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Les centres de santé ruraux victimes de la crise économique

Après plus de 50 ans au service de la communauté, la clinique Rockford à Gweru, dans la province centrale de Midlands, au Zimbabwe, a fermé ses portes il y a deux mois, après le départ du dernier infirmier qualifié – signe de la crise grandissante à laquelle sont confrontés les services de santé ruraux.

« De nombreuses personnes, parmi lesquelles plusieurs sont à présent haut placées au sein du gouvernement, sont nées à Rockford Clinic et y ont été soignées, mais le ministère [de la santé] a dû fermer la clinique après qu’elle est restée pendant longtemps avec un seul infirmier qualifié et des assistants pris dans les villages voisins », a déclaré Amos Magenga, 65 ans, qui habitait près de la clinique, à environ 90 km au sud-est de Gweru.

Les difficultés de fonctionnement de la clinique ne sont que trop familières au Zimbabwe : insuffisance de personnel infirmier et de médicaments, bâtiments et matériel en mauvais état, et même, pénurie d’eau propre – conséquence inéluctable d’un taux d’inflation record de 2 200 pour cent et d’une pénurie écrasante de devises.

« Par les temps qui courent, il est pratiquement inutile de chercher de l’aide dans ces centres de santé qui ne peuvent même pas donner les antalgiques que n’importe qui peut se procurer facilement au comptoir d’une boutique », a déclaré Topona Mangwende, 60 ans.

L’offre de soins « pâtit inévitablement de la détérioration de l’économie, et ce, à l’échelle de ce que nous constatons dans ce pays », a fait remarquer Innocent Makwiramiti, économiste, ancien directeur général de la Chambre de commerce nationale du Zimbabwe. « L’Etat est tellement préoccupé par la recherche de solutions à la crise économique qu’il en oublie presque maintenant les services sociaux comme la santé ».

Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), les femmes et les enfants continuent d’être les plus exposées au danger, à mesure que la situation s’aggrave.

« La mortalité maternelle et néonatale a atteint des pointes ces dernières années, avec l’accès réduit aux services de santé de base et aux soins obstétriques intensifs », a dit l’UNFPA.

Les communautés rurales sont les plus durement touchées, parce qu’étant les régions les moins développées et les plus pauvres du pays, de l’avis de M. Makwiramiti.

Une des conséquences de la crise est que la médicine traditionnelle refait surface chez les Zimbabwéens qui ne sont pas en mesure de payer pour bénéficier de soins coûteux.

« A cause du mauvais état des cliniques et hôpitaux, nous sommes obligés d’adopter des mesures désespérées pour sauver nos vies quand nous tombons malades », a dit à IRIN M. Mangwende.

Quand son estomac a commencé à gonfler de façon « mystérieuse » il y a un an de cela, il a fait appel à un tradipraticien qui lui a déclaré qu’il avait été ensorcelé et qu’il devait faire exorciser les mauvais esprits – une option de traitement qui a été un échec.

Gordon Chavhunduka, président de l’Association nationale des tradipraticiens du Zimbabwe, a reconnu le problème de l’existence de faux guérisseurs, tout en déclarant que les membres de son association jouaient un rôle vital dans la résolution de la crise médicale au Zimbabwe.

Environ 80 pour cent des Zimbabwéens auraient recours à la médecine traditionnelle.

« De plus en plus, les gens de la ville comme de la campagne se tournent vers les tradipraticiens parce que les hôpitaux et cliniques ne leur sont pas d’un grand secours », a dit M. Chavhunduka. « Nous organisons régulièrement des réunions et des ateliers avec les populations, pour les informer sur les avantages du recours à la médecine traditionnelle ; en outre, nous tenons notre popularité du fait que nous sommes plus à leur portée ».

Les crises politiques et économiques que traverse le pays, associées à l’un des taux les plus élevés d’infection au VIH dans le monde, ont fait chuter le Zimbabwe à la 151e place sur 177 dans le classement des pays selon leur Indicateur de développement humain, un classement établi par le Programme des Nations Unies pour le développement.

fm/oa/he/ail



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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