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Ils nous ont trompés !

[Senegal] Fishing boats, Dakar. [Date picture taken: 05/31/2006] Julie Vandal/IRIN
Type de pirogue utilisé pour la traversée vers les îles Canaries
L’archipel espagnol des Canaries a enregistré un nombre record d’immigrants clandestins ce week-end. Selon les autorités espagnoles, près de 1 400 immigrants originaires pour la plupart de pays d’Afrique de l’Ouest sont arrivés à bord de pirogues parties probablement des côtes de la Mauritanie.

Bien que plus long et plus périlleux, le trajet à partir des côtes mauritaniennes est de plus en plus emprunté cette année par les candidats à l’immigration clandestine depuis qu’il n’est plus possible d’embarquer à partir des côtes marocaines en raison du renforcement des patrouilles. Par ailleurs, les voies d’accès à la Sicile (Italie), depuis l’Afrique du Nord, sont elles aussi très contrôlées par la marine italienne.

Mille cinq cent kilomètres séparent les côtes du Sénégal de l’archipel des Canaries et la traversée peut prendre cinq à vingt jours. Déshydratés et exténués, les immigrants qui ont survécu aux affres de la traversée risquent pourtant d’être rapatriés dans leur pays après avoir atteint l’archipel.

Mais malgré les risques de la traversée, beaucoup de jeunes ouest-africains sont prêts à tenter l’aventure. Frustrés par l’absence d’opportunités d’emploi dans leur pays et galvanisés par les témoignages de ceux qui ont réussi à s’installer à l’étranger, ils s’endettent auprès d’amis ou de membres de la famille pour payer leur droit de passage et rejoindre un hypothétique eldorado.

Yarakh est un vieux quartier de pêcheurs de Dakar, fait de maisons modestes au style contrasté. A mesure qu’on parcourt ses ruelles sablonneuses où se dressent des petits commerces tenus par des femmes, l’on croise çà et là quelques jeunes désoeuvrés. Les poissons se faisant rares, très peu de jeunes Sénégalais de ce quartier envisagent de devenir pêcheurs comme leur père. Cependant, tous sont prêts à répondre l’appel du large.

Voici le premier témoignage d’un des trois jeunes Sénégalais, candidats malheureux à l’immigration clandestine, interrogés par IRIN.

Galass Lette, 26 ans

Galass Lette avait entendu beaucoup de témoignages sur les immigrants clandestins. Un jour il décida que le risque en valait la peine. A Tenerife, lui avait-on dit, il y avait des plantations de bananes à perte de vue. A défaut de travail dans les plantations, il pourrait trouver un emploi dans le bâtiment car en Espagne il y a toujours quelque chose à faire, lui avait-on expliqué.

Avec un travail, pensait-il, il pourrait aider sa mère en lui envoyant de l’argent. Et puis, il pourrait aller plus loin que les îles Canaries, lui qui avait toujours rêvé d’aller aux Etats-Unis.

« Quand les moyens de la mère sont limités, avec des enfants qui n’ont pas trop connu leur père, ça devient trop pesant pour l’aîné que je suis », explique-t-il. « Sans assurance au travail, il n’y a plus rien à faire. En plus, j’ai toujours voulu partir aux Etats-Unis, à défaut en Europe, pour y faire ma vie », fait-il remarquer.

Galass était au courant des départs qui se préparaient pour les îles Canaries, mais était sans le sou. Sa famille s’était cotisée et sa tante lui avait proposé 1 000 000 de francs CFA (environ 2 000 dollars américains) pour financer le voyage de trois personnes.

Galass a payé 400 000 francs CFA, et le reste de la somme a permis de payer les frais de voyage de son jeune frère et son cousin, candidats eux aussi à l’immigration clandestine. Avant de partir, explique Galass, les passeurs ont consulté un voyant pour s’assurer que le voyage se déroulerait dans de bonnes conditions.

« C’est le cas de tous les partants, chacun cherche à savoir si les conditions sont favorables. Mais on n’a pas consulté Internet pour connaître les conditions de la traversée », explique-t-il.

Malgré une traversée mouvementée, l’aventure de Galass et de ses compagnons s’est terminée sur l’archipel des Canaries.

« Les policiers espagnols nous étaient assez sympathiques », raconte Galass. « Ils disaient qu’ils préféraient que nous les Sénégalais nous restions travailler pour les aider à faire comme l’Italie qui a rattrapé son retard économique avec la main d’oeuvre clandestine. Dès que vous sortirez, nous disaient-ils, travaillez uniquement, ne vous mêlez pas aux choses louches et vous êtes des professionnels qualifiés pour réussir ».

Galass fait partie de la première vague des 99 Sénégalais rapatriés cette année. Ses compagnons d’infortune et lui ont embarqué à bord d’un avion pour, pensaient-ils, se rendre à Madrid ou Malaga, mais ils se sont retrouvés à Dakar.

« Le trajet était si long que l’on redoutait un coup fourré des Espagnols. Et c’était le cas », a-t-il déploré.

A leur arrivée au Sénégal, les rapatriés s’en sont pris aux autorités sénégalaises, explique Galass.
« Je ne leur fais plus confiance, surtout que leurs promesses sont restées sans suite. Le ministre de la Solidarité nationale nous promettait cinq millions. Les va-et-vient pour percevoir l’argent nous ont découragés ».

Le frère et l’oncle de Galass ont eu plus de chance. Partis après lui, ils vivent désormais à Barcelone. « D’ailleurs, ils ont fait leurs premiers envois d’argent pour qu’on leur fasse des prières et des offrandes afin de bénir leur séjour », confie-t-il.

Galass envisage de tenter à nouveau l’aventure, même si un de ses cousins est mort peut de temps après son arrivée en Espagne.

« Comment aider ma famille ? Et comment faire avec la tante qui a payé le voyage ? Rien ne peut me retenir ! J’attends un nouveau.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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