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La crise alimentaire pourrait s'aggraver en 2009 - FAO

Cereals are displayed for sale in central market of Kabul, Afghan, June 2008. Due to high food prices majority of the people cannot afford regular daily meals. Manoocher Deghati/IRIN
La crise des prix alimentaires de 2008 se poursuivra en 2009 et risque même de s’aggraver, selon l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). La crise alimentaire de 2008 a déjà fait 40 millions d’affamés, portant le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde à près d’un milliard.

Les économistes de la FAO ont formulé ce sinistre pronostic à l’occasion de la publication de l’Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde – édition 2008, leur neuvième rapport de progrès depuis le Sommet mondial de l’alimentation de 1996, sur la faim dans le monde.

Les auteurs du rapport ont notamment averti que la situation risquait de s’aggraver en République démocratique du Congo (RDC) ; conséquence du conflit généralisé et persistent qui y fait rage, le pays concentre déjà à lui seul la majeure partie de cette hausse mondiale du nombre d’habitants touchés par la faim. En RDC, entre 2003 et 2005, le nombre d’affamés est passé de 11 millions à 43 millions, et la proportion de sous-alimentés, de 29 à 76 pour cent.

De nombreux pays ont d’autant plus de difficultés à atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) consistant à réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde d’ici à 2015.

« Le premier scénario, plus positif, consisterait à voir les niveaux de production alimentaire se maintenir [en 2009] au même niveau que cette année [2008] », a expliqué Abdolreza Abbassian, expert de la production céréalière à la FAO.

Selon le second scénario, une réduction des semailles et de la production semble plus probable, étant donné « qu’en raison des [répercussions de la crise financière mondiale de 2008], les agriculteurs reçoivent des messages confus sur les prévisions 2009 des prix du carburant et d’autres intrants, ainsi que sur le prix prévu des céréales de base l’année prochaine [2009]. À ce stade, tout est assez imprévisible ».

Le prix des produits alimentaires, quant à lui, n’est pas près de baisser ; les prix des céréales les plus vendues ont chuté de plus de 50 pour cent par rapport aux sommets qu’elles avaient atteints en 2008, mais elles restent chères comparé aux précédentes années, peut-on lire dans le rapport de la FAO. Malgré la baisse marquée observée ces derniers mois, l’Indice des prix alimentaires de la FAO affichait une différence de 28 pour cent à la hausse, en octobre 2008, par rapport à octobre 2006.

Les prix des intrants agricoles ayant plus que doublé depuis 2006, les paysans pauvres n’ont pas pu accroître leur production. Les exploitants plus aisés, notamment ceux des pays développés, avaient quant à eux les moyens d’assumer les coûts plus élevés des intrants et de développer leurs cultures.

La production céréalière des pays développés augmentera donc probablement d’au moins 10 pour cent en 2008, tandis que dans les pays en voie de développement, la hausse pourrait se limiter à moins d’un pour cent.

Là où la faim a gagné du terrain

Selon les conclusions de plusieurs études, la sous-alimentation est particulièrement grave lorsqu’elle touche plus de 10 pour cent de la population totale.

« Non seulement cela va provoquer des épidémies plus fréquentes, mais les populations deviennent aussi moins aptes à travailler et à gagner leur vie », a indiqué Mark Smulders, économiste agricole à la FAO.

L’Afrique abrite 16 des 17 pays - la RDC, l’Erythrée, le Burundi, la Sierra Leone, l’Ethiopie, l’Angola, le Zimbabwe, la Zambie, la République centrafricaine, le Rwanda, le Tchad, le Liberia, le Mozambique, le Togo, Madagascar et la Tanzanie - où la faim touche déjà plus de 35 pour cent de la population, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la hausse du prix des vivres.

La plupart des personnes sous-alimentées du monde - 907 millions - vivent dans des pays en voie de développement, selon les données 2007 présentées dans le rapport ; parmi elles, 65 pour cent sont concentrées dans pas plus de sept pays : l’Inde, la Chine, la RDC, le Bangladesh, l’Indonésie, le Pakistan et l’Ethiopie.

Pourtant, tout n’est pas perdu. Globalement, l’Afrique subsaharienne a réalisé quelques progrès en réduisant la proportion de ses habitants qui souffrent d’insécurité alimentaire chronique, la portant de 34 (1995-97) à 30 pour cent (2003-05).

L'Union européenne intervient

Le Parlement européen a approuvé le versement d’une aide de 1,2 milliard de dollars, destinée à accroître la production alimentaire dans au moins 35 pays en voie de développement touchés par la crise alimentaire.

 

Selon Gay Mitchell, député irlandais au Parlement européen (MEP), les fonds proviendront de trois sources : l’instrument de flexibilité, la réserve d’aide d’urgence, et la réaffectation des fonds au poste budgétaire consacré aux relations externes. Sur le montant autorisé, les « nouveaux fonds » représentent au moins 975 millions de dollars.

 

Le vote d’approbation de l’aide a été retardé. Les fonds, qui devaient être débloqués sur une période de trois ans à compter de 2008, seront désormais versés à compter de 2009.

 

Pour assurer que cette aide est efficace, les membres du Parlement européen ont décidé qu’elle devrait cibler, tout au plus, 35 pays en voie de développement prioritaires, selon les propos de M. Mitchell, repris sur le site Internet du Parlement européen. 

 

« Ils devraient être sélectionnés en fonction de leur dépendance aux importations alimentaires, du taux d’inflation des prix alimentaires comparé à l’inflation générale, de leur capacité de production agricole ou de l’instabilité politique causée par la crise, par exemple en Haïti, au Bangladesh ou en Egypte ».

 

jk/he/nh/ail
Le Ghana, le Congo, le Nigeria, le Mozambique et le Malawi ont enregistré la baisse la plus marquée du nombre de personnes sous-alimentées au sein de leurs populations. Le Ghana est le seul pays à avoir atteint à la fois l’objectif de réduction de l’insécurité alimentaire fixé au cours du Sommet mondial de l’alimentation et l’OMD sur la faim. Facteur clé de ce succès : l’augmentation de sa production agricole, selon le rapport.

L’Amérique latine et la région des Caraïbes étaient parvenues à réduire considérablement leurs taux d’insécurité alimentaire avant l’augmentation du prix des vivres. Les prix élevés des vivres ont provoqué une augmentation du nombre d’affamés dans la sous-région ; ils étaient 51 millions en 2007.

Les pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord affichent généralement les taux de sous-alimentation les plus faibles du monde, mais les conflits en Afghanistan et en Irak, conjugués aux prix élevés des vivres, ont porté le nombre de 15 millions en 1990-92 à 37 millions en 2007.

S’attaquer à la faim

Au cours du Sommet de la FAO pour l’alimentation, qui s’est tenu en juin 2008, à Rome, une solution à deux volets a été proposée pour mettre fin à la crise : accroître la production en investissant dans le secteur agricole et le développement rural ; assurer aux populations pauvres et vulnérables un accès immédiat aux vivres, à la fois dans les régions rurales et urbaines, en prenant des mesures de protection et en leur assurant des « filets de sécurité » sociaux.

Le volet investissement exigeait une contribution importante de la part des bailleurs de fonds.

« Lors du Sommet de la FAO pour l’alimentation, à Rome, en juin, les dirigeants mondiaux se sont engagés à consacrer plusieurs milliards de dollars au développement agricole ; mais ces promesses n’ont guère été tenues », a indiqué M. Abbassian. « D’ailleurs, ces dernières semaines, les marchés financiers du monde ont enregistré des pertes s’élevant à plusieurs billions [mille milliards] de dollars, ce qui a forcé les gouvernements à consacrer des billions de plus à les remettre à flots. Surmonter cette crise financière est crucial, mais poursuivre la lutte contre la faim en concrétisant le versement des milliards promis n’en est pas moins important ».

Le Parlement européen a récemment approuvé le versement d’une aide de 1,2 milliard de dollars, à débloquer sur une période de trois ans à compter de 2009, pour permettre de réagir rapidement face à la montée spectaculaire des prix dans les pays en voie de développement ; un pas dans la bonne direction, selon les économistes de la FAO.

Le rapport propose d’autres mesures à prendre pour élever les taux de nutrition : les gouvernements devraient aider les petites industries alimentaires à produire des aliments de sevrage de bonne qualité nutritionnelle pour l’alimentation des nourrissons ; promouvoir l’allaitement ; communiquer des messages éducatifs sur les bonnes pratiques alimentaires ; et assurer le suivi de la croissance.

« Certaines preuves, recueillies au Bangladesh dans les années 1990, portent à croire que les politiques alimentaires macroéconomiques permettant d’assurer que les prix des aliments de base restent bas peuvent, lorsqu’elles sont couplées à d’autres interventions alimentaires et nutritionnelles, contribuer à réduire le pourcentage d’enfants en sous-poids », selon le rapport de la FAO.

Les gouvernements devraient également mettre l’accent sur les investissements consacrés aux petites exploitations agricoles. Environ deux tiers des trois milliards d’habitants des régions rurales du monde vivent en effet des revenus générés par les petits fermiers, qui gèrent quelque 500 millions de petites fermes de moins de deux hectares chacune.

Répercussions des bouleversements sur les marchés

L’agitation récente sur les marchés des actifs classiques a eu des répercussions sur les prix des vivres, selon la FAO : de nouveaux types d’investisseurs se sont en effet engagés sur des marchés dérivés où l’on spécule sur les produits agricoles, dans l’espoir d’obtenir de meilleurs retours qu’avec les actifs classiques.

Les contrats à terme et les échanges d’options ont plus que doublé au cours des cinq dernières années. Au cours des neuf premiers mois de l’année 2007, ces activités affichaient une croissance de 30 pour cent par rapport à l’année précédente ; or, selon certains analystes, l’augmentation des spéculations est un facteur important de la hausse spectaculaire du prix des vivres.

« On ignore toutefois si ces spéculations font augmenter les prix, ou si ce comportement est la conséquence d’une hausse des prix qui aurait eu lieu dans tous les cas », selon le rapport de la FAO. « Quoi qu’il en soit, d’importants afflux de capitaux pourraient expliquer en partie la rémanence des prix élevés des vivres et leur instabilité accrue ».

jk/he/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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