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La grève rend plus difficiles les conditions de vie des Guinéens

[Guinea] Markets in Conakry start to come back to life after a two strike. [Date picture taken: 01/25/2007] Maseco Conde/IRIN
Alors que la plupart des rues de Conakry, la capitale, restaient désertes et que les boutiques étaient fermées en raison de la grève générale illimitée qui paralyse la Guinée, certains commerçants avaient ouvert leurs magasins, profitant de la situation pour se faire de l’argent.

« Je suis venue au marché pour acheter trois kilogrammes de riz et des condiments pour le repas de demain, parce qu’il ne nous reste plus rien à manger à la maison », a déclaré Mme Camara Saran Traoré, une mère de famille venue faire ses emplettes au marché de Taouyah.

« Avec mes 50 000 GNF (9 dollars américains), je me rends compte que je ne pourrai pas tout avoir. Je suis obligée de refaire mes comptes et de réduire la quantité de certains produits », a-t-elle déploré.

La grève générale, la troisième organisée en un an en Guinée, a été décrétée par les puissantes centrales syndicales guinéennes pour dénoncer l’inflation galopante responsable de la hausse du prix des denrées de base devenues presque inaccessibles pour la plupart des Guinéens. Mais le port et la plupart des magasins étant restés fermés, les commerces qui ont ouvert, en dépit du mot d’ordre de grève, ont doublé le prix de leurs produits.

« Les marchandes savent bien profiter des situations de crise pour se faire beaucoup de sous, a déploré Mme Bilguissa Barry qui a fait le tour du marché sans pouvoir se procurer toutes les denrées qu’elle avait l’habitude d’acheter.

Le prix du sac de riz a doublé

Le prix du riz, l’aliment de base des Guinéens, a doublé. Il est généralement importé d’Asie, alors que la Guinée possède de vastes étendues de terres fertiles et inexploitées. Avant la grève, un sac de riz de 50 kilogrammes coûtait 126 000 GNF (22 dollars). Mercredi dernier, le même sac se vendait à 230 000 GNF (40 dollars) à Conakry, et à 300 000 GNF (53 dollars) à Kissidougou, la principale ville de la région du sud-est.

Déjà, lors de la grève générale de juin 2006, à Conakry, la baisse du prix du sac de riz de 50 kilogrammes, de 24 à 16 dollars, figurait parmi les principales revendications des grévistes.

« A quand la fin de cette grève générale qui commence à nous rendre plus misérables qu’auparavant ? », s’est lamentée Mme Asmaou Barry, à son retour du marché.

Cette femme de ménage qui, d’ordinaire, travaille chez des particuliers, attend depuis deux semaines que la situation redevienne normale pour reprendre ses activités.

« Nous tenons ce commerce pour gagner de l’argent, pas pour en perdre », a lancé Yalikatou Soumah, vendeuse de riz, tout en faisant remarquer que le prix de l’essence a quadruplé et que les clients doivent en tenir compte.

Une violence sans précédent

Et tandis que certaines personnes s’aventurent dehors à la recherche de nourriture ou avides de profits rapides, de nombreuses familles restent terrées chez elles.

Sory Diawara, un adjudant de police, se rend au marché en tenue civile pour faire des provisions. Il a demandé à sa femme de rester à la maison pour garder leurs enfants, par crainte de la violence.

« Je n’ai pas voulu les exposer aux éventuels accrochages entre les forces de l’ordre et les jeunes », a expliqué M. Diawara.

Depuis la prise de pouvoir du Président Lansana Conté, en 1984, la Guinée a rarement connu les scènes de violence des deux dernières semaines. Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) qui, à travers la Croix-Rouge guinéenne, a des délégués présents dans les 33 provinces de la Guinée, a indiqué, mercredi qu’il avait enregistré 370 blessés et 35 morts depuis le début de la grève.

Selon le CICR, 24 personnes ont été tuées lundi à Conakry et dans les villes de province, après l’intervention des forces de l’ordre et l’armée qui tentaient tenter de disperser les milliers de manifestants descendus dans les rues pour exiger un changement de politique.

A en croire Djoulde Barry, le directeur de l’hôpital de Donka, à Conakry, le plus grand établissement hospitalier du pays, 33 morts ont été enregistrés dans cet hôpital. Par ailleurs, des habitants des quartiers les plus touchés par la répression policière ont affirmé que beaucoup de corps de victimes ont été enterrés sans être transportés à la morgue de l’hôpital. Les autorités ont également confirmé à la presse qu’au moins dix personnes ont été tuées dans les villes de province.

Les négociations se poursuivent

Les négociations se poursuivaient jeudi soir. Toutefois, les représentants des centrales syndicales ont fait clairement savoir qu’ils ne lèveraient pas la grève si toutes leurs revendications n’étaient pas satisfaites, notamment la délégation d’une partie des pouvoirs du Président Conté à un Premier ministre de consensus.

Mercredi, le Président Conté avait accepté de nommer un nouveau Premier ministre pour diriger le gouvernement. Mais jeudi, les négociations sur la délégation des pouvoirs du Président au Premier ministre et le choix d’un candidat à ce poste sont poursuivies toute la journée.

Cette grève a durement touché l’économie du pays. Les retombées défavorables sur les principales sources de revenus du pays - les exportations de bauxite et d’or - sont notoires et se sont faites ressentir sur les cours mondiaux de la bauxite. Toutefois, selon certaines sources non officielles, la part de l’économie informelle en Guinée représente près de 85 pour cent, par rapport à l’économie officielle, et la plupart des Guinéens vivent du petit commerce ou du troc de produits de première nécessité.

« Je ne sais pas où va notre pays qui a tout, mais qui manque de tout », s’est désolée Mme Camara Saran Traoré, en quittant le marché de Taouyah, a Conakry.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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