Le 6 janvier, Mme Hassan a expliqué à IRIN qu’elle était dans l’impossibilité de partir car elle n’avait pas les moyens de financer le transport de sa famille.
« Je n’ai même pas 2 000 shillings [environ 0,07 dollars] pour payer le prix du billet de bus en ville », a-t-elle affirmé.
La famille de Mme Hassan et quelque 200 autres personnes sont les derniers résidents de Yaaqshid, qui était autrefois l’un des secteurs les plus peuplés de Mogadiscio, d’après Hassan Mahamud, journaliste local et ancien résident du district.
Selon ce dernier, la plupart des familles toujours présentes sont dirigées par une femme ou composées essentiellement de personnes âgées. « Il ne reste plus aucun homme. Tous ont fui les combats », a-t-il affirmé.
Mme Hassan a déclaré que les hommes jeunes en âge de combattre avaient tous quitté le secteur, de peur d’être tués par l’une ou l’autre des parties au conflit.
Elle a expliqué à IRIN qu’elle se rendait chaque matin au marché le plus proche « pour laver des vêtements, porter des produits ou revendre du charbon afin de pouvoir acheter suffisamment de nourriture pour ses enfants. « Parfois, je trouve suffisamment de nourriture pour la nuit ; d’autres fois, ce que je trouve ne suffit pas. Cela dépend du nombre de personnes qui font appel à mes services ».
Selon elle, les voisins qui sont restés se sont rapprochés et font attention les uns aux autres, « mais nous souffrons toujours en raison des affrontements incessants. Un jour nous voyons arriver Muqawama [la résistance], le lendemain le gouvernement et les Éthiopiens. C’est une situation très difficile, mais où qu’on aille, tout est identique. Mogadiscio est devenu l’enfer, et l’enfer ne comporte aucun endroit calme », a-t-elle commenté.
Mariam Mohamed, mère d’un enfant, est également une habitante du district de Yaaqshid restée sur place.
Photo: Hassan Mahamud/IRIN |
Mariam Mohamed porte son enfant. La pauvreté l’empêche de fuir la violence dont Mogadiscio est le théâtre |
Il lui arrive parfois de n’avoir pour toute nourriture que des enveloppes de maïs bouillies.
Mme Mohamed a expliqué qu’il lui était impossible de partir car elle ne savait pas où aller et n’avait pas d’argent. « Au moins, ici, je n’ai pas de loyer à payer ».
« J’ai entendu que dans les camps, certaines personnes payaient un loyer pour vivre sous les arbres ».
La plupart des habitants manquent de nourriture et n’ont pas accès à l’eau potable et aux soins médicaux, a précisé le journaliste.
Selon ce dernier, Yaaqshid est devenu l’une des zones les plus contestées de Mogadiscio. « Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que des affrontements aient lieu ».
Mme Hassan a expliqué que les derniers habitants étant tous éparpillés sur une vaste superficie, ils découvraient parfois les corps de personnes décédées chez elles.
« Les tirs d’obus sont tellement nombreux que nous découvrons parfois un voisin décédé la nuit précédente », a-t-elle dit. « Voici la vie à laquelle nous sommes réduits ».
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