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Pénurie alimentaire en perspective, et hausse vertigineuse du prix du maïs

En prévision de ce qui pourrait être la plus grave crise alimentaire depuis 25 ans, le prix du maïs, l’aliment de base du Swaziland, a considérablement augmenté au mois de février et devrait être multiplié par deux d’ici la période des récoltes, entre avril et mai.

Depuis que les pluies ont cessé de tomber, à la mi-janvier, le prix de la tonne métrique de maïs a connu une augmentation fulgurante, passant de 168 à 307,55 dollars et d’après les prévisions, il pourrait passer la barre des 330 dollars d’ici la fin du mois de mars.

« Les changements de température ont gravement affecté les plants de maïs à une étape très importante de leur croissance », a indiqué Ben Nsibandze, directeur de la National Disaster Relief Task Force, un groupe d’experts chargé de renseigner le gouvernement et la communauté des bailleurs de fonds internationaux sur l’état du stock alimentaire du pays.

Ce groupe d’experts a été créé en 1992, alors que le pays connaissait sa plus grave pénurie alimentaire due à la sécheresse.

« La crise actuelle est semblable à celle que nous avons connue il y a 15 ans, lorsque le gouvernement a créé le groupe d’experts », a déclaré M. Nsibandze.

Au cours des derniers mois, le Swaziland a été confronté à un manque de précipitations, des vents violents et des averses de grêles, suivis d’une période de grande sécheresse. Habituellement, seules les régions arides des plateaux de Middleveld, Lowveld et Lubombo sont touchées par ces intempéries, mais cette année c’est le pays tout entier qui en a pâtit.

Une évaluation de la situation alimentation sera effectuée le mois prochain par les agences des Nations Unies, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), en collaboration avec la Commission nationale d’évaluation de la vulnérabilité (Vulnerability Assessment Committee, en anglais) pour déterminer l’impact de la sécheresse sur le stock alimentaire national.

Depuis 2002, le PAM fournit une aide alimentaire à près de 25 pour cent des quelque 1,1 million d’habitants que compte le Swaziland pour améliorer le régime alimentaire des familles affectées par la sécheresse, la pauvreté et la pandémie du VIH/SIDA.

« Les pluies se sont arrêtées à une étape importante de la croissance des plants de maïs, lorsque la barbe commence à pousser et que l’épi se développe », a indiqué Charles Nkambule, un cadre agricole de la ville industrielle de Manzini (Centre).

Etant donné que l’ouest de la région de Manzini fournit la majeure partie de la production de maïs du pays, les prévisions d’une mauvaise récolte dans les fermes commerciales et les petites exploitations familiales ont entraîné une flambée des prix du maïs.

Selon M. Nsibandze, toutes les régions pourraient s’attendre à une pénurie de stocks de maïs et cette céréale pourrait même disparaître des rayons des magasins.

« La pénurie alimentaire sera générale et touchera en particulier les populations les plus vulnérables », a-t-il dit, au cours d’une conférence de presse.

Les consommateurs de classe moyenne, déjà durement touchés par l’augmentation du prix du maïs, devront se rabattre sur d’autres céréales comme le riz, qui est importé et coûte plus cher, ou sur le pain, fabriqué à partir de la farine de blé importée.

Les paysans, qui représentent près de 80 pour cent de la population, ne pourront probablement pas sauver grand chose en octobre et novembre de leur récolte de printemps. Les semis de fin d’été n’ont pas eu lieu en raison de l’absence des pluies saisonnières.

« On continue de compter sur la pluie pour nourrir une grande partie de la population, et cela n’a pas changé depuis 1992 ; il n’y a eu aucune initiative réelle en matière d’irrigation ou de déplacement des populations qui vivent sur des terres hostiles à l’homme. Une politique de gestion des sols est nécessaire, mais elle n’existe pas pour l’instant », a déploré M. Nkambule.

Selon un fonctionnaire du ministère de l’Agriculture, qui a requis l’anonymat, il faut des fonds, mais ceux-ci sont bien difficiles à obtenir. Ils permettraient aux agriculteurs d’acheter des pompes et des tuyaux d’irrigation, même si cela nécessite qu’ils constituent des coopératives et regroupent les ressources de leurs petites exploitations.

« Les banques refusent d’accorder des prêts aux agriculteurs installés sur les terres de l’Etat, parce qu’ils ne possèdent pas de titre de propriété. Toutefois, des mesures ont été prises pour permettre à la plupart des paysans vivant sur les terres communales d’accéder au crédit », a-t-il souligné.

La crise de la sécurité alimentaire au Swaziland est également aggravée par la réduction de la main d’œuvre agricole, due au taux très élevé de prévalence du VIH/SIDA, dans ce pays où 33,4 pour cent des adultes sont infectés.

Les fermes familiales sont particulièrement touchées par la pandémie au point qu’il n’y a parfois plus d’hommes pour planter, désherber ou récolter dans les champs.

Le sida a également réduit les capacités physiques de ces hommes qui travaillent en ville comme ouvriers, fonctionnaires ou employés d’entreprise, et qui prennent habituellement des congés pour retourner dans leur village aider leur famille dans les travaux des champs.

« Je suis le seul homme bien portant de ma famille. Je dois désormais m’occuper des champs de mes deux frères – c’est bien trop pour moi », a déclaré Frank, un mécanicien travaillant dans la zone industrielle de Matsapha, située en dehors de Manzini.

« L’année dernière, j’avais embauché deux ouvriers, mais cette année les semences sont si rares que ce n’est pas nécessaire. Les corbeaux risquent de manger le peu qui reste ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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