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Le sida, un premier rôle au cinéma

Hilda Dokubo n’imaginait pas que son rôle de jeune fille séropositive dans un film nigérian lui vaudrait d’être stigmatisée, à l’instar de son personnage, mais cette expérience l’a convaincue de l’impact que peut avoir le cinéma dans la lutte contre le sida.

Lors du festival international du film «Cinéma pour le sida», qui vient de prendre fin à Abuja, la capitale du Nigeria, la jeune actrice nigériane a raconté l’attitude de certains membres de son entourage et téléspectateurs à la sortie du film ‘Goodbye tomorrow’, qui décrivait la descente aux enfers d’une jeune fille infectée au VIH.

«Ma première expérience était que plusieurs de mes amis pensaient que j’avais le VIH/SIDA parce que j’avais [perdu beaucoup de poids] pour illustrer l’image d’une victime du sida, afin que les gens comprennent le message», a dit Hilda Dokubo. «C’était si dur que j’ai dû aller faire un test de dépistage pour me convaincre moi-même.»

Hilda Dokubo a encadré le résultat de son test et l’a accroché sur le mur de sa chambre, «pour qu’on n’ait plus à me demander, pour savoir que je n’ai pas le VIH/SIDA».

Le festival, soutenu par le Comité national de lutte contre le sida (Naca), le ministère nigérian de la Santé et la coalition Global HIV/AIDS Initiative Nigeria (GHAIN), financée par l’administration américaine, a réuni pendant près d’une semaine des professionnels internationaux du cinéma engagés dans la lutte contre l’épidémie.

Dan Amedu, président de la branche de l’Association des acteurs du Nigeria (AGN) à Abuja, a expliqué que son mouvement avait décidé de soutenir la lutte contre le sida dans le but d’éclairer le public sur les dangers de l’épidémie.

Acteur et réalisateur d’une dizaine de films à ‘Nollywood’, l’industrie nigériane du cinéma, Dan Amedu a dit devoir constamment justifier l’engagement de l’AGN : contrairement aux rumeurs, les membres de l’association agissent contre le sida parce qu’ils sont «dotés de sentiments», et non parce qu’ils infectés par le virus.

Le producteur et metteur en scène nigérian Lancelot Oduwa Imaseun a regretté que le continent n’utilise pas assez les moyens de communication, dont le cinéma, pour envoyer des «signaux positifs» à l’Occident et rompre avec l’image négative de l’Afrique à l’extérieur, notamment en ce qui concerne le VIH/SIDA.

En effet, en dépit du dynamisme de Nollywood, «la voix authentique de l’Afrique», selon Lancelot Imaseun, peu de professionnels du cinéma au Nigeria se lancent dans la production et la réalisation de films traitant du thème du VIH/SIDA, ont souligné plusieurs participants au festival.

Pour Hilda Dokubo, cette absence vient du fait que les professionnels du cinéma au Nigeria attendent trop souvent d’être subventionnés par le gouvernement pour faire des films sur le sida.

«Nous ne recevons pas de [subventions] du gouvernement pour jouer dans des films d’amour et ça se vend bien sur le marché, alors pourquoi ne pourrions-nous pas voir plus loin que le Naca et les autres pour faire des films sur le VIH/SIDA ?», a-t-elle demandé.

Le manque d’engagement du cinéma dans la lutte contre le sida est d’autant plus regrettable que l’impact du septième art sur le public est réel, a ajouté Hilda Dokubo, en racontant l’histoire d’un jeune homme qui l’avait abordée dans la rue après la sortie de son film.

«Il m’a raconté qu’il avait déjà invité sa petite amie à passer la soirée avec lui avant de l’emmener voir le film ‘Goodbye tomorrow’. Il a dit qu’après avoir vu le film, il n’avait pas pu la toucher parce qu’il avait peur qu’elle lui transmette le VIH/SIDA», a-t-elle noté.

Convaincue du rôle que le cinéma peut jouer dans la lutte contre l’épidémie, la jeune femme a exhorté les professionnels du secteur à s’engager davantage, appelant les acteurs à ne pas avoir peur d’être associés à de tels films.

«Ils pensent que cela va les stigmatiser, tout le monde veut jouer une fille propre ou un garçon bien rasé dans les films, [mais] cela ne nous aidera pas», a-t-elle plaidé. «Les acteurs sont des personnes qui rentrent chez les autres sans frapper.

Les gens les voient, les apprécient pour les personnages qu’ils jouent dans les films. C’est en cela que nous pouvons aider à apporter beaucoup de changements.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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