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Le gouvernement accuse le Soudan après les nouvelles attaques dans l'Est du Tchad

[Chad] Chadian soldiers patrol dirt roads near the Sudanese border. [January 2006] Claire Soares/IRIN
Une patrouille de l'armée tchadienne près de la frontière avec le Soudan
Les violents combats qui se sont déroulés dans l'Est du Tchad entre l’armée tchadienne et des forces rebelles, qui bénéficieraient du soutien du Soudan voisin, ont fait des dizaines de morts, dont le chef d’Etat-major de l’armée de terre, le Général Abakar Youssouf Mahamat Itno, ont annoncé vendredi les autorités tchadiennes.

Le gouvernement a accusé le Soudan d’être à l’origine des accrochages de jeudi, indiquant que des groupes armés et des miliciens janjawid soudanais ont lancé une attaque contre les positions des soldats de l’armée tchadienne, près de la frontière avec la région instable du Darfour, provoquant le déplacement de milliers de civils.

Les travailleurs humanitaires présents dans la région ont exprimé leur inquiétude face à cette violence qui pourrait gravement compromettre l’aide humanitaire apportée à plus de 250 000 réfugiés soudanais et déplacés tchadiens.

Selon le ministre tchadien des Affaires étrangères, Ahmad Allam-mi, des miliciens Janjawid et des « mercenaires tchadiens » ont attaqué des localités proches des villes d’Ade et de Moudeina.

Vendredi, le ministre de l’Administration du territoire Mahamat Ali Abdallah Nassour a, au cours d’un point de presse dans la capitale N’djamena, déclaré que les forces gouvernementales avaient « repoussé vigoureusement » l’attaque des assaillants. Le gouvernement a déploré la mort du chef d’Etat-major de l’armée de terre qui était le neveu du Président Idriss Déby, a-t-il ajouté.

Dix soldats tchadiens ont été tués et une cinquantaine d’autres blessés, au cours des combats qui aurait fait une centaine de morts chez les assaillants, a indiqué M. Allam-mi, qui a ajouté que les rebelles se seraient enfuis vers le Soudan, le nombre de blessés dans leur rang n’étant pas connu.

Dans le communiqué de presse qu’il a fait paraître sur Internet, le groupe rebelle du Front uni pour le changement démocratique indique que 400 soldats gouvernementaux ont été tués, ont été fait prisonniers ou ont déserté.

S’adressant à la communauté internationale pour qu’elle appelle Khartoum à faire preuve de retenue dans la région, Allam-mi a déclaré:

« Nous demandons à la Communauté internationale, au Président en exercice de l’Union africaine (UA), M. Denis Sassou Nguesso, au Président de la Commission de l’UA, M. Alpha Oumar Konaré et au Guide libyen, Muammar Gaddafi, d’appeler le Soudan à respecter ses engagements ».

« Nous dénonçons fermement cette violation de l’accord signé par le Tchad et le Soudan en Libye le 8 février 2006 », par lequel le Soudan s’engageait à contrôler les milices janjawid et les rebelles tchadiens, a-t-il indiqué.

C’est la deuxième fois ce mois-ci que le gouvernement tchadien accuse publiquement le Soudan d’avoir violé cet accord en autorisant des incursions de rebelles à partir du territoire soudanais.

Le Président tchadien Idriss Deby et son homologue soudanais Umar al-Bashir s’étaient rencontrés en Libye en février dernier. A cette occasion, els deux chefs d’Etat avaient pris une série de mesures pour rétablir la paix dans la région en interdisant notamment toute activité de forces rebelles sur leur territoire respectif.

Selon un analyste, les incidents de jeudi indiquent bien qu’il y a de sérieux problèmes au sein de l’armée tchadienne qui a enregistré depuis octobre dernier des vagues successives de désertions de soldats et d’officiers supérieurs.

« Le fait que le chef d’Etat-major de l’armée de terre ait été si exposé souligne que les structures de commandement doivent déjà être sérieusement ébranlées », a confié Chris Melville, spécialiste Afrique à Global Insight, un groupe de réflexion basé à Londres.

Les récentes attaques font des milliers de déplacés et menacent l’action des organisations humanitaires

Le gouvernement dit que les récents incidents ont contraint près de 4 000 civils tchadiens à fuir leurs domiciles. Ils s’ajoutent aux 30 000 civils qui ont été déplacés à la suite des incursions répétées dans l’Est du Tchad.

« La population de cette région a toujours été victime de ces mercenaires tchadiens et des milices soudanaises », a déclaré M. Allam-mi.

L’Est du Tchad a souvent été le théâtre de violence liée à la guerre dans la région du Darfour, à la frontière soudanaise, où des groupes rebelles tchadiens se sont installés ces derniers mois.

Selon les agences humanitaires, il est difficile d’évaluer le nombre de civils tchadiens déplacés à la suite des récents incidents dans la région Est du Tchad – qui accueille déjà près de 207 000 réfugiés soudanais -, mais à en croire un travailleur humanitaire présent dans la région, aux moins 25 000 Tchadiens auraient fui leurs domiciles.

Pour des raisons de sécurité, une équipe de travailleurs humanitaires s’est récemment retirée de la ville d’Ade, a indiqué Nicolai Panke, responsable adjoint de la délégation du Comité international de la Croix rouge au Tchad.

« Nous avions à Ade une équipe qui participait à la construction et à la réparation de puits. Par mesure de précaution, nous avons dû la faire partir jeudi », a-t-il précisé, expliquant qu’aucun travailleur humanitaire n’avait été menacé, mais que le renforcement de la présence militaire dans la région ces derniers jours avait suscité quelques inquiétudes.

Selon un collaborateur de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les récents incidents n’ont pas bloqué la poursuite des actions humanitaires. Toutefois, une extension du conflit à d’autres régions du Tchad pourrait poser problème.

« Aucune agence des Nations unies ou organisation humanitaire n’a été contrainte d’évacuer son personnel de ses zones d’opérations, parce que jusqu’ici, le conflit touche une région assez éloignée », a fait remarquer Matthew Conway, le chargé d’information du HCR présent à Abéché, dans l’Est du Tchad.

« Mais si la situation évoluait, et si le conflit se déplaçait vers l’ouest, les Nations unies et les agences humanitaires partenaires s’inquiéteraient pour le bien-être des réfugiés soudanais, des déplacés tchadiens et des centaines des travailleurs humanitaires qui ne ménagent aucun effort pour aider ces populations ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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