vigueur après avoir été ratifié par 30 Etats ; à la fin janvier, quatre pays l’avaient ratifié et 91 l’avaient signé, mais pas encore ratifié.
Les Etats-Unis, la Russie, la Chine et Israël, pays producteurs d’armes, ont refusé de le signer, invoquant leur droit d’utiliser les bombes à dispersion pour se défendre, bien que de grandes puissances européennes, telles que la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne en soient signataires. Parmi les pays arabes, seuls le Liban et la Tunisie ont signé le traité.
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