Accusé de crimes contre l’humanité, M Habré a été placé en détention préventive à Dakar, la capitale sénégalaise, après son audition par la chambre d’accusation chargée d’examiner la demande d’extradition émise à son encontre par un tribunal belge.
Tout de blanc vêtu et d’un air solennel, Habré a salué à sa sortie la foule massée devant la Cour de justice. Il a ensuite été emmené vers une destination inconnue, escorté par un groupe d’hommes en uniforme. Son avocat n’a pas voulu faire de commentaires.
La chambre d’accusation sénégalaise dispose de sept jours pour décider de son extradition vers la Belgique.
Si elle juge recevable la demande du tribunal belge, le président Abdoulaye Wade devra signer le décret d’extradition.
Au cours des dernières semaines, le gouvernement sénégalais a subi de fortes pressions de la part d’organisations nationale et internationale de défense des droits de l’homme pour exiger l’extradition l’ancien président tchadien. Mais les victimes des prétendues atrocités qu’il aurait commises et leurs avocats restent modérément optimistes sur la suite de cette arrestation tant attendue.
Jacqueline Moudeina, l’avocate des victimes de torture au Tchad a déclaré à IRIN que l’extradition d’Habré constituerait un message fort pour le Tchad et toute l’Afrique.
« Son extradition ouvrira la voie à la poursuite de tous les dictateurs sanguinaires » a-t-elle expliqué depuis N’djamena, la capitale tchadienne.
Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, date à laquelle il a été renversé par le président actuel, Idriss Deby.
En 1992, une Commission réconciliation et vérité a accusé le régime de M. Habré d’être responsable d’au moins 40 000 actes de torture et d’assassinat politique.
En 2000, une cour de justice sénégalaise avait inculpé M. Habré de torture et de crimes contre l’humanité, mais peu après, la Cour suprême du Sénégal avait conclu qu’il ne pouvait être poursuivi pour des crimes commis dans un autre pays.
En 2001, des victimes tchadiennes vivant en Belgique ont déposé une plainte contre M. Habré. Mais le 19 septembre dernier, un tribunal belge a émis un mandat d’arrêt international contre Hissène Habré en vertu de la loi belge de " compétence universelle " qui permet aux juges de poursuivre les responsables des crimes contre l’humanité quelque soit le lieu où ils ont été commis.
« Ce n’est pas fini », a déclaré Reed Brody de Human Right Watch, qui, depuis un an, travaille pour les victimes. « Mais il semble qu’il a été finalement rattrapé par justice ».
Selon Moudeina – qui a porte encore dans sa chair quelques éclats de grenade après l’attaque dont elle a été victime en 2001 et qui aurait été commanditée par un proche de M. Habré - « s’il est finalement jugé, cela signifiera la fin de l’impunité en Afrique et au Tchad en particulier ».
« Après tout, notre combat est un combat contre l’impunité ».
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions