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Extrait du journal intime d'un jeune Libérien à Beyrouth

Une cinquantaine de ressortissants libériens sont coincés dans Beyrouth. Il y a douze ans, beaucoup d’entre eux avaient trouvé refuge au Liban avec leurs conjoints libanais, fuyant la guerre civile du Libéria.
Le récit qui suit est basé sur le journal intime de Saide Chaar, un jeune Libérien de 25 ans qui se retrouve coincé avec 22 autres Libériens et Libano-Libériens dans une pièce d’un petit appartement de la banlieue de Jnah, au sud-ouest de Beyrouth.
27 juillet 2006 – Ce matin, nous avons pu joindre l’ambassadeur (du Liberia) à Chypre. Il nous a demandé de nous rendre à l’ambassade du Canada et dit qu’il allait les contacter pour qu’ils nous viennent en aide. Nous y sommes allés, mais malheureusement, ils nous ont fait comprendre qu’ils ne pouvaient aider que les ressortissants canadiens. L’ambassadeur nous a alors dit qu’il solliciterait aujourd’hui et demain l’aide de l’ambassade grecque.

Le propriétaire de l’appartement que nous occupons actuellement nous a demandé de partir parce que nous sommes trop nombreux dans cette pièce. Pour lui, quatre familles ne peuvent vivre dans un espace aussi réduit, nous sommes trop nombreux. Peut-être aussi qu’il cherche à augmenter le montant du loyer qui est actuellement de 200 dollars pour le faire passer à 400 dollars. De toute façon, nous n’avons (même) pas les 200 dollars puisque nous n’avons pas de travail.

Nous l’avons supplié de nous aider, mais il nous répond à chaque fois : « Désolé, ce n’est pas possible ».

Il nous demande de partir demain.

Mais nous sommes coincés puisque ne pouvons aller nulle part.

Depuis ce matin aucun avion n’a survolé la région, mais les bombardements continuent dans le sud. Les gens sont dans les rues – c’est fou! Ils ne savent pas où aller. La plupart d’entre eux dort dans les parcs du centre-ville de Beyrouth, exposée aux moustiques et sans toilettes. Ces gens sont tous des déplacés. Ils ne savent pas où aller. Plusieurs milliers de personnes ont fui le Sud Liban.

Il fait très chaud…très très chaud dans la pièce où nous trouvons. Et puis, de toute façon il n’y pas de courant… donc pas de ventilateur. L’appartement se trouve au rez-de-chaussée. Nous essayons de constituer une petite réserve d’eau qui tiendra jusqu’à demain matin. Pour les toilettes, on peut aller chercher l’eau chez les voisins.

Nous n’avons pas à manger. Et même la nourriture du bébé est terminée. Il va falloir sortir pour lui prendre des médicaments. Le soir, il se sent mal et fait de la fièvre. Les médicaments des personnes âgés sont aussi épuisés.

Actuellement, tout le monde est désespéré. Certains pleurent et se plaignent d’être sans travail, sans argent et avouent ne pas savoir à qui s’adresser. Il n’y a personne pour nous aider.

Au Liberia, nous étions chez nous. On savait se débrouiller et surmonter les difficultés (pendant la guerre). On savait comment se procurer de la nourriture. On pouvait faire du maraîchage. Là-bas, nous recevions une aide de l’ONU. On avait des rations – de la nourriture et tout ce dont on avait besoin…du maïs et du riz, par exemple.

Ici, personne ne nous aide. Nous sommes des étrangers.

Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Ce pays compte des milliers. Je ne comprends pas pourquoi ils n’en évacuent que quelques-uns. Nous sommes moins de cinquante Libériens dans ce pays. Je ne comprends donc pas pourquoi il est si difficile de nous aider.

N’importe qui aurait pu nous aider. Même les Nations unies – nous sommes des réfugiés dans ce pays. Les Américains auraient pu nous venir en aide. Ils auraient dû nous aider. Je suis allé les voir à leur ambassade en me disant que c’était le dernier recours et le dernier espoir que nous avions parce que les Américains ont beaucoup aidé les Libériens pendant la guerre civile au Liberia. Beaucoup de Libériens ont refait leur vie en Amérique. Ils sont partis par milliers. Malheureusement, lorsque nous sommes arrivés à l’ambassade américaine, personne ne pouvait nous aider. Ils nous ont dit qu’ils avaient déjà évacué leurs ressortissants.

Il est 19 heures et nous ne savons pas à qui nous adresser pour obtenir de l’aide. J’ai sommeil et je demande au Bon Dieu de m’aider à m’en sortir. Je n’ai rien mangé de la journée nous attendons de voir de quoi la prochaine nuit sera faite.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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