En novembre dernier, des rebelles avaient lancé une attaque contre Abéché, ville à partir de laquelle les agences onusiennes et les organisations non gouvernementales (ONG) coordonnent les opérations destinées aux quelque 330 000 réfugiés soudanais et tchadiens. Suite à cette offensive, une évacuation d’urgence du personnel non essentiel avait été décidée.
En début d’année, des affrontements au Darfour ont dégénéré et des combats ont été rapportés à proximité des 12 camps de réfugiés que gère le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), dans l’est du Tchad.
Bien qu’aucun heurt n’ait éclaté entre l’armée tchadienne et les rebelles au cours des six dernières semaines et qu’il n’y ait eu aucun autre débordement du conflit soudanais, Nick Ireland, le coordonnateur humanitaire régional de l’ONG britannique Oxfam, a déclaré que l’accès à ces zones était « toujours difficile », notamment dans le nord où les combats les plus violents ont éclaté en novembre dernier, et dans le sud, où des violences intercommunautaires ont contraint quelque 100 000 personnes à fuir – dont 50 000 au cours des six derniers mois seulement.
« Il est difficile d’identifier les personnes responsables de l’insécurité que connaissent les déplacés. Il est également difficile de dire si nous avons été spécifiquement visés. Toutes ces incertitudes compliquent nos opérations d’aide », a-t-il expliqué.
Un représentant d’Oxfam s’est fait récemment braquer alors qu’il se trouvait à bord d’un véhicule, à proximité de la ville de Goz Beida, dans le sud-est du Tchad, a-t-il ajouté.
Depuis les deux derniers mois, les équipes d’Oxfam n’assurent qu’un minimum d’opérations et ne comptent plus que 10 employés internationaux, contre 25 avant la dégradation de la situation sécuritaire.
Le HCR a également réduit ses opérations et avait évacué environ 30 pour cent de son personnel, en novembre dernier.
« Notre principal problème consiste à conserver le caractère civil et humanitaire des camps de réfugiés », a souligné Matthew Conway, porte-parole du HCR à Abéché. « Le simple fait d’avoir une présence humanitaire internationale constitue un élément de dissuasion. »
Au début du mois de janvier, un camp de réfugiés implanté à Goz Amer, dans le sud-est du pays, a été encerclé par des tribus arabes, mais aucun heurt n’a été déploré. En revanche, deux réfugiés ont été tués dans le camp de Guéréda, dans le nord.
Des rebelles venus du Soudan se rendent régulièrement dans les camps de réfugiés pour voir leur famille et se reposer, ont expliqué les agences humanitaires.
« Depuis le début, nous craignons que le Soudan considère les camps de réfugiés comme des cibles militaires légitimes, du fait de la présence de combattants. C’est ce que nous voulons éviter à tout prix, comme la majorité des réfugiés », a expliqué M. Conway.
Le gouvernement tchadien a suggéré de déplacer les camps de réfugiés plus à l’ouest, loin de la frontière. Cependant, en décembre dernier, lorsqu’il s’est rendu sur les différents sites, le gouvernement a réalisé qu’un seul des six sites, localisés dans une région désertique reculée, disposait de réserves d’eau souterraine suffisantes.
Le HCR n’a pu porter assistance aux déplacés tchadiens qui ont fui vers Adé, un village situé à 269 kilomètres au sud-est d’Abéché, à proximité de la frontière soudanaise.
Au début du mois de janvier, le président tchadien Idriss Déby a passé une semaine à Goz Beida, d’où il a « supervisé » les opérations militaires. Par ailleurs, il s’est engagé à débloquer quatre milliards de francs CFA (huit millions de dollars américains) afin de fournir une protection et une assistance aux déplacés tchadiens.
Un responsable du gouvernement a confirmé jeudi que des soldats avaient été déployés dans la région de Goz Beida. Ces hommes sont chargés de distribuer de la nourriture, de patrouiller les villages et de désarmer les habitants.
« La situation est calme à présent », a-t-il affirmé, sous le couvert de l’anonymat.
Selon les agences humanitaires internationales, les distributions de nourriture, de médicaments et de matériel d’urgence ont effectivement débuté aux alentours de Goz Beida et à Am Timan, une autre ville du sud-est du pays. Ces agences craignent cependant que cette aide ne soit ni ciblée, ni de grande qualité.
L’année dernière, des soldats tchadiens ont été accusés d’avoir lancé plusieurs attaques violentes sur des travailleurs humanitaires et d’avoir détourné plusieurs véhicules humanitaires.
Alors que les agences humanitaires ont réduit leurs opérations, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui intervient généralement en situation de conflit, a indiqué qu’il avait multiplié ses opérations dans l’est du Tchad, depuis le début des hostilités. Il apporte une assistance aux blessés de guerre et aux prisonniers et aide quelque 40 000 déplacés tchadiens.
Par la voie d'une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé mercredi l'envoi d'une mission technique dans l’est du Tchad, pour préparer un éventuel déploiement de Casques bleus.
Une première équipe avait estimé qu’il était trop dangereux de déployer des Casques bleus dans la région. Cependant, le Conseil de sécurité a demandé une nouvelle évaluation de la situation.
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