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Charles Taylor comparaît devant le TSSL et plaide non coupable

[Liberia] Liberian President Charles Taylor. AP
President Charles Taylor has promised to step down next Monday
En comparaissant lundi devant le Tribunal Spécial pour la Sierra Leone (TSSL), l’ex-Président libérien Charles Taylor a plaidé non coupable pour les onze chefs d’inculpation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, et indiqué qu’il ne reconnaissait la compétence du TSSL.

« Je n’ai pas et je ne peux pas avoir commis ces actes contre la république sœur de Sierra Leone », a déclaré Charles Taylor, vêtu d’un costume sombre, d’une chemise blanche et d’une cravate rouge.

« Je suis convaincu qu’il s’agit d’une tentative pour continuer à diviser et diriger le Liberia et la Sierra Leone et de la façon la plus catégorique, je plaide non coupable », a-t-il ajouté.

Pendant près de trente minutes, la Cour a fait lecture des chefs d’inculpation dont ceux de complicité de meurtre, de viol en réunion, d’esclavage sexuel, de mutilation, et de conscription d’enfants pendant la guerre de Sierre Leone, de 1991-2002. Tout au long de la lecture de ces charges, Charles Taylor est apparu tendu, bougeant sans cesse sur son siège et serrant nerveusement ses mains.
Puis, au juge qui lui a demandé à trois reprises s’il a compris les charges qui sont retenues contre lui, M. Taylor a répondu par l’affirmative.

« Le peuple sierra léonais a attendu patiemment pendant trois ans pour voir l’accusé comparaître devant la Cour », a déclaré lundi le procureur du TSS, Desmond de Silva, dans son préambule.

Mais avant de plaider non coupable, M. Taylor a indiqué qu’il souhaitait faire part à la Cour de ses préoccupations concernant les conditions de son arrestation et sa comparution devant le TSSL.
« Pour moi, il ne s’agit pas de savoir si je plaide coupable ou pas, parce que je ne reconnais la compétence de cette Cour », a lancé l’ex-Président libérien.

L’avocat commis d’office pour M. Taylor a ensuite fait savoir à la Cour que son client « souhaitait être jugé en Sierra Leone et nulle part ailleurs ».

Le Tribunal Spécial pour la Sierra Leone, qui siège à Freetown, la capitale, est la première Cour de justice internationale chargée de juger des crimes de guerre dans le pays où les atrocités ont été commises. Mais jeudi dernier, la veille de l’arrestation de M. Taylor, les autorités du TSSL, évoquant des raisons de sécurité, ont demandé que le procès de l’ex-Président du Liberia soit organisé dans les locaux de la Cour pénale internationale de la Haye, aux Pays-Bas.

Pour certains Sierra Léonais, ce ne serait que justice si M. Taylor était jugé dans le pays qu’il a contribué à ruiner, selon l’accusation, en pillant ses diamants en échange d’armes de guerre destinées au mouvement rebelle du Front uni révolutionnaire (RUF).

Mais beaucoup d’autres saluent la demande de délocalisation du procès hors d’Afrique, craignant que sa tenue en Sierra Leone ne déstabilise un pays où la paix est en encore fragile et une région où M. Taylor dispose encore d’un réseau de partisans.

Charles Taylor qui, à en croire le Procureur M. de Silva, est un « spécialiste de l’évasion », s’est déjà évadé d’une prison aux Etats-Unis et a failli échappé aux autorités nigérianes la semaine dernière après que le Nigeria ait informé le Liberia qu’il « était libre de récupérer et d’incarcérer » l’ancien Président libérien.

Et faisant écho aux sentiments exprimés par les auditeurs dans de nombreuses émissions radio en direct, l’avocat sierra léonais James Blyden Jenkins Johnston a confié ses impressions à un journal local.
« S’il vous plaît, transférez M. Taylor ailleurs pour le juger. Ne perturbez pas à nouveau notre paix ».

La Cour pénale internationale (CPI) n’a pas encore répondu officiellement la demande du TSSL et le Conseil de sécurité de l‘ONU étudie actuellement une résolution pour le transfert du procès.

« Ce jour marque une étape importante dans l’administration de la Cour de justice », a déclaré M. de Silva. « Ceux qui ont commis des atrocités et violé la loi humanitaire internationale devront rendre des comptes ».

« Que vous soyez riche, puissant ou craint, personne n’est au-dessus de la loi ».

Quelques instants après la comparution de Charles Taylor devant la Cour, David Crane, ancien procureur du TSSL a déclaré sur la chaîne américaine CNN que la brutalité des exactions commises à l’encontre des civils sierra léonais dépassait l’entendement et que des enfants soldats avaient été transformés en « véritables montres ».

« Dans mon préambule, j’avais demandé à la Cour d’être prête à imaginer l’inimaginable ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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