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Canadiens et Kandaharis – les opinions divergent en matière de sécurité et de développement

L’insécurité dans le sud de l’Afghanistan, et notamment dans la province instable de Kandahar, constitue un obstacle majeur au travail humanitaire et aux opérations de développement entreprises dans cette région, selon plusieurs travailleurs et responsables humanitaires. Toutefois, les avis divergent fortement sur l’ampleur du problème d’insécurité à Kandahar et l’efficacité des opérations menées par les Canadiens dans la région.

En août 2005, l’Equipe de reconstruction provinciale (ERP) canadienne a pris le relais des Etats-Unis en matière de reconstruction à Kandahar, dans le cadre d’un plan, élaboré par l’OTAN en vue d’élargir sa présence sur l’ensemble du territoire afghan. Par la suite, la présence des Etats-Unis dans la région a été limitée aux seules opérations de contre-insurrection.

Les rebelles talibans résurgents ont depuis lors tué au moins 60 soldats canadiens et fortement entravé les opérations humanitaires et de développement menées par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) dans la province.

Lorsque le Canada a pris les rênes, les professionnels de la santé étaient en mesure d’exercer dans 15 des 17 districts de Kandahar. Aujourd’hui, seuls 12 districts leur sont accessibles.

« Nous ne pouvons exercer que dans 12 des 17 districts de Kandahar – cinq districts ne disposent pas de service de santé publique », a expliqué Abdul Qayum Pokhla, directeur du département de santé publique de Kandahar.

Le seul centre de santé du district de Ghorak, à Kandahar, a été fermé en juillet, après que des hommes armés non identifiés l’eurent pris d’assaut, pour tenter d’enlever son personnel médical, selon plusieurs habitants de la région.

Divergence d’opinion

« Il est impossible de mettre en place des projets de développement ou des opérations humanitaires dans l’insécurité », selon Ahmed Shah Pirali, directeur du service provincial de réhabilitation et de développement des régions rurales. « Comment les ingénieurs, les médecins et les travailleurs humanitaires peuvent-ils travailler dans une région où ils sont sous la menace imminente d’enlèvements, de meurtres ou de sabotages ? ».

« Comment les ingénieurs, les médecins et les travailleurs humanitaires peuvent-ils travailler dans une région où ils sont sous la menace imminente d’enlèvements, de meurtres ou de sabotages ? ».

Dans les provinces instables du sud de l’Afghanistan – Kandahar, Helmand, Zaboul et Farah – les incidents violents (bombardements, échanges de tirs, attentats suicides, etc.) ont augmenté de 20 pour cent en 2007 par rapport à la même période, en 2006, pouvait-on lire récemment dans le New York Times, qui citait une source des Nations Unies.

Malgré tout, selon certains responsables canadiens, la sécurité s’améliore et il est temps de « redoubler » d’effort pour reconstruire Kandahar.

« Je constate une amélioration incontestable de la situation de sécurité, et à mesure que nous nous établissons sur un territoire de plus en plus vaste, nous parvenons même à entreprendre davantage de travaux de développement et de reconstruction », selon Arif Lalani, ambassadeur du Canada à Kaboul.

En plus de s’être engagées à verser un milliard de dollars pour financer les opérations de reconstruction menées en Afghanistan jusqu’à 2011, les autorités canadiennes ont approuvé, en août dernier, le versement de 45 millions supplémentaires pour soutenir plusieurs projets humanitaires et de développement, qui doivent être lancés en 2007.

« Nous menons des opérations sur le terrain : nous construisons des ponts, nous créons des conseils de développement, nous vaccinons les enfants, nous nous assurons que six millions d’enfants retournent sur les bancs de l’école et nous distribuons une assistance alimentaire à grande échelle », a expliqué M. Lalani, depuis son bureau, à l’ambassade canadienne solidement fortifiée, située près du palais du président Hamid Karzai, à Kaboul.

Reconstruction post-conflit

Après avoir mené des opérations militaires dans les districts de Panjwai et de Zherai, à Kandahar, en octobre 2006, le Canada a promis qu’il aiderait à reconstruire des centaines de maisons, endommagées au cours d’affrontements avec les insurgés talibans.

« Les citoyens de Kandahar méritent une meilleure qualité de vie », a estimé Josée Verner, ministre canadienne de la Coopération internationale, après que les forces canadiennes eurent bouté les Talibans hors de Panjwai et Zherai.


Photo:
Carte de l'Afghanistan sur laquelle la province de Kandahar est identifiée par la couleur orange
Néanmoins, les habitants des deux districts ont expliqué que leur vie ne s’était pas améliorée depuis lors. « Nous n’avons reçu que des promesses d’aide », a déploré Fayezullah, un habitant du village de Safed Rawan, à Panjwai.

Haji Agha Lalai, le représentant du district de Panjwai au conseil provincial, a confirmé que les propriétaires des centaines de maisons endommagées au cours des affrontements n’avaient reçu aucune aide à la reconstruction.

Selon M. Lalai, sur quelque 2 000 maisons endommagées, seules 180 maisons de Panjwai et de Zherai doivent bénéficier de l’aide canadienne à la reconstruction. Cependant, plusieurs responsables provinciaux ont reconnu que les inspections préalables à un certain nombre de projets de reconstruction et de développement dans les districts de Kandahar, ravagés par la guerre, avaient été achevées, mais que les travaux ne débuteraient que lorsque la sécurité serait améliorée dans la région.

L’efficacité de l’aide

Dans son rapport publié le 29 août, le Conseil Senlis – une cellule de réflexion britannique sur la sécurité et le développement – critique vivement le travail de l’ACDI à Kandahar et remet en question l’efficacité des millions de dollars dépensés dans les divers projets mis en œuvre dans la région.

« Non seulement les souffrances du peuple afghan de Kandahar traduisent un manquement à nos obligations humanitaires envers nos alliés à Kandahar, mais elles créent un climat qui alimente l’insurrection et sape le travail déjà périlleux de l’armée canadienne dans cette zone de guerre hostile ».

« Non seulement les souffrances du peuple afghan de Kandahar traduisent un manquement à nos obligations humanitaires envers nos alliés à Kandahar, mais elles créent un climat qui alimente l’insurrection et sape le travail déjà périlleux de l’armée canadienne dans cette zone de guerre hostile », peut-on lire dans le rapport du Conseil, intitulé Unanswered Questions [Questions sans réponse].

Contrairement à certains Etats membres de l’OTAN, qui apportent une assistance humanitaire et une aide au développement à une seule province par le biais de leur ERP, le Canada injecte ses fonds dans le budget national du gouvernement afghan, qui les utilise ensuite en fonction de ses priorités, à l’échelle du pays.

« Notre aide au développement est conçue pour favoriser le développement économique et le renforcement de la gouvernance et des institutions dans ce pays », a déclaré M. Lalani.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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