Des ex-combattants de la guerre civile du Liberia - notamment un adolescent de 13 ans – ont confirmé à HRW ce mois-ci qu’ils ont été approchés par des agents recruteurs libériens et ivoiriens qui leur ont proposé de les « enrôler dans une unité de combat pour le compte du gouvernement de Cote d’Ivoire », a révélé l’organisation dans son communiqué.
« La communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour s’assurer que ces enfants sont démobilisés et poursuivre en justice ces agents recruteurs », a indiqué Peter Takirambudde, responsable de la cellule Afrique à HRW.
Ces accusations ont été rejetées par le gouvernement ivoirien.
Considérée autrefois comme un modèle de stabilité en Afrique de l’ouest, la Côte d’Ivoire est coupée en deux depuis la tentative avortée de coup d’Etat de septembre 2002, le nord du pays étant contrôlé par les forces rebelles et le sud, tenu par les forces loyalistes.
Avec le report des élections présidentielles et le mécontentement de l’opposition et des forces rebelles face à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de prolonger d’un an le mandat du président Laurent Gbagbo, une reprise des hostilités est à craindre après le 30 octobre, date prévue initialement pour la tenue du scrutin présidentiel.
Dans ce climat, HRW publie un rapport sur les activités d’agents recruteurs qui travaillent, de part et d’autre de la frontière, en proposant des sommes d’argent et des vêtements à de jeunes Libériens pour les inviter à se battre aux côtés des forces gouvernementales en Côte d’Ivoire.
Le Liberia est sorti de 14 années de guerre civile en 2003 et les espoirs d’une population assoiffée de changement reposent désormais sur le résultat du prochain tour des élections présidentielles qui se tiendra le mois prochain.
Parmi les personnes interrogées par HRW figurent quelques-uns des 100 000 ex-combattants libériens. Pour la plupart, ils se sont inscrits à un programme d’éducation ou de formation depuis la fin de la guerre, mais dans un pays ou le taux de chômage est d’environ 85 pour cent, les choix sont limités.
« Je n’ai pas d’argent au Liberia et si je reste dans ce pays je serai probablement amené à voler ou à commettre de mauvais actes », a confié à HRW un jeune adolescent de 14 ans.
« Je ferai mieux d’aller en Côte d’Ivoire et à mon retour je pourrai aller à l’école. Je sais que cela me rapportera quelque chose ».
Mais pour Denis Glofiei Maho, responsable des Forces de résistance du grand ouest – la coalition des quatre milices pro-gouvernementales qui contrôlent l’ouest de la Côte d’Ivoire - ces allégations sont fausses.
« Nous n’avons jamais eu recours aux soldats libériens ici ; nous sommes assez forts », a commenté M. Maho.
Le gouvernement ivoirien a aussi catégoriquement démenti les allégations du HRW.
« En ce qui nous concerne, la guerre est terminée et nous sommes dans un processus diplomatique où tous les facteurs plaident en notre faveur », a indiqué le porte-parole du président, Désiré Tagro. « Pourquoi donc recruterions-nous des enfants au Liberia ? Ce la n’a pas de sens ».
Mais ces accusations de recrutements transfrontaliers ne sont pas nouvelles.
Il y a trois ans,lorsque la guerre a éclaté en Côte d’Ivoire, des ivoiriens habitants la zone frontalière avaient affirmé que les gouvernement et les rebelles jouaient sur les liens ethniques avec les communautés libériennes pour renforcer rapidement et à moindre coût leurs effectifs militaires.
Et le rapport du HRW rappelle également deux autres périodes de recrutement intense au cours des douze derniers mois – en octobre, quelque temps avant l’offensive majeure du gouvernement contre les positions des rebelles dans le nord, et en mars, avant l’ouverture des négociations à Pretoria, en Afrique du Sud.
Selon le tribunal pénal international le recrutement d’enfant de moins de 15 ans est considéré comme un crime de guerre.
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