C’est la deuxième visite médicale que le Président Conté effectue en Suisse en l’espace cinq mois.
En mars dernier, le départ précipité et imprévu du président pour Genève avait suscité bien des interrogations sur son état de santé. Cette fois-ci, le voyage de M. Conté a officiellement été annoncé à la radio et à la télévision nationales.
« Le ministère d'Etat chargé des Affaires présidentielles informe que le président de la République a quitté Conakry dans la matinée de ce vendredi pour une visite privée en Suisse qu'il mettra à profit pour un contrôle médical », indique le communiqué du gouvernement.
Septuagénaire et ancien officier de l’armée, M. Conte est arrivé au pouvoir en 1984 à la faveur d’un coup d’Etat. Il souffre d’un diabète chronique et d’autres pathologies. De nombreux analystes pensent que la Guinée pourrait voler en éclats si le président venait à disparaître. Il laisserait un vide d’autant plus préjudiciable pour le pays que sa succession n’est pas assurée.
Malgré l’importance des ressources naturelles du pays, la Guinée est l’un des Etats les plus pauvres de la planète. Selon les statistiques des Nations unies, près de 54 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. En outre, avec un taux d’inflation d’environ 30 pour cent, le prix des produits de base ne cessent d’augmenter. Par exemple, au mois de juin, un sac de riz de 50 Kg coûtait un plus de la moitié du salaire mensuel d’un fonctionnaire, soit 25 dollars américains.
Les syndicats guinéens ont organisé deux grèves générales cette année pour protester contre la cherté de la vie. La plus récente, celle de du mois de juin, a duré neuf jours et a paralysé presque toutes les activités économiques du pays.
Les violents affrontements qui ont opposé les forces de l’ordre aux manifestants étudiants ont fait plusieurs morts. Les grévistes, qui exigeaient notamment une revalorisation des salaires des fonctionnaires et une réduction du prix du riz, des transports et du carburant, ont finalement obtenu gain de cause.
Les négociations entre le gouvernement et les partis politiques guinéens ont repris cette semaine, une condition de la Communauté internationale pour la reprise de son aide financière à la Guinée.
L’opposition avait déjà suspendu sa participation au processus de négociations pour protester contre les résultats des élections locales de décembre 2005, arguant que le scrutin a été entaché d’irrégularités.
Quinze partis sont représentés aux négociations boycottées par le principal mouvement de l’opposition, le Rassemblement du peuple de Guinée de Alpha Condé. Ces négociations visent à préparer les prochaines élections législatives de 2007. L’établissement des listes électorales, la délivrance gratuite de carte d’identité, la libéralisation effective des ondes et la mise en place d’une commission électorale indépendante seront les principales questions débattues au cours des négociations qui se poursuivront la semaine prochaine.
« Tout ce que nous ferons dans le cadre des préparatifs des élections sera fait en étroite collaboration avec l’opposition », a indiqué le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation.
Mais pour l’opposition, le point important des négociations est la réforme de la commission élection qui, selon elle, est essentiellement composée de membres du parti au pouvoir, le PUP – Parti de l’unité et du progrès.
« Nous pouvons négocier pendant des années, mais s’il n’y a pas une commission électorale indépendante, rien ne marchera », a déclaré Jean-Marie Doré, leader de l’UPG, l’Union pour le progrès de la Guinée.
Dans une interview accordée à IRIN le mois dernier, Mme Mbaranga Gasarabwe, coordonnateur du Système des Nations unies en Guinée a indiqué qu’il faudra maintenant si ces réformes inciteront les partenaires au développement à investir massivement dans ce pays d’Afrique de l’ouest.
« Nous nous battons actuellement pour que le gouvernement et la société civile garantissent le bien-être de la population. Cela passe par la mise en place d’une bonne politique et par un engagement du gouvernement à tout mettre en œuvre pour assurer une croissance économique », a-t-elle souligné.
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