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D’un simple clic, la diaspora aide les Kényans des régions reculées à maintenir le contact

Avec la crise provoquée par les élections présidentielles kényanes du 27 décembre et le climat général d’insécurité et d’incertitude qui pèse sur le pays, bon nombre de personnes se sont retrouvées bloquées dans les régions. C’est le cas de nombreux citadins de Nairobi et de travailleurs migrants qui s’étaient rendus à l’intérieur du pays pour y passer des vacances en famille ou pour voter dans leur circonscription rurale.

Pour la plupart d’entre eux, le retour à Nairobi, la capitale, a été impossible. Ils se retrouvent actuellement, sans salaire, coincés dans des localités où les magasins et les banques n’ouvrent que par intermittence, alors que les stocks commencent à s’épuiser. A cette situation s’ajoutent les difficultés à se procurer de l’argent et des cartes de crédit téléphonique et la hausse des prix des denrées de base.

Pour bon nombre de ces personnes, la priorité consiste à maintenir le contact avec la famille et les amis et à se tenir informées de l’évolution de la situation.

Aux Etats-Unis et en Europe, les ressortissants kényans se ruent sur les sites web de ventes de cartes téléphoniques prépayées kényanes pour acheter et envoyer des crédits de communication à leur famille et amis restés au pays.
« Les volumes d’achat sont sans précédent », a confié à IRIN Segeni Ngethe, fondateur de MamaMike, le premier site kényan de commerce électronique.

A en croire M. Ngethe, son site a enregistré « aisément 10 fois plus » de commandes de crédit de communication pour téléphone mobile qu’à l’accoutumée et ces ventes ont largement dépassé celles des bons d’achat, le produit le plus vendu habituellement sur son site.
Les clients de l’étranger achetaient surtout des crédits de communication pour les personnes « bloquées dans certaines localités dangereuses » et qui, de ce fait, peuvent « être désespérées », a-t-il expliqué. Pratiquement toutes les commandes sont accompagnées de mention « urgent », a-t-il ajouté.

Selon M. Ngethe, toutes les heures [pendant la journée du 5 janvier], et pour rattraper le retard pris sur les commandes, il a traité près de 30 000 shillings kényans (500 dollars) de commandes.

Faibles transactions dans les services de transferts de fonds par téléphone mobile

Safaricom et Celtel, deux opérateurs de téléphonie mobile du Kenya, offrent également des services de transfert électronique de fonds, et selon une source proche du secteur, la crise ne semble pas avoir dopé le volume de leurs transactions.
Pour les personnes très pauvres, il n’y a pas de transferts de fonds et encore moins de téléphones mobiles pour pouvoir réaliser ces opérations, a expliqué un prestataire de services de Nairobi.
Selon cette même source, la plupart des boutiques et kiosques, qui règlent généralement au comptant les ordres de transfert de fonds envoyés par messages textes, étaient fermés en raison de la crise. Toutefois, a-t-elle souligné, les activités pourraient redémarrer dans le secteur au cours du week-end et la journée de lundi (7 janvier) pourrait être « très, très chargée ».

Les congés de noël sont habituellement une période d’intenses activités pour le service M-Pesa de Safaricom et le montant des transferts réalisés en décembre est d’environ 1,7 milliard de shillings kényans (2,5 millions de dollars), selon la source.

A en croire Ruth Wangechi, un agent de M-Pesa à Nairobi, elle a servi une trentaine de clients par jour pendant la période précédant les fêtes de Noël, mais très peu aujourd’hui. « Je pense que les gens n’ont pas d’argent », a-t-elle dit.

Pas de compte bancaire, pas de téléphone

D’après une enquête réalisée en 2006 par FinAccess, avec seulement 450 agences bancaires dans le pays, le secteur bancaire officiel est peu développé au Kenya. Seuls 27 pour cent de la population adulte ont un compte bancaire officiel, 35 pour cent sont membres d’associations de crédit informelles et 38 pour cent sont exclus des services financiers. Pour ces derniers, la raison principale est qu’ils n’ont pas des revenus réguliers ou ne disposent pas d’épargne.

Quelque 17 pour cent des personnes sondées ont affirmé avoir déjà envoyé ou reçu de l’argent au Kenya. Généralement, les transferts de fonds informels se font par le biais des membres de la famille, d’amis ou de sociétés d’autobus.
En 2006, sur cinq personnes ne disposant pas de compte bancaire, moins d’une personne avait un téléphone mobile. Mais depuis cette enquête, l’intérêt pour le système bancaire et l’usage du téléphone mobile s’est accru.

Jecinta Kinyanjui, propriétaire d’une boutique à Mathare, un bidonville de Nairobi, et vendeuse de cartes téléphoniques prépayées, a expliqué les raisons pour lesquelles l’agence M-Pesa ne s’était pas s’implantée dans ce secteur de la ville.

« Il n’y a pas beaucoup de transactions dans ce quartier. Lorsque les habitants de Mathare envoient de l’argent à l’intérieur du pays, ils préfèrent utiliser les services des sociétés d’autobus. L’argent est enveloppé et scellé dans du papier journal ou un tissu, puis nous y inscrivons un numéro de téléphone et un numéro de carte d’identité. Le paquet est enregistré comme s’il s’agissait d’un passager. Il est ensuite déposé au bureau local de la société d’autobus, à l’intérieur du pays, où le bénéficiaire peut venir le retirer ».

« Compte tenu de la pauvreté de la population, il n’y a pas beaucoup de téléphones mobiles ici. Les gens préfèrent utiliser les cabines téléphoniques publiques, une solution bien plus économique pour eux », a-t-elle affirmé. « Et en cas de catastrophe dans les régions reculées du pays, les habitants de Mathare n’envoient pas d’argent dans la zone sinistrée. Ils s’y rendent eux-mêmes pour apporter leur aide et se déplacent avec l’argent ».

Quant à M. Ngethe de MamaMike, il a dit prier pour la paix au Kenya, mais douter que l’état d’esprit qui prévaut actuellement au Kenya soit conforme à ce qu’il prône dans la récente accroche publicitaire de sa société : « Share love. Send happiness » (Partager l’amour. Envoyer du bonheur).

sh/bp/am/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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