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Echauffourées entre la police et l’armée

Robert Mugabe continues his unbroken rule. IRIN
La police et les soldats de la garde présidentielle de Robert Mugabe se sont livré bataille à travers les rues d’Harare, la capitale, le 1er décembre. La police est intervenue lorsqu’une centaine de soldats ont commencé à se livrer à une nouvelle campagne de pillage dans la ville, et des affrontements se sont ensuivis entre les deux groupes, selon le correspondant d'IRIN.

Des coups de feu ont été entendus. Les soldats de la garde présidentielle auraient également entonné les chants de ralliement du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), parti d’opposition, et exécuté le salut du MDC, la main ouverte.

Les 27 et 28 novembre, des soldats armés en uniformes ont mené une campagne de pillage dans la capitale ainsi qu’à Mutare, capitale de la province du Manicaland, selon un habitant, qui a souhaité conserver l’anonymat.

À l’origine de l’indiscipline de l’armée : une grave pénurie de liquidités, causée par l’hyperinflation. Les soldats, dans l’incapacité de retirer leurs salaires dans les banques, se sont résolus au vol.

« Une demi-douzaine de soldats, arrêtés pour agression, sont encore en détention tandis que les enquêtes suivent leur cours. Ce que font les soldats est illégal et ils seront interpellés », a déclaré Wayne Bvudzijena, porte-parole de la police, après les émeutes de la semaine dernière.

Un haut responsable de l’armée a indiqué à IRIN, sous couvert de l’anonymat, que les soldats responsables occupaient des postes subalternes. « Les émeutiers étaient des soldats de deuxième classe ou des caporaux, les rangs les plus bas de l’armée zimbabwéenne ».

Émeute chez les soldats subalternes

« Les soldats subalternes sont mécontents de voir que les hauts responsables de l’armée volent l’argent qui devrait servir à les rémunérer. Face aux difficultés économiques auxquelles ils se trouvent confrontés, de nombreux soldats sont prêts à tout, au point de voler les civils », a-t-il ajouté.

Le gouvernement ZANU-PF, parti du président Mugabe, compte de plus en plus sur les forces de défense zimbabwéennes pour remplir toutes sortes de fonctions ; en plus de réprimer les contestataires, l’armée joue désormais un rôle essentiel dans la distribution des intrants agricoles.

Les soldats ont reçu d’importants bénéfices à l’approche des élections générales, fin mars 2008, mais le taux d’inflation annuel officiel de 231 millions pour cent a eu tôt fait d’annihiler les avantages tirés de cette augmentation de salaire.

Selon Judy Smith-Hohn, chercheuse principale à l’Institut d’étude sur la sécurité, une cellule de réflexion de Pretoria, « l’inflation est désormais complètement hors de contrôle et l’argent n’a plus de valeur ; il n’y a donc plus aucun moyen d’apaiser quiconque. On en est arrivé au point où ça va exploser [...] C’est là que la situation devient très préoccupante ; mais il n’est pas surprenant que cela se produise ».

D’après Mme Smith-Hohn, dans ce type de cas, le risque de troubles augmente, et chez les citoyens zimbabwéens, « l’optimisme suscité par l’accord de partage des pouvoirs a laissé place au désespoir ».

Un accord négocié par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki (nommé médiateur par la Communauté de développement de l’Afrique australe - SADC) avait en effet été signé le 15 septembre par M. Mugabe et les deux formations du MDC. Pourtant, l’encre des signatures était à peine sèche que l’accord périclitait déjà ; aujourd’hui, de nombreux observateurs le jugent moribond.

D’après Mme Smith-Hohn, néanmoins, la SADC n’a pas admis que l’accord sur le partage des pouvoirs avait échoué, ce qui a eu pour effet d’empêcher d’autres acteurs, tels que l’Union africaine ou le Conseil de sécurité des Nations Unies, d’intervenir.

C’est au mois de septembre que les premiers murmures de mécontentement se sont fait entendre au sein de la garde présidentielle, réputée pour être la mieux équipée et la mieux rémunérée de toutes les forces de défense zimbabwéennes.

Selon les médias, le lieutenant général Phillip Sibanda, chef de l’armée nationale du Zimbabwe, a été appelé à se rendre dans les casernes lorsque les soldats se sont plaints de n’avoir pas reçu l’augmentation de salaires qu’on leur avait promise. Dans les casernes, les soldats l’ont chahuté lorsqu’il leur a annoncé qu’il n’avait pas d’argent à leur verser.

Les hauts gradés de l’armée de terre, de l’armée de l’air et des établissements carcéraux ont apporté un soutien inconditionnel au président Mugabe à l’approche des élections de cette année, et ont condamné Morgan Tsvangirai, leader de la principale faction du MDC, qu’ils considèrent comme le larbin de l’impérialisme occidental.

Après la victoire de M. Mugabe (au pouvoir depuis 1980) au deuxième tour des élections présidentielles de juin, qui, de l’avis général, n’étaient pas libres et justes, les échelons supérieurs des services de sécurité ont reçu, en récompense de leur soutien, des véhicules 4x4 flambant neufs, en dépit de la situation désastreuse dans laquelle se trouvait le pays.

Insécurité alimentaire généralisée

Aujourd’hui, l’économie zimbabwéenne est à genoux, les services de santé, d’assainissement et d’approvisionnement en eau se sont effondrés, le pays se débat face à une épidémie de choléra et les Nations Unies prédisent que près de la moitié de la population sera dépendante de l’aide alimentaire au cours du premier trimestre de 2009.

Selon le quotidien étatique The Herald, le général Constantine Chiwenga, chef des forces de défense zimbabwéennes, a déclaré au public à l’occasion du lancement du Programme national de sécurité alimentaire dans les provinces des Matabeleland Nord et Sud, le 30 novembre : « Pas besoin de nous attendre à une manne tombée du ciel ; nous devons au contraire travailler dur pour produire tous les vivres dont nous avons besoin dans le pays ».

« En comptant sur les organisations non-gouvernementales, nous nous sommes exposés [aux agissements de] certains pays, qui cherchent à profiter de nous. Certaines organisations viennent chez nous en prétendant de compatir à notre sort, alors qu’en réalité, elles convoitent nos ressources. Si nous les laissons prendre nos terres et nos ressources, nous allons sans aucun doute être recolonisés », a-t-il dit.

D’après The Herald, le gouvernement entend consacrer 500 000 hectares de terres à la production de maïs, et 20 000 hectares à la production d’autres céréales.

« Dans le cadre du Programme national de sécurité alimentaire, les agriculteurs ciblés reçoivent des engrais, des produits chimiques et des semences pour cultiver du blé, du sorgo, du millet, des arachides, des fèves, du riz pluvial et d’autres petites céréales », selon le quotidien.

dd/go/he/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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