Les rebelles, qui ont attaqué deux camps militaires à Kidal et une autre garnison à Menaka, plus au sud, se sont enfuis à bord de véhicules en apportant des armes et des munitions. Pour ramener le calme et renforcer la sécurité dans cette ville de l’extrême nord du Mali, coincée entre l’Algérie et le Niger, le gouvernement y a dépêché d’importantes troupes de l’armée régulière.
« La situation est sous contrôle mais il n’y a aucune activité dans la ville », a déclaré à IRIN le directeur de cabinet du Gouverneur de Kidal, Yaya Dolo.
Selon le communiqué publié mercredi en fin de journée par le ministère de la Défense, « l’attaque des camps N° 1 et 2 de la ville de Kidal, qui avait été rendue possible grâce à des défections et des complicités, a pris fin ».
« A l’heure actuelle, toute la localité de Kidal est entièrement sous le contrôle des forces armées », précise le communiqué signé du secrétaire général du ministère, le général Abdou Karim Diop.
Les rebelles touaregs, dont certains seraient des déserteurs de l’armée qui se battent pour améliorer le sort des populations de leur région, ont attaqué à l’aube des garnisons militaires et circulaient en ville à bord de véhicules équipés de mitrailleuses. Selon certains habitants, des échanges de tirs à l’arme lourde ont eu lieu toute la matinée et de manière plus sporadique en fin de journée.
Pour Nouhoum Togo, porte-parole du ministère de la Défense, il est impossible pour le moment de se prononcer sur le nombre de victimes.
Encore terrifiés, les habitants de Kidal n’osent pas se hasarder dehors.
« La psychose demeure et les gens sont hantés par la peur », a affirmé Assori Aicha Belco Maiga, présidente d’une association de promotion de la femme. « Dieu merci, nous n’avons enregistré aucune victime civile ».
Pour Mme Maiga, l’instigateur de cette attaque est connu. C’est Hassane Fagaga – un Touareg – avec une bande d’ex-rebelles et des éléments qui ont été intégrés dans l’armée malienne.
Dans une déclaration à l’ Agence France-Presse (AFP), le porte-parole « Ahmed » a revendiqué la responsabilité des attaques au nom du Lieutenant-Colonel Fagaga, un ex-rebelle qui avait intégré l’armée dans le cadre d’un accord de paix avant de faire désertion cette année.
« Nous ne voulons pas la guerre », a déclaré à l’AFP un porte-parole des rebelles. « Ce qui est important, c’est que le gouvernement engage tout de suite des négociations … Notre région est pauvre et nous voulons qu’on la développe vite », a-t-il précisé. « Nous avons aussi des problèmes d’intégration au sein de l’armée malienne ».
A début des années 1990, la région désertique du nord du mali a été le théâtre d’une rébellion armée menée par des Touaregs, un groupe ethnique qui représente six pour cent des 14 millions d’habitants que compte le pays. Cette rébellion avait fait plusieurs centaines de morts et quelque 150 000 réfugiés. Et malgré l’accord de paix conclu en 1991, la région a connu des troubles sporadiques jusqu’au milieu des années 90.
Mardi, le Président malien Amadou Toumani Touré a lancé un appel au calme.
« Ceux qui ont aujourd’hui attaqué le poste militaire à Kidal ne doivent pas être confondus avec nos autres compatriotes tamacheks et autres qui vivent avec nous nos difficultés, qui ont choisi le Mali et la loyauté et qui ont les mêmes droits que nous ».
L’accord de 1991 ayant mis fin à la rébellion touareg mentionnait notamment une réinsertion des ex-rebelles dans l’armée et dans la vie civile, ainsi qu’un renforcement de l’éducation et des structures de soins de santé dans le nord-est et l’est du pays, en particulier.
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